- Bundeslia
- 4e journée
- Hambourg/Dortmund (3-2)
Hambourg se paye le Borussia Dortmund
Au cours d’un match rythmé du début à la fin, le Hambourg SV a fini par battre un Borussia encore un peu fatigué de sa campagne européenne. Le club de la Hanse inscrit ses trois premiers points de la saison de la plus belle des manières et met fin à la belle série d’invicibilité du BVB.
Hambourg SV – Borussia Dortmund : 3-2
Buts : Son (2e et 59e) et Iličević (55e) pour le HVS. Perišić (46e et 60e) pour le BvB.
« Kein Zwanni für nen Steher! » « Pas de billet de 20 euros pour une place debout! » Les supporters de Dortmund ont la haine. Eux qui estiment que le football doit être un spectacle payant, ils trouvent ça juste abusé que Hambourg augmente autant le prix de ses places les moins chères (les places debout, donc) pour les chocs de la saison, jusqu’à dépasser les deux billets de 10. Alors, sur les 7000 qui se sont pointés dans la ville de la Hanse, un millier d’entre eux a décidé de suivre le match de l’extérieur de l’Imtech Arena. Tant pis. L’initiative « Kein Zwanni » , soutenue à travers toute l’Allemagne, est née à Dortmund. Il faut donc savoir rester fidèle à ses principes. Même si pour certains, cela signifie faire 700 kilomètres aller-retour pour regarder un match sur un écran géant.
Gangnam style
D’habitude, Dortmund se sent à la maison quand il vient rendre visite au HSV. D’une, parce qu’il existe une amitié entre les fans des deux équipes (tout comme entre ceux de Schalke et de Nuremberg, ou encore entre ceux du Bayern et ceux de Bochum), mais aussi parce que les Schwarzgelben aiment, par moments, à prendre leurs aises sur les bords de l’Elbe. Il n’y a qu’à voir la saison dernière, quand deux doublés polonais (Lewandowski et Kuba), ainsi qu’un pion de Großkreutz avaient fait voler un pauvre HSV en éclats. Les Hambourgeois faisant pour le moment aussi pitié que l’an dernier, le double champion en titre s’est donc dit que ça allait le faire. Surtout que maintenant, Dortmund, c’est du lourd, ça gagne en Ligue des champions, attention. Mouais. Du moins ne faudrait-il pas oublier de se concentrer dès que le référé siffle le début du match. Rafael van der Vaart, l’espoir de tout un Land, de tout un peuple, file côté gauche, lève la tête et centre. Hummels est trop court, Heung Min Son reprend de la tête et fait chavirer le stade. 1-0 pour Hambourg au bout de moins de deux minutes de jeu. Pour la première fois de la saison, le HSV mène au score. Deuxième but de la saison pour le Sud-Coréen qui, tel un Alain Traoré, inscrit généralement ses buts en début de saison. Une sorte de tube de l’été. Appliqué à la Corée du Sud, ça donnerait : Gangnam Style.
Dortmund, qui n’a pas l’habitude de se faire malmener, est légèrement sonné. Tout de suite, les ouailles de Klopp se reprennent. Mais la machine n’est pas encore rodée. Le positionnement de Götze et de Reus n’est pas encore au point, et un Leitner peut difficilement remplacer un Gündogan grippé. Toutefois, Dortmund reprend petit à petit le contrôle de la rencontre et s’installe dans le camp hambourgeois. Mancienne manque tromper Adler d’une tête en arrière, et Piszczek envoie un boulet de canon dans la foulée qui finit à ras du poteau (12e). Dortmund attaque sans relâche, mais est trop maladroit dans le dernier geste. Et celui d’avant, aussi. Voire celui d’encore avant. Bref, c’est un BvB maladroit, encore marqué par son match de C1. Un BvB qui manque parfois de se faire sanctionner, comme par ce ciseau de Rudnevs qui finit à côté des bois de Weidenfeller (35e). Compact derrière, réaliste devant, le HSV rejoint les vestiaires avec un avantage au score mérité.
Une deuxième mi-temps complètement folle
Du coup, le Borussia est obligé de réagir très vite, peu importe ce qui se passe à Gelsenkirchen, où Schalke et le Bayern s’affrontent. Et la réaction jaune et noire ne se fait pas attendre. Elle est chanceuse, certes, mais elle ne se fait pas attendre : on joue depuis à peine 20 secondes en deuxième mi-temps et voilà que Perišić adresse un centre… qui finit directement dans les cages d’Adler. Un centre-tir, et même pas fait exprès. Du coup, ça réveille les 6000 fans du Borussia, dont on entend distinctement les chants : « Ole, ole, ole / Nur der BVB / Unser ganzes Leben / Unser ganzer Stolz » (Ole, ole, ole / Seulement le BVB / Toute notre vie / Toute notre fierté). Seulement, le Dinosaure de la Bundesliga ne l’entend pas de cette oreille. Il veut rester en Bundesliga, il veut offrir du bonheur à ses fans. Et la tête du Borussia Dortmund sur un plateau, ce serait un magnifique cadeau de réconciliation. Alors les Hambourgeois poussent, et Van der Vaart, revenu parmi les siens, s’annonce comme le messie. Et hop, une passe de filou entre trois joueurs pour lancer Iličević (hors-jeu, pas hors-jeu ?) et le Croate s’en va fusiller Weidenfeller (55e). L’Imtech Arena chavire et explose complètement quand, quelques minutes plus tard, Son ajuste le malheureux portier du Borussia sur une magnifique frappe du gauche (59e).
36 matchs sans défaite
On croit que c’est plié, mais non. Le BVB réagit immédiatement, et 58 secondes plus tard, Perišić réduit le score à 3-2. Dortmund repart de plus belle. Du côté du HSV, l’attaque estime qu’elle a fait son job, à la défense de bosser un peu plus. Surtout que Klopp a décidé de jouer le tout pour le tout, en faisant rentrer Kuba et Schieber à la place de Kehl et Reus. En gros, comme vrai défenseur, il ne reste plus que Subotić. Tout le reste est devant. Alors Adler entre en scène. Lui qui s’était pris une banane par son club formateur, le Bayer Leverkusen, a promis de revenir plus fort encore. Et ça passe par de multiples parades. Devant Kuba (65e), Perišić (67e) ou même Götze (70e), quand Schieber ne reprend pas correctement le ballon (78e). Le HSV tient bon et finit par l’emporter. L’équipe de Thorsten Fink signe là ses trois premiers points de la saison, et de la plus belle des manières : en stoppant la belle série de 31 matchs sans défaite en Bundesliga du BvB. Du coup, le Borussia devra encore patienter avant de battre la série ultime, celle de 36 matchs, détenue par…le HSV. Et oui, c’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace.
Par Ali Farhat