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Hadji : « Le matin, je suis content d’aller à l’entraînement »
À bientôt 38 ans (il les aura en février prochain), Youssouf Hadji est un des professionnels les plus âgés toujours en activité. Co-meilleur buteur de la Ligue 2 avec sept buts, l’ancien international marocain se sent toujours en pleine forme, alors que Nancy lui a fait signer en juillet dernier un contrat d’un an. Le dernier ? En théorie, oui...
Votre nouveau contrat a été signé en juillet dernier, alors que les entraînements avaient repris depuis plus de deux semaines. Comment cela s’est-il réglé ?J’étais en fin de contrat. On sortait d’une saison difficile, avec une relégation au bout. Avec Pablo Correa et le staff, nous avons donc décidé de voir comment cela se passait lors des entraînements et des matchs amicaux. J’ai 37 ans, il n’est donc pas illogique de se poser des questions. Mais à partir du moment où je me sentais bien physiquement, nous sommes tombés d’accord. J’avais toujours envie de jouer. Je n’ai pas ressenti de lassitude. Le matin, quand je me lève, je suis content d’aller à l’entraînement.
Ce contrat, il n’y a qu’à Nancy que vous pouviez le signer ?J’ai eu une approche du WAC Casablanca. Mais c’était un ou deux jours avant que je signe avec l’ASNL. En France, cela aurait été difficile d’aller dans un autre club. Pour des raisons familiales, surtout. J’ai trois enfants scolarisés à Nancy, et je ne me voyais pas imposer un nouveau déménagement à ma famille. Et partir seul, en France, bof… À l’étranger, peut-être… Jouer au Maroc, cela aurait été sympa aussi, dans un club qui dispute la Ligue des champions. Je serais parti sans ma femme et mes enfants. Enfin, aujourd’hui, la question ne se pose plus.
C’est votre dernier contrat ?Normalement, oui. Dans mon esprit, c’est le cas. Maintenant, si dans huit mois, je sens que j’ai encore les jambes pour continuer, on verra.
Il y avait des réticences à propos de votre cas…C’est normal. On a le droit de se poser des questions sur un joueur de 37 ans. C’est pour cela qu’avec le staff, on voulait d’abord prendre le temps. Il fallait être honnête. Moi, je n’étais pas là pour voler un contrat, mais pour prouver que je pouvais encore être utile et que j’étais capable de marquer des buts.
C’est le cas, puisque vous en avez inscrit déjà sept…Oui, dont un triplé contre Châteauroux (3-1). Le premier de ma carrière en club. J’avais déjà marqué trois buts avec le Maroc, lors d’un match amical.
Vous avez pensé à ceux qui avaient mal compris que l’ASNL vous propose un nouveau contrat ?Je sais très bien qu’il y a des supporters à Nancy, une toute petite minorité, qui me critiquent. Ce n’est pas nouveau, cela remonte à des années. C’est le jeu. Ils se plaignent, ils ne sont pas contents, ils ne m’aiment pas, et après tout, ils en ont le droit ! Après tout, je peux les comprendre : Nancy descend en L2, et ils apprennent qu’on prolonge un joueur de 37 ans, qui n’avait pas marqué un but lors de la saison précédente. Ils ont peut-être considéré cela comme un manque d’ambition. Aujourd’hui, je pense avoir montré que j’avais encore la capacité de jouer au niveau professionnel. J’ai marqué sept buts, j’espère qu’il y en aura d’autres.
Avec d’autres joueurs – Hilton (Montpellier), Balmont et Varrault (Dijon), Nivet (Troyes), Bréchet (GFC Ajaccio) ou Pedretti (ASNL) – , vous appartenez quand même à une catégorie rare. En France, le joueur de plus de trente ans est aussi bien considéré que le salarié de plus de cinquante ans. Dans un pays où on veut faire bosser les gens jusqu’à 67 piges, il y a un léger paradoxe…(Rires.) Oui, en effet. Et encore, j’ai l’impression que pour les joueurs trentenaires, ça s’est un peu amélioré ces dernières années. Il y a des pays où l’âge n’est pas un problème. En France, si. Tous ceux que vous citez montrent qu’ils ont encore le niveau pour jouer en Ligue 1 ou en Ligue 2. Bien sûr, en ce qui me concerne, je ne vais plus aussi vite qu’à vingt ou vingt-cinq ans. Après les matchs, je mets un peu plus de temps à récupérer.
Le staff technique aménage-t-il vos séances ?Cela arrive. Parfois, je vais faire seulement la moitié d’un entraînement, ou trois ateliers sur quatre ; C’est normal. Je ne suis plus à 200% à l’entraînement. En fait, un joueur professionnel qui dure au-delà de trente-trois ou trente-quatre ans, âge auquel beaucoup arrêtent leur carrière, apprend à s’autogérer.
Vous astreignez-vous à une hygiène de vie très stricte ?Pas forcément. Je ne fume pas, ni cigarettes ni chicha, je ne bois pas d’alcool. Je sors assez peu, et je m’endors entre 23 heures et minuit. Avant, je me couchais parfois un peu plus tard, mais là, souvent, à 23 heures, c’est réglé. Je suis un gros dormeur, je fais la sieste quasiment tous les jours. Je bois beaucoup d’eau, peut-être trois ou quatre litres par jour. Quant à la bouffe, je ne fais pas trop d’excès, mais ce n’est pas strict non plus. J’aime beaucoup la cuisine marocaine. Et je m’autorise quelques pâtisseries du pays. Je ne passe pas mon temps à me priver.
Si on vous suit, vous serez à la retraite dans huit mois. Avez-vous pensé à votre reconversion ?Ce sera dans le foot, je crois que je ne sais rien faire d’autre. (Rires.) On a déjà parlé avec le président Rousselot d’une reconversion, mais pour l’instant, je suis joueur. On verra quand il faudra en parler. Je ne vais pas aller lui casser la tête tous les jours avec ça.
Nancy avait l’ambition de retrouver rapidement la L1. Pour cette saison, cela semble mal parti…Ce sera compliqué, en effet. On se retrouve en bas de classement en L2, on a déjà changé d’entraîneur. Je pense qu’on va remonter au classement, car nous avons un effectif pour le faire. Mais pour le moment, c’est difficile…
Propos recueillis par Alexis Billebault