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Hákon Haraldsson, frisson en Nord
Cinq fois buteur lors de ses premières apparitions sous le maillot lillois, Hákon Haraldsson, plus gros investissement du LOSC lors de ce mercato estival, a des arguments pour être l’un des joueurs à ne pas trop quitter des yeux lors de la saison de Ligue 1 qui arrive.
Ça a débuté par une passe ratée et un ballon perdu au beau milieu du rond central du Parken, à Copenhague. Puis Pep Biel a décalé Kevin Diks en une touche, avant que ce dernier ne trouve Jonas Wind sur sa droite. Là, un ado avec une coupe au bol s’est alors agité une première fois, venant connecter deux de ses coéquipiers à l’aide d’une subtile talonnade. On l’a ensuite retrouvé moins de cinq secondes plus tard, à quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol, pour couper du casque un centre venu de la gauche. Tout a été très vite pour l’équipe invitée du jour – le Vejle BK – et pour le jeune intéressé, seulement âgé de 18 ans, haut de 180 centimètres et invité dans le onze titulaire du FC Copenhague pour la première fois de sa vie. « Je crois que c’est mon premier but de la tête depuis un match de U13, a-t-il soufflé dans la foulée. D’ailleurs, je ne sais même pas comment et pourquoi j’ai sauté aussi haut. » Peu importe, au fond, le pourquoi du comment d’un premier but chez les pros. Ce qu’il faut savoir est que le 31 octobre 2021, Hákon Haraldsson a fait décoller sa première foule et collé ses premiers frissons.
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Ce qu’il faut surtout retenir est qu’il ne s’est pas arrêté à ce premier coup de fusil, traînant rapidement une réputation flatteuse derrière ses pompes et attirant un paquet de nouveaux regards curieux tout au long d’une saison 2022-2023 qui aura fait pour de bon basculer la réputation de l’Islandais (2316 minutes avalées toutes compétitions confondues, troisième joueur de l’effectif copenhaguois au nombre de matchs disputés, des prestations intéressantes en C1 face à Dortmund, City et au Séville FC). Une nouvelle étape était forcément attendue, et c’est ici que le cas d’Haraldsson, qui ne cachait pas son désir de se frotter à un niveau supérieur, devient d’autant plus intéressant, car c’est en Ligue 1 que le bonhomme a décidé de venir faire ses étincelles avec le maillot du LOSC.
Enfant des city stades et talent hybride
L’information a été officialisée le 17 juillet dans la soirée et il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir le natif d’Akranes en action sur un gazon. Peu bavard, mais séduit par le souhait de Paulo Fonseca de voir ses ouailles cavaler « partout, tout le temps », Hákon Haraldsson s’est mis en short deux jours après son débarquement en France lors d’un amical contre Dunkerque (3-1, entrée pour les 30 dernières minutes), samedi dernier lors du passage à la moulinette du Cercle Bruges (7-2, titulaire, triplé) et mercredi face au Havre (3-2, titulaire, doublé). Entre les mailles du projet de jeu d’un Paulo Fonseca qui s’avance vers sa deuxième saison française avec de grosses ambitions et une volonté toujours intacte d’imposer un football porté par une « forte identité », pensée autour de sorties de balle couillues, de combinaisons axiales courtes, d’un haut taux de possession de balle et d’un pressing haut et féroce, le néo numéro 7 des Dogues, suivi depuis plus d’un an et qui a été testé dans différentes zones depuis le début de sa carrière, a vite trouvé son rôle : celui de deuxième numéro 10 dans le 4-2-2-2 nordiste.
Principalement utilisé en faux 9 au Danemark, Haraldsson, nourri aux city stades et aux terrains indoor qui ont révolutionné le foot en Islande, a parfois été décalé sur un côté ou même reculé d’un cran, où il a quasiment toujours réussi à étaler sa qualité technique, sa première touche bluffante, son calme et sa capacité supérieure pour décrypter les espaces ouverts au sein des blocs adverses. L’international islandais (11 sélections) est évidemment loin d’être un produit fini. Il risque d’avoir besoin d’un temps d’adaptation face à l’intensité et à la réduction du temps de décision en Ligue 1, puis doit gommer le déchet dans plusieurs facettes de son jeu (ses dribbles, le choix de zones de ses centres), mais il a aussi la créativité, le sens du décrochage, un bon flair pour le timing de ses appels et des qualités d’esquive qui font à coup sûr de lui l’un des types à surveiller pour la saison qui arrive. C’est, en tout cas, le message qu’ont aussi fait passer ses trois premières balades avec Lille, marquées par quelques erreurs logiques, mais également par un triplé claqué face à Bruges et un doublé face au HAC.
Le 1-4-2-2-2 du LOSC qui, à la sortie de balle, s’est organisé ainsi avec Haraldsson (point jaune) positionné sur la même ligne que Cabella, juste devant un duo André-Baleba, alors qu’Ounas et David (en bas à gauche) écartent au maximum.
Cette organisation permet de varier les sorties de balle, et Haraldsson a alors été trouvé dans différentes situations, comme ici, au départ du 2-0 face à Bruges, par Aleksandro…
… avant de tourner le jeu vers Tiago Santos…
… et de se retrouver, au bout du mouvement, à la conclusion.
On a aussi vu l’Islandais utile un cran plus haut en étant un relais pour André…
… afin de placer Cabella face au jeu.
Cette version d’Haraldsson, au point A et au point Z d’une action, est assez familière. Exemple avec ce but marqué sur la pelouse du Randers FC, où il vient d’abord décrocher pour connecter ses centraux…
… puis enclencher un appel dans l’espace ouvert par le déplacement d’un coéquipier avant d’être touché en profondeur par Rasmus Falk…
… et de conclure froidement.
Droitier, plutôt solide au duel, capable d’accélérer le rythme et le plus souvent investi à la perte, Hákon Haraldsson, dont le frère a également été recruté (les deux opérations sont indépendantes), va avoir pour première mission de remplacer Jonathan Bamba, non conservé par le LOSC et parti cet été au Celta Vigo. Cela semble dans ses cordes. La seconde mission va être d’aider sa nouvelle troupe à régler des soucis d’efficacité offensive qui ont coûté cher la saison dernière (65 buts marqués pour 74.23xG). Au cours de sa présentation à la presse, le président lillois, Olivier Létang, qui a bastonné pour finaliser un deal qui n’a pas été si simple (le chèque final a atteint les 12 millions d’euros, hors bonus), a répété vouloir « des joueurs avec de la personnalité, du sang, et Hákon a ça en lui. Il colle parfaitement au modèle de jeu, et dès les premières séances, Paulo a dit qu’il matchait parfaitement avec ce qu’on veut faire et a souligné son intelligence. » Ce n’est que les toutes premières impressions et les toutes premières foulées, mais ce talent hybride, sorte de croisement entre un 10, un 8, un ailier et un faux 9 (ce qui lui vaut d’être parfois comparé à Antoine Griezmann, et pas que pour sa teinture peroxydée), dont les idées peuvent offrir un temps d’avance précieux à ses équipes, prouve assez depuis l’automne 2021 pour qu’on ait envie de suivre sa nouvelle aventure.
Par Maxime Brigand