Guy Capelier, où étiez-vous placé exactement ?
J’étais placé en tribunes, comme toujours.
Quels étaient les enjeux de ce match ?
Gagner notre premier match en CFA ! Pour le moment, on a subi un match nul et trois défaites.
Le premier fait de jeu, c’est un penalty à la 10e minute sur lequel votre gardien Dauphy prend un carton jaune pour protestation…
Protestation, il est capitaine ! Il a certainement posé une question à l’arbitre. Je pense qu’un capitaine a le droit de poser une question à l’arbitre et que celui-ci peut lui répondre. Maintenant, on ne peut peut-être pas lui parler, c’est possible…
Le penalty est arrêté, mais l’arbitre le donne à retirer…
L’arbitre le fait retirer prétextant une entrée dans la surface trop rapide de nos défenseurs.
Vous êtes d’accord avec cette décision ?
Bah écoutez, d’accord, pas d’accord… Seul le ralenti peut le dire. Je pense que s’il y a effectivement garantie que quelqu’un entre dans la surface, je n’ai pas l’impression que l’on entre seul. Mais ce qu’il y a de surprenant, c’est que c’est généralement l’arbitre de touche qui signale ce genre de faits. Ce n’est pas le central, qui regarde le tir et ensuite le but. Donc, je ne sais pas s’il regardait le ballon.
Toujours dans l’ordre chronologique, c’est ensuite l’entraîneur adjoint Frédéric Pringuet qui est exclu du banc. Pourquoi ?
L’arbitre lui dit que s’il a encore une remarque à faire, il ira derrière les clôtures, et Frédéric lui dit : « Si vous voulez, je peux y aller tout de suite. » Il se fait exclure là-dessus, c’est ce que m’ont dit le coach et tous ceux qui étaient sur le banc.
Ensuite, entre la 20e et la 31e minute, votre attaquant Jérémy Vaury reçoit deux cartons jaunes et le milieu Pierre Womé récolte un rouge pour, je cite le Courrier Picard, « un tacle plus spectaculaire que dangereux » …
Pierre Womé est une personne qui a 67 matchs en équipe du Cameroun et deux Coupes du monde derrière lui. À 36 ans, il compte finir sa carrière chez nous. Il tacle un ballon de l’extérieur du pied sans réellement voir l’adversaire qui arrive, et lui prend le pied. Alors carton, oui. Jaune, on peut comprendre, mais rouge on a du mal. D’autant plus que sur la feuille de match, personne n’est blessé du côté de Troyes, si vous voulez. On a eu des cartons jaunes et des cartons rouges pour jeu – je présume – dangereux, et globalement il n’y a aucun blessé ! Donc deux cartons rouges pour des gestes dangereux sans aucune blessure de l’autre côté, c’est surprenant.
On reproche parfois aux arbitres de trop attendre avant de sortir les cartons et de favoriser certaines grosses blessures, vous comprenez cet aspect préventif ?
Écoutez, c’est un point de vue… Ce que j’en pense, c’est qu’un carton, ça peut encore se comprendre, deux cartons ça fait lourd. Dans le même match, quand tout le monde se relève, c’est un peu surprenant !
À ce moment-là dans les tribunes, vous pensez à la possibilité de ne pas finir le match ?
Non, globalement, on est très déçus, pour l’équipe et pour le club. Il faut savoir que le Roye-Noyon représente des petites villes, qui ont du mal à gérer et boucler un budget. On passe à la DNCG, on y passe maintenant à l’aise parce que l’on fait très attention à nos comptes et à la vie du club, et puis quelque part, on a un peu l’impression de se faire détruire. Il y a tout de même 25 salariés chez nous, donc ça fait mal au cœur… Ça fait mal au cœur.
Bon, à la 42e minute, vous perdez déjà 3-0, et votre entraîneur effectue ses trois changements, ne pensez-vous pas qu’il fait une erreur stratégique ?
(Silence) Non non, pas du tout. De toute façon, je ne reviens jamais sur les décisions du coach, il a vu ça de cette manière-là… De toute façon, quand vous jouez à neuf, on se retrouve à défendre, il essaye de faire quelque chose en mettant un peu de sang frais juste avant la mi-temps, pourquoi pas ?
Sauf que deux des nouveaux entrants se blessent, votre équipe se retrouve à sept, et l’arbitre siffle la fin du match…
Oui, c’est la problématique de faire entrer des joueurs frais avec peu ou pas du tout d’échauffement, donc ça nous fera encore deux personnes de moins pour le match de vendredi soir…
C’est quand même un enchaînement de malchance incroyable !
C’est de la malchance, on ressent un peu d’injustice aussi… C’est clair que c’est du jamais-vu, un arbitre qui vous met un deuxième carton rouge au bout de 30 minutes, je pense que ça ne se voit pas souvent en CFA ! S’il y avait blessure, cela peut se comprendre, si vous voulez. Mais là, les gens recourent sans même sortir du terrain ! C’est-à-dire qu’ils n’ont pas fait entrer le soigneur sur les joueurs, vous pouvez regarder le film ! Il n’y a rien ! Le premier carton rouge, notre attaquant se retourne avec le pied, certes il est haut, mais le défenseur se projette sur le ballon, donc le pied atterrit sur le ballon et sur son torse. Puis M. Pierre Womé tacle à un pied, prend celui du milieu de terrain… Bon, c’est comme ça, hein.
Puis vous subissez un dernier carton rouge, celui de Samir Bertin d’Avesnes…
Oui, Samir a serré la main des deux arbitres, mais n’a pas voulu serrer celle du central. Lui dit qu’il n’y a pas eu de mots, l’arbitre dit que oui… Donc comme l’arbitre a toujours raison, je pense qu’il aura raison.
Vous comptez porter réclamation ?
Oui, je compte tout de même faire un courrier à la Fédération, ne serait-ce que pour envoyer les images et les éléments de presse que l’on a pu avoir depuis hier. Je m’interroge, moi ! On est un petit club de CFA, avec nos moyens, on respecte énormément la Fédération dans notre approche, le club ne s’est jamais fait repérer comme un club de voyous, il n’y a pas eu non plus de problèmes pour l’arbitre pour sortir du terrain – même si les supporters n’étaient pas heureux de la manière dont le match s’est déroulé, évidemment. Il a pu entendre pas mal de choses, mais il a été protégé jusqu’aux vestiaires, il n’y a eu aucun problème sur son intégrité physique dans le tunnel. Donc je me demande si on ne dérange pas.
Justement, après la rencontre, votre entraîneur a déclaré : « On ne veut pas des petites équipes dans les championnats nationaux. »
Je ne sais pas ce que mon coach a dit, mais c’est un peu ce que je ressens après les matchs que l’on vient de passer. Le match de Croix était déjà particulier… Maintenant, vous savez, c’est du football, ça reste encore un jeu, quoi qu’il arrive. J’espère que pour les gens et les arbitres qui viennent chez nous, ça reste un jeu. Qu’ils restent honnêtes, quoi.
Vous parlez de ce match de Croix, que s’était-il passé là-bas ?
C’est pareil, on a un attaquant qui met un coup à un défenseur, mais ça n’est pas cerné par la vidéo, et il prend rouge direct sans avertissement à la 45e+2. C’est assez surprenant, mais pas autant que de prendre six matchs de suspension ! Pour un garçon non violent, vous pouvez aller regarder son casier, ce n’est pas un repris de justice ! Six matchs d’un coup, ça fait cher payé. On prend donc un rouge, puis six jaunes… Et l’arbitre est allé jusqu’à s’adresser à notre banc de touche et au coach pour dire : « Écoutez de toute façon, si vous devez finir à sept et que je dois arrêter le match, il n’y a pas de problèmes, je le ferai. » Donc maintenant, ce sont eux qui menacent (rires).
Vous n’avez plus que huit joueurs disponibles pour le prochain match, vous allez faire appel aux jeunes du club ?
(Rires) On va y aller avec les jeunes, les 19 ans ! S’il faut mourir, on mourra proprement de toute façon. Mais que voulez-vous, si globalement on ne veut pas de nous ? C’est pas pour des raisons financières, pas pour des raisons d’accueil, on n’est pas des hooligans, donc à partir de là, on essaiera de respecter le club au maximum.
Pourquoi pensez-vous déranger ?
Vous savez, les accueils dans les gros clubs qui ont les moyens sont tout de même différents du nôtre. Ne serait-ce que les arbitres, chez nous ils s’habillent dans le même vestiaire, ils n’ont pas un vestiaire chacun. Vous voyez bien les réactions de la Fédération ces derniers temps, elle est plutôt pour les clubs riches que les clubs pauvres. Quand on restreint les descentes, on essaye de privilégier ceux qui ont de l’argent.
Si vous aviez un dernier mot à dire, pour qui serait-il ?
Oh, un dernier mot, j’espère que l’arbitre est bien avec sa conscience. Moi, je respecte les arbitres, je sais que je ne les remettrai jamais en cause à part en faisant un courrier par exemple, en étant respectueux. L’arbitre peut se tromper. Mais j’espère que lui se sent bien.
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