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Gwendal : « On a peut-être eu les cornes plus grandes que le ventre »
S’il refuse d’évoquer le mercato et les bruits qui l’envoient à Nîmes et Séville, Gwendal, le taureau arrêté dans la soirée de lundi à La Piverdière, revient avec calme sur son interpellation. Entretien vérité.
Quelques heures après votre arrestation, pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est vraiment passé lundi soir ?Déjà, il faut savoir que je sortais d’un week-end très, très, très difficile. Notre communauté traverse depuis quelques semaines une période délicate et avoir vu notre ami de Manacor se faire balader par un surfeur grec samedi soir nous a tous retourné l’anneau. Bref, derrière, on avait décidé de partir se changer les idées en Bretagne, chez notre ami Louxor.
Louxor ?Oui, Louxor, vous ne connaissez pas Louxor ?
Non.(Il souffle.) Bon, Louxor, c’est le plus colossal d’entre nous : 827 kilos de chair, des muscles terribles, un anneau géant dans les narines… Un taureau qui en impose, quoi. Il a été élu champion du monde des taureaux il y a deux piges et ils avaient raconté dans Ouest-France à l’époque que sa semence pouvait engendrer des super-vaches laitières avec de la matière grasse pour le beurre et des protéines pour le fromage. Un malade le type.
Qu’avez-vous fait de votre fin de week-end du coup ?On a coupé un peu et on
a laissé notre star de Manacor tranquille. On en avait besoin, surtout que l’autre guignol de Renaud Ripart nous a provoqués ce week-end après avoir marqué un but aux Costières. Donc, on a passé la journée chez Louxor, on a écouté du Korn et on a regardé notre pote Maxwel mettre le feu au Vélodrome dans la soirée de dimanche. Autant te dire que je me suis réveillé avec un sacré mal de cornes lundi matin. Puis, il y a eu ce lundi soir…
Vous avez été vus sur les terrains d’entraînement du Stade rennais, les pompiers ont dû intervenir pour vous dégager de là… J’ai toujours aimé venir aérer mon museau là où les joueurs de foot aiment nous rendre hommage en faisant cavaler un coéquipier au milieu d’un cercle. J’ai toujours trouvé ça débile, mais bon, on pense à nous, c’est déjà pas mal. Là, je me baladais tranquille, je me grillais une Marltoro Gold avec Freak on a Leash dans les oreilles, je pensais un peu à cette bonne vieille Azalée et j’ai vu ces mecs cavaler vers moi comme des cinglés.
Il paraît quand même que vous n’avez pas été simple à attraper.Tu m’as pris pour un Roucool ou quoi ? Chez les taureaux, on ne se laisse pas choper comme ça par trois types en uniforme. Surtout que là, je dois vous dire la vérité : si je suis venu à Rennes, c’était avant tout pour réaliser une mission donnée par notre maître, Ferdinand. Voilà des mois entiers qu’on voit ces hommes en rouge se balader avec une pastèque à la place de la tête. Une qualification en Europe et ça a gonflé de tous les côtés dans ce club. Il fallait faire péter tout ça, donc l’objectif était de détruire leur gazon. Comme ça, ça filait une excuse à la brebis de Clamart pour faire ses valises.
Depuis quand travaillez-vous pour le compte de Ferdinand ?On s’est rencontrés à Turin, au delle Alpi, dans les années 1990. La première fois, ça devait être le 10 février 1993, le jour où Casagrande, Walter hein, pas votre gardien qui a fini à tenir un micro sur Foot +, avait fait tomber la Lazio à lui tout seul. Derrière, on ne s’est plus quittés et on a suivi toute l’épopée en Coupe d’Italie du Toro jusqu’à la victoire en finale contre la Roma. Cette nuit-là, quelle folie ! Il y avait tout le monde : Bodacious, soit quand même le taureau le plus dangereux du globe, le taureau de Wall Street, Benny, qui était venu spécialement de Chicago, mais aussi Benicio, Guillermo, monsieur Ailé et Sidis ! Incroyable.
Totoro n’était pas venu ?Non non, il était resté avec Satsuki et Mei. Tu sais, il n’est pas facile à bouger, le Totoro. En fait, c’est un Adebayo Akinfewa en peluche. Alors, si en plus on doit le mettre dans une tribune… Laisse tomber.
La Gazette du Taureau annonçait la semaine dernière que tu t’étais remis avec la Vache qui rit. C’est vrai ? Oui, évidemment que c’est vrai, mais ça leur a coûté un paparazzi. Le mec était quand même venu se planquer dans l’étable de madame. Avec Vache qui rit, notre relation a connu des hauts et des bas. C’est comme Salem et Sabrina Spellman. L’amour, c’est pas si simple qu’on le croit, surtout chez les bovidés. Regarde, quand j’étais avec Rosa, ça a cogné sévère.
Qui est Rosa ?(Il tire la langue et bave dangereusement.) Ah, Rosa… Rosa, c’est… Rosa. C’est peut-être la seule fois de ma vie où j’ai éprouvé de la jalousie envers quelqu’un. Et là, j’étais un taureau énervé contre Nathalie Simon, ce qui n’a quand même pas beaucoup de sens. Mais le problème avec Rosa, c’est qu’elle a rapidement pris les grosses cornes avec
Intervilles et que je n’avais pas la caisse pour supporter les exigences de ce milieu. Parce qu’après Nathalie Simon, il a fallu vivre Courbet, Laffont, Vanessa Dolmen, Tex… Mais aussi écarter ce pompier de Gap qui avait réglé tout le monde sur le Mur. Je crois qu’il m’aimait bien.
Vous avez déjà fait un bœuf pour attraper un cœur ?Plusieurs, mec, notamment avec mes taureaux favoris : celui de Ciudadela, Carlos, et le plus beau de tous, celui du Bosphore, Hakan. Quel chouette type, Hakan. C’est moi qui lui avais appris à prendre ce regard de tueur, un peu bovin, mais il avait tout. Le truc, c’est qu’après sa retraite, j’ai perdu ma lumière sur un terrain.
Vous n’avez jamais joué ?Si, mais mes nombreuses embrouilles avec Ottoreau Rehhagel ont été celles de trop. D’où les Marltoro, d’où tout ça… Mon objectif, maintenant, c’est de mettre derrière moi cette histoire rennaise et je vais me faire oublier un peu. On a peut-être eu les cornes plus grandes que le ventre sur ce coup.
Meuglements recueillis par Maxime Brigand