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Hadžibegić : « Au Monténégro, Jovetić est notre Messi »
Sélectionneur du Monténégro depuis juillet 2019, Faruk Hadžibegić a mis de côté son passé d’entraîneur du Red Star pour se concentrer pleinement sur une chose : remettre une équipe nationale à la dérive dans le droit chemin pour le Mondial au Qatar. Leader du groupe 1 de la Ligue C à l'heure de recevoir le Luxembourg, l’ancien libéro est en train de remporter son pari. Entretien.
Bonjour Faruk ! Grâce au succès contre l’Azerbaïdjan ce week-end (2-0), vous êtes leaders de votre poule grâce à un parcours parfait : trois victoires en trois matchs. Comment expliquez-vous cette situation ? D’abord, j’ai pu bénéficier d’une équipe très souvent au complet. Durant la période des qualifications, nous avions beaucoup de blessés et cela nous compliquait la tâche. Mais avec Stefan Jovetić et Stefan Savić, les deux patrons du vestiaire, je parviens à mettre quelque chose de plus concret en place. Quand j’ai les meilleurs joueurs à disposition, nous devenons un adversaire coriace, difficile à battre car j’ai du choix avant de démarrer un match. Je suis très satisfait de cela, car nous marchons bien en ce moment : il y a eu l’Azerbaïdjan à domicile, mais aussi Chypre et le Luxembourg à l’extérieur. Ces victoires en déplacement sont un bon indicateur de notre montée en régime. Si nous pouvons gagner à domicile face au Luxembourg, ce serait une très bonne nouvelle, car nous pourrions directement nous qualifier pour la prochaine Coupe du monde.
C’est votre objectif majeur à la tête de cette sélection ? Mon prochain objectif, c’est simplement le match face au Luxembourg. Je ne pense pas au reste, car cela ne sert pas à grand-chose. Pour ce match-là, je dois tout de même composer avec sept absences : deux à cause de suspension, trois à cause du coronavirus (l’attaquant Jovović, le milieu de terrain Savićević et le défenseur Tomašević, N.D.L.R.) et deux blessures. Parmi ces sept absents, il y a quand même six titulaires habituels… Vous imaginez bien que ça nécessite une concentration totale pour trouver une solution. Après, je sais que mes joueurs vont être surmotivés quoi qu’il arrive.
Est-ce que le fait de jouer des équipes à votre portée vous permet d’engranger une confiance un peu perdue lors des éliminatoires de l’Euro, où le Monténégro avait terminé dernier du groupe A derrière la Bulgarie, le Kosovo, la Tchéquie et l’Angleterre ? Pas forcément. Le Luxembourg par exemple, c’est une équipe ultra respectable qui a beaucoup progressé et qui compte de plus en plus de joueurs professionnels. Ce n’est plus l’équipe du Luxembourg amateur que je pouvais affronter à mon époque en tant que joueur.
Auteur de trois buts depuis le début de la compétition, Stefan Jovetić semble très à l’aise dans l’équipe. Comment parvenez-vous à le mettre dans les meilleures dispositions ? C’est très simple : j’organise l’équipe autour de lui, car c’est un excellent footballeur. Au Monténégro, Jovetić est notre Messi ! C’est un bijou sur le plan technique, et son professionnalisme est exemplaire. C’est un véritable plaisir de l’avoir dans l’équipe. Nous évoluons dans un 4-4-2, Stefan joue comme attaquant de soutien, ce qui lui permet de venir chercher le ballon un peu plus bas pour participer à la construction offensive. À vrai dire, je lui donne une liberté de mouvement : je le laisse s’exprimer, et il sait faire la différence. Mais sur les côtés, nous sommes également très mobiles, le danger peut venir d’un peu partout.
Quels sont vos principaux sujets de conversation avec lui ? J’ai d’excellents rapports avec tous les joueurs, cette cohésion collective est vraiment la base de nos victoires en ce moment. Aussi, les discussions avec les joueurs sont différentes selon la mentalité de chacun, les postes sur le terrain. Mais évidemment, c’est plus facile de communiquer avec un joueur comme Jovetić, car il comprend tout de suite ce qui est nécessaire à l’équipe. Son attitude est exceptionnelle, il est conscient de la bonne dynamique de l’équipe et il donne le maximum. Ce n’est pas quelqu’un de capricieux, c’est une personne très humble et accessible.
Vous êtes le premier sélectionneur d’origine bosnienne à la tête du Monténégro. Est-ce que cela vous rend la tâche plus facile ? Être issu de la région ne me rend pas la tâche plus simple, certaines plaies de la guerre sont encore ouvertes. Le plus important, c’est de n’avoir aucun problème avec personne et de prendre du plaisir.
Après trois matchs, vous avez trois points d’avance sur le Luxembourg que vous recevez ce mardi. Dans quel contexte allez-vous jouer ce match ? Comme tout le monde, nous connaissons les problèmes liés au virus. Nos rencontres se jouent à huis clos, et même avec cela, certains joueurs sont déclarés positifs. Mais on s’adapte aux protocoles de l’UEFA et aux dernières informations du conseil scientifique.
Ce match va être capital pour penser à l’après. Mais dans l’éventualité d’une qualification pour le Mondial, est-ce que vous vous imaginez à la tête de l’équipe au Qatar en 2022 ? De toute manière, on va attendre la fin de la compétition avant de s’exprimer. Je ne me projette pas encore, attendons la fin de la compétition… Ce que je peux dire, c’est que le quotidien d’entraîner une équipe toutes les semaines me manque. Ce sont deux métiers complètement différents : là, on me demande de préparer l’équipe pendant trois semaines pour seulement quinze jours de compétition avant le prochain rassemblement. Le reste du temps, je ne ressens pas trop le stress du quotidien comme je pouvais le sentir avec un club. Quand tu as des matchs tous les week-ends, tu es tout le temps dans l’action. Maintenant, mon travail actuel est aussi passionnant. On travaille beaucoup la récupération, moins l’aspect tactique par manque de temps. Il faut beaucoup plus composer avec des facteurs incertains en sélectionneur que dans la position de l’entraîneur. Je me dis que je suis dans le même cas de figure que Didier Deschamps, mais avec un peu moins de choix et de qualités individuelles dans mon effectif. Après, si le PSG m’appelle, pourquoi pas ! (Rires.)
Propos recueillis par Antoine Donnarieix