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Guus Hiddink en dix dates

Par Matthieu Rostac et Romain Duchâteau
Guus Hiddink en dix dates

Gefeliciteerd ! Guus Hiddink fête aujourd'hui ses soixante-dix ans. Sept décennies dont trois à entraîner aux quatre coins du monde, avec des fortunes diverses, entre les réussites hollandaises, les rêves asiatiques et les déceptions espagnoles. Retour sur la carrière de Guus GelukLucky Guus – en dix dates.

1 juillet 1970 : transfert au PSV

Avant Hiddink l’entraîneur, il y a évidemment eu Guus le joueur. Après trois saisons passées à De Graafschap, qu’il aura aidé à faire remonter en Eredivisie grâce à vingt-deux buts marqués – pas mal pour un milieu de terrain –, Hiddink quitte son Gelderland natal pour la première fois à vingt-quatre ans à l’été 1970. Direction Eindhoven et son PSV. Si les Boeren terminent quatrièmes du championnat, Hiddink a du mal à s’imposer dans le onze de Kurt Linder et ne dispute que vingt et un matchs. La saison suivante, son temps de jeu est réduit à neuf petites rencontres, l’obligeant à retourner à De Graafschap, puis au NEC Nijmegen, avec deux brèves escales en NASL aux Washington Diplomats et aux San Jose Earthquakes. Une carrière de joueur honorable terminée par une saison 1981-1982 où Hiddink portera la double casquette de joueur et d’entraîneur-adjoint de Huib Ruijgrok, à De Graafschap une nouvelle fois. Comme une évidence. Le meilleur endroit pour enfin mettre en marche la légende.

25 mai 1988 : finale de Coupe des clubs champions face au Benfica (0-0, 6 t.à.b à 5)

En 1984, Hiddink passe une nouvelle fois de De Graafschap au PSV, pour assister Jan Reker. Deux saisons plus tard, Reker est remplacé par Hans Kraay Sr. Mais le courant ne passe pas avec la star boer Ruud Gullit. Bye bye Hans, hello Guus. « Coup d’essai, coup de maître » , « la chance du débutant » : on appelle ça comme on veut, mais au bout de sa première saison pleine à la tête du PSV, l’homme de Varsseveld réalise le triplé Eredivisie–Coupe des Pays-Bas–Coupe des clubs champions au mois de mai 1988, avec en apogée la victoire suprême au Neckarstadion face au Benfica le 25 mai. Le mois suivant, les joueurs composant l’ossature de son équipe – Ronald Koeman, Hans van Breukelen, Wim Kieft, Berry van Aerle – traversent la frontière allemande pour aller battre l’URSS en finale de l’Euro 88. Une moustache est née.

15 novembre 1993 : Renvoyé du Valencia CF

Le 1er juillet 1991, Mestalla voit débarquer un moustachu endimanché comme un membre du Rotary club. Deux saisons plus tard, le Valencia CF de Hiddink termine deux fois quatrième, accroche de facto la C3. La troisième saison est moins reluisante, puisque le coach néerlandais saute en novembre 1993 après un 7-0 contre Karlsruhe… avant d’être rappelé en mars 1994 pour finir la saison. Entre-temps, le club ché a épuisé trois entraîneurs. Hiddink sauve les meubles en faisant passer le club valencien de la treizième à la septième place, puis refuse l’offre de prolongation du nouveau président Paco Roig. Plus que l’expérience sportive, ce passage sur la Costa del Azahar aura apporté une chose à Hiddink : le golf, qu’il pratiquait sur le green attenant à son hôtel. Un vrai mec de Rotary club, donc.

4 juillet 1998 : Quart de finale de la Coupe du monde 1998, Pays-Bas-Argentine (2-1)

Depuis qu’il a embrassé une carrière d’entraîneur, c’est avec des principes fermement chevillés au corps que Guus Hiddink trace sa route. « Le beau football, ce n’est pas seulement d’essayer de marquer des buts, il y a autre chose, exposait-il il y a quelques années dans So Foot. Dans le rythme, le moment où on donne la balle, le moment où l’on fait des appels, la coordination dans le pressing, la seconde où tu vois trois joueurs avancer d’un mètre. » Cette vision du foot prônée, il l’a sans doute retrouvée dans sa plus belle expression avec les Pays-Bas de 1998. Une génération ébouriffante emmenée par Van der Sar, les frères De Boer, Overmars, Stam ou encore Bergkamp, la plus belle depuis l’époque dorée de Cruijff.

Après un Euro 96 frustrant (quarts de finale) et miné par des tensions internes, le « Sorcier blanc » aplanit les différends, notamment avec Edgar Davids. Grâce à une méthode empreinte de souplesse et d’autonomie, il fait des Oranje la plus belle équipe de la Coupe du monde en France. Séduisant, offensif et harmonieux, le ballet néerlandais ne touche pas terre. Avec comme symbole le plus prégnant, ce but irréel de Bergkamp dans les dernières secondes contre l’Albiceleste en quarts de finale passé depuis à la postérité. La chute, toutefois, sera brutale avec une élimination contre le Brésil aux portes de la finale (1-1, 4 t.a.b. à 2). « Les Pays-Bas sont l’adversaire le plus difficile que nous avons rencontré depuis le début de la compétition » , confiera d’ailleurs Mario Zagallo, le sélectionneur auriverde. Un hommage qui fait office de triste lot de consolation pour Hiddink, incapable de remporter le moindre trophée malgré un groupe d’une qualité exceptionnelle.

31 mai 2000 : Renvoyé… du Betis Séville

Après l’aventure mitigée du Valencia CF, Hiddink tente à nouveau sa chance en Espagne à la sortie du Mondial 1998. Difficile de refuser le Real Madrid, qui cherche à remplacer Jupp Heynckes, en même temps. Hiddink ne parvient pas à faire jouer ensemble le conglomérat de stars pré-Galacticos du club madrilène (Seedorf, Redondo, Raúl, Morientes, Suker, Mijatović, Hierro) et concède dix défaites avant de se faire virer en février 1999. ¿ Adiós ? Pas tout à fait… Un an plus tard, le Batave revient en Liga, à la tête du Betis cette fois-ci. S’il parvient à sauver les Verdiblancos de la relégation, son aventure sévillane s’arrête le 31 mai suivant. L’Espagne, ce n’est décidément pas la gagne pour Guus. C’est aussi l’exception qui confirme la règle : il y a bien des Néerlandais qui n’apprécient pas les villes côtières espagnoles.

22 juin 2002 : Quart de finale du Mondial 2002, Corée du Sud-Espagne (0-0, 3 t.a.b. à 5)

Quatorze années ont passé. Mais, encore aujourd’hui, la Corée du Sud constitue sans doute le plus beau chef-d’œuvre dans le copieux parcours du Guus. Parce que l’entraîneur batave a réussi à hisser une sélection dépourvue de références internationales à des hauteurs insoupçonnées. Jusqu’en 2002, les Guerriers Taeguk n’étaient pas parvenus à accéder au-delà du premier tour en cinq phases finales de Coupe du monde. Avec le thaumaturge néerlandais, ils vont faire des miracles en allant jusqu’en demi-finales du Mondial organisé chez eux et au Japon. Au départ, pourtant, la presse sud-coréenne se montre sceptique quant à l’investissement du natif de Varsseveld. Des doutes qu’il éteint rapidement grâce une victoire charnière obtenue contre le Portugal (1-0) de Pauleta et Figo, l’un des favoris de la compétition.

La suite de l’épopée n’a été qu’un doux rêve éveillé. Jusqu’à son élimination en demies contre l’Allemagne, l’escouade de Park Ji-sung réalise l’impensable et écarte successivement l’Italie (2-1 featuring l’arbitre Byron Moreno), puis l’Espagne dans des circonstances encore controversées à cause d’un arbitrage jugé plus que tendancieux. Qu’importent ces polémiques, Hiddink a désormais acquis le statut d’immortel au pays. Pour ses faits d’armes, le gouvernement sud-coréen l’a fait citoyen d’honneur, lui a offert une villa privée à Jejudo sans oublier de nombreux avantages comme les vols gratuits à vie avec les compagnies aériennes Korean Air et Asiana Airlines. Le must reste sans doute l’enceinte Gwangju World Cup Stadium, là où la formation asiatique a validé son billet pour le dernier carré, qui a été rebaptisée Guus Hiddink Stadium en son honneur.

Vidéo

16 avril 2006 : 34e journée d’Eredivisie, NAC Breda-PSV Eindhoven (2-6)

De 2002 à 2006, l’homme aux sortilèges enchanteurs touche le sommet de son itinéraire de coach. De retour aux Pays-Bas dans la foulée du miracle sud-coréen, il endosse à nouveau le costume de boss au PSV Eindhoven. Pour des frissons distillés à foison et à tout-va. Quatre années où il marche sur le pays avec trois titres d’Eredivisie (2003, 2005, 2006) et une Coupe nationale (2005) soulevés. À l’époque, le PSV s’érige en outre comme l’une des équipes les plus sexy du Vieux Continent. Dans un 4-3-3 résolument offensif, Park, Farfán, Cocu, Van Bommel ou encore Alex écrivent lors de la campagne 2004-2005 l’une des plus belles pages de l’histoire du club. En arrivant jusqu’en demi-finales de Ligue des champions – une première pour le PSV depuis le nouveau format de la compétition adopté en 1992 – après avoir notamment battu en quarts de finale l’Olympique lyonnais, le club néerlandais marque durablement les esprits. Hiddink, aussi. Et avec la manière. Avant de prendre la tête de la sélection russe, il boucle une saison magnifique avec un dernier titre de champion et seulement deux défaites essuyées. Ou l’art de soigner sa sortie.

21 juin 2008 : Quart de finale de l’Euro 2008, Russie-Pays-Bas (3-1 a.p.)

Hiddink l’a toujours dit : « Le football de contre-attaque n’est pas une stratégie dont usent seulement les équipes faibles. On parle de ça comme si le football de contre-attaque était inférieur. Ça n’est pas le cas. » Le technicien batave en a fait une énième fois la démonstration lors de l’Euro 2008. Sorti seconde de la poule D, sa Russie s’avance en quarts de finale face à des Pays-Bas aux allures d’ogre après avoir roulé sur l’Italie, puis la France. Mais le 4-5-1 tout en possession de Marco van Basten ne peut rien face à la furia supersonique des Russes, symbolisée par Andrei Archavine, qui plantera d’ailleurs la troisième et dernière banderille dans le dos d’Oranje exsangues. Et peu importe si les Aigles dorés chutent face au futur vainqueur espagnol en demi-finale : cette victoire en quarts de finale, c’est indirectement celle du pragmatique PSV face au dogmatique Ajax.

Vidéo

30 mai 2009 : Finale de FA Cup, Chelsea-Everton (2-1)

Le regard impavide, la démarche assurée, Hiddink s’avance et pose cette question. Cette seule question : « Avez-vous encore faim ? » En cette journée de février 2009, le technicien chevronné fait face dans le vestiaire à une équipe de Chelsea totalement ébranlée et prostrée après le mandat cataclysmique de Luiz Felipe Scolari. Par sa finesse et son sens du dialogue, il redonne confiance à des cadres en perte de repères (Ballack, Anelka, Malouda et Drogba). Surtout, il remet les Blues sur de bons rails. D’abord en Premier League où ils signent un parcours proche de la perfection avec onze succès en treize rencontres (soit 2,62 points récoltés par match). Ce qui sera, néanmoins, insuffisant pour ravir la couronne nationale à Manchester United. L’équipe londonienne se rattrape en FA Cup où elle remporte la compétition contre Everton en finale (2-1).

L’aventure aurait même pu être sublimée sans une immense déconvenue rencontrée face au Barça en C1. Mais un arbitrage très controversé, une frappe lunaire d’Iniesta dans le temps additionnel et une célèbre « fucking disgrace » plus tard, le club britannique quitte la scène européenne aux portes de la finale sans même avoir perdu contre le futur lauréat (0-0 ; 1-1). Reste que malgré ce passage éphémère réussi (seize succès en vingt-deux matchs toutes compétitions confondues, soit 73% de victoires au total) et les nombreuses supplications chantées par les fans ( « Guus Hiddink, we want you to stay at Chelsea ! » ), « Golden Guus » s’en va comme convenu pour la Turquie. Le comeback en terre londonienne, en décembre 2015, ne sera en revanche pas aussi réjouissant.

29 juin 2015 : Démission de la sélection néerlandaise

Les Oranje et Guus Hiddink, c’est décidément une romance qui n’aura jamais tenu toutes ses promesses. Après un quadriennat aux allures d’échec (1994-1998), l’homme aux lunettes rondes revient en sélection après un Mondial réussi sous la houlette de Louis van Gaal. L’objectif fixé se veut limpide : qualifier les Pays-Bas pour l’Euro 2016. Sauf que ce retour tourne au cauchemar. Malgré un groupe de qualification largement abordable (Tchéquie, Islande, Turquie, Kazakhstan et Lettonie), Hiddink ne parvient pas à élever une équipe confrontée à un creux générationnel entre vieux briscards (Sneijder, Robin van Persie, Robben) et jeunes encore tendres. Après des revers contre les Tchèques (2-1), l’Islande (2-0) et un nul face à la Turquie (1-1), le couperet tombe au cœur de l’été. Et le bilan pour ce qui est jusqu’ici sa dernière expérience s’avère peu flatteur : cinq défaites sur un total de dix rencontres. « Je suis désolé que les choses aient tourné de cette façon, a-t-il regretté à son départ. C’était un honneur d’entraîner à nouveau l’équipe nationale. Je souhaite à tout le staff, les joueurs et le sélectionneur de participer au championnat d’Europe. » Problème, son successeur Danny Blind ne parviendra pas à redresser la barre et les Pays-Bas regarderont l’Euro à la maison. La première fois depuis 1982.

Dans cet article :
L’Allemagne valide sa qualification en quarts en battant les Pays-Bas
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