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Habile Diallo
Après 10 journées de Ligue 2, Habib Diallo en est à 10 pions. Prêté à Brest les deux dernières saisons, l'attaquant messin est revenu cet été à Saint-Symphorien par la grande porte. À 23 ans, le Sénégalais laisse même deviner que l'histoire ne fait que commencer.
Le 3 août 2018 n’était pas parti pour être une journée spécialement glorieuse pour Habib Diallo. Pour la deuxième fois en deux journées de Ligue 2, l’attaquant débutait sur la banquette grenat, et devait une fois de plus ronger son frein. Et puis Opa Nguette s’est blessé prématurément (22e). Alors Fred Antonetti a libéré la bête et c’est toute la délégation orléanaise qui a commencé à encaisser les coups de la patte droite du buteur, les yeux ébahis, la bouche tremblante. Le quadruplé de Diallo a permis ce soir-là d’employer de jolis mots, comme supersub ou goleador. Autant de termes aujourd’hui autorisés pour décrire le joueur de 23 ans, d’autant plus après le début d’exercice canon qu’il vient de réaliser et qui ne demande qu’à être confirmé, ce vendredi soir face à Niort.
⚽️⚽️⚽️⚽️ On ne s’en lasse pas ! @habibdiallo575 était particulièrement en forme vendredi soir. Entré en cours de jeu, l’attaquant sénégalais a trouvé le chemin des filets à quatre reprises ➡️ ? pic.twitter.com/IoXJsKGd3R
— FC Metz ☨ (@FCMetz) 6 août 2018
Furlan : « Je voulais qu’il fasse une troisième année à Brest »
Si les Lorrains roulent sur la Ligue 2, le Sénégalais n’y est évidemment pas pour rien. En plus de son coup d’éclat face à l’USO, il a marqué huit jours plus tard à Clermont, puis deux fois face à Ajaccio, avant d’enchaîner contre Lens, Béziers et le Paris FC – une réalisation à chaque fois –, tout ça agrémenté de deux caviars au milieu de ces dix premières journées. De quoi mettre les points sur les « i » et s’installer sur la durée en Moselle.
Car même si le droitier a toujours marqué son petit quota de buts par saison, c’est bien la première fois qu’il atteint cette barre fatidique des dix unités et le faire dès le mois d’octobre n’augure que des belles choses. L’an passé, il avait marqué à neuf reprises au Stade brestois, loin de son fief d’adoption, où le gamin de Thiès a aiguisé sa lame de buteur entre janvier 2017 et l’été dernier. « On se l’est fait prêter deux fois, et j’avais même fait la demande à mon directeur sportif pour qu’il fasse une troisième année, avoue Jean-Marc Furlan. On savait qu’il nous apportait beaucoup. Il est très intéressant en pointe et c’est un garçon très à l’écoute. Il est agréable à diriger, pas un meneur de vestiaire, plutôt homme de terrain, très discret, qui parle peu, mais très disponible pour l’entraîneur. »
Air Diallo
Neuf pions, c’est également ce qu’il avait réussi à inscrire en une demi-saison pour ses débuts en pro, sous la liquette frappée de la croix de Lorraine il y a trois ans, contribuant à la montée de l’équipe alors dirigée par Philippe Hinschberger. « Quand je suis arrivé au mois de janvier, il ne jouait pas, se souvient l’actuel entraîneur de Grenoble. Il manquait d’aptitude au duel, mais il était adroit devant le but, il allait très vite : il avait quand même des qualités. Les trois ou quatre premiers matchs, il n’était pas dans le groupe, je l’ai envoyé jouer un match amical avec la réserve contre une équipe luxembourgeoise, et il a mis trois buts. Du coup, je l’ai pris sur le banc, et à partir de là, il s’est rapidement retrouvé dans la peau d’un titulaire. On avait aussi pris Christian Bekamenga : à eux deux ils ont beaucoup marqué, et Habib en a mis 9 dont quatre doublés. C’est un garçon très élégant. »
Dans son début de carrière entre l’Est et la Bretagne, en plus de sa vitesse et ses qualités de finition, Diallo a également pu faire étalage de son jeu de tête peu commun. Le joueur a même fait de son aisance aérienne une marque de fabrique dans les surfaces de Ligue 2 : depuis ses débuts en pro et jusqu’à cet été, le bonhomme avait inscrit plus d’un tiers de ses pions à coups de tronche (il était monté à 50% sur l’exercice 2016-2017), même si la moyenne a depuis baissé. « Dans le jeu aérien, il fait partie des 20 meilleurs joueurs Ligue 1-Ligue 2 confondues, s’enflamme Furlan. Les joueurs, aujourd’hui dans nos championnats, sont nuls dans le jeu aérien. Il n’y en a qu’un ou deux sur dix qui sont bons. Mais lui, il est exceptionnel, c’est une force terrible. Ce sont des qualités naturelles, innées. Il a une excellente détente, un très bon timing. » Récemment, c’est Vincent Demarconnay, portier du Paris FC, qui en a fait les frais à Charléty.
La Moselle dans le cœur
Si le bonhomme garde ce rythme toute la saison et que sa formation accroche son strapontin pour l’élite, il pourra de nouveau se frotter à un niveau qu’il avait sans doute découvert trop jeune, en 2016. « En Ligue 1, on avait pris Mevlüt Erding, et j’avais insisté pour que Habib soit notre deuxième attaquant, se souvient Hinschberger. Quand Erding s’est blessé, Habib a pris le relais et on s’est quand même aperçu qu’il lui manquait encore quelque chose : les duels sont plus durs en Ligue 1. Donc ça a été juste, et à Noël on l’a prêté à Brest, où il a flambé. »
Depuis, l’ex-poulain de Jean-Marc Furlan a pris du galon, et s’il doit réussir, ce sera en Moselle et nulle part ailleurs. « Habib est un Messin, témoigne son ancien coach. Il aurait pu être encore plus efficace chez nous, mais comme beaucoup de joueurs prêtés, des fois, son esprit partait à Metz. Il a sa famille là-bas, il s’est marié là-bas… Il est très FC Metz, ça se sent, même s’il a eu le courage de s’expatrier pour progresser. Le fait d’être chez lui augmente son attention, son investissement, etc. » « Il vient de Génération Foot (antenne messine au Sénégal, N.D.L.R.), tous les garçons qui viennent de là sont très attachés au club, appuie Hinschberger. C’est le club qui l’a formé et lancé en France, tout comme ses glorieux aînés Sadio Mané, Diafra Sakho ou Ismaïla Sarr. » Diallo sait ce qui lui reste à faire.
Par Jérémie Baron
Propos de JMF et PH recueillis par JB