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Gustavo Alfaro, professeur en Équateur

Par Adel Bentaha
5 minutes
Gustavo Alfaro, professeur en Équateur

À 60 ans, Gustavo Alfaro vit ses premières sensations au plus haut niveau, installé sur le banc de l’Équateur. La juste récompense d’un acharné de travail, révélé sur le tard.

le 29/11/2022 à 16:00
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Vainqueurs du Qatar en ouverture (0-2), pugnaces contre les Pays-Bas (1-1) et en position de force avant d’affronter le Sénégal ce mardi, les Équatoriens sont dans la place. Ces performances, les Condors les doivent à Gustavo Alfaro, leur sélectionneur. La voix rauque, le ton calme et les cheveux grisonnants, l’Argentin de 60 ans s’est en effet mué en maître de la situation, enfin récompensé de ses heures de travail, de sa méthodologie précise et de son parcours inconventionnel.

 J’ai toujours voulu devenir entraîneur, mais ça m’a toujours paru comme quelque chose d’infaisable. 

Ascension express

Il faut dire qu’en élargissant la focale, rien n’aura été « normal » dans la trajectoire d’Alfaro. Passé professionnel à 27 ans, après avoir stoppé des études en ingénierie chimique, ce milieu relayeur de formation s’est décidé à goûter au rêve ultime. Chez lui à l’Atlético de Rafaela, dans la province de Santa Fe, entre D3 et D2. Habitué aux joutes dominicales, celui que l’on invitait régulièrement aux entraînements de l’équipe première pour faire le nombre s’était ainsi résolu à franchir le pas en 1988. Pour se mettre à la place de ceux qu’il s’évertuait à suivre chaque week-end. « J’ai dit à mon père que c’était mon rêve et je lui ai demandé de me laisser tenter ma chance, que je reprendrai mes études ensuite », détaillait-il à France Football.

Et si l’aventure s’avère fugace – il prendra sa retraite en 1992, à 31 ans – elle ouvre en réalité la porte à sa réelle vocation : entraîneur. Assidu aux séances distillées par son formateur, Horacio Bongiovanni, Alfaro n’a pas hésité à proposer ses services à Silvio Fontanet, président de l’Atlético, les crampons à peine raccrochés. Un galop d’essai, venu lancer une vie de baroudeur. « J’ai toujours voulu devenir entraîneur, mais ça m’a toujours paru comme quelque chose d’infaisable. J’ai commencé tout en bas à Rafaela, une ville où il y a plus de passion pour la course automobile que pour le football. Ce que j’ai fait, c’est donc prouver que j’étais capable de gérer le club de ma ville, puis d’essayer d’en faire de même dans l’élite. » Suivent alors Quilmes, Patronato, Belgrano ou Olimpo pour étoffer le parcours d’un homme visant toujours plus haut.

 Je dis toujours que l’intelligence du joueur est plus importante que son expérience, car la tactique c’est bien, mais l’homme c’est mieux.

La Tri sélective

Ce point de bascule, Alfaro pensera même l’atteindre à 43 ans, en 2005, quand San Lorenzo, l’un des « Cinco Grandes » du football argentin, le sollicite. Mais quand le destin passe par des chemins de traverse, il faut l’accepter. Résultat : six mois, seulement 22 matchs et un retour à la case départ. Pourtant, si les écuries de moindre envergure s’enchaînent, la patte Alfaro gagne vite la Pampa : un style ultra-offensif, une appétence démesurée pour le jeu en triangle, mais surtout une bonhomie caractéristique, pour ce tacticien-psychologue. Car en Argentine, Alfaro fait partie de la caste des « Profesores », ces philosophes du sport, tels Marcelo Bielsa, Jorge Valdano ou Carlos Bianchi. « Je dis toujours que l’intelligence du joueur est plus importante que son expérience, car la tactique c’est bien, mais l’homme c’est mieux. C’est pour cela que je fonctionne avec ce principe bouddhiste : je ne cherche pas à obtenir les choses, je patiente. Et si l’espoir naît en moi, c’est que quelque chose de bon ne tardera pas à arriver. » Tout un programme.

La patience ne tarde pas à payer, pour celui qui goûte d’abord à l’élite avec Boca Juniors en 2019, avant de poser ses valises à Quito donc, un an plus tard. La prise de risque est d’ailleurs maximale pour Alfaro, engagé à l’aveuglette dans une sélection en plein chamboulement. « Dès mon arrivée, plus aucun joueur ne souhaitait venir en sélection.(L’Équateur venait de manquer la qualification pour le Mondial 2018, NDLR.)En Équateur, la crise sportive mêlée aux clivages ethniques a eu raison de l’unité nationale. J’ai donc dû discuter avec chacun d’eux. Je prenais un maillot et je leur disais : « Si l’écusson est situé à gauche, c’est pour que tu joues avec ton cœur. Et si ton nom est placé au dos, c’est pour que tu portes la nation sur tes épaules. » C’était de la rhétorique, mais ça m’a permis de réveiller leur volonté patriote. » Ce rôle de profiler lui permet en effet de ramener la Tri en Coupe du monde, et d’assurer un véritable rôle de protecteur auprès de ses joueurs et de leurs compatriotes.

Papa poule

« Lorsque j’ai été nommé, on m’a dit :« Nous plaçons entre vos mains les espoirs de 17 millions de personnes. » Mais il ne s’agissait pas de leurs espoirs, j’avais reçu la responsabilité de ne pas décevoir une nation entière. » Parti en guerre sportive, Alfaro n’a ainsi pas tardé à faire l’unanimité auprès de ses 26 jeunes protégés (25,3 ans de moyenne d’âge, soit la deuxième plus jeune sélection du Mondial, derrière les USA, 23,7 ans). Ce rajeunissement volontaire, que l’intéressé considère comme « primordial, afin de révéler des hommes, en plus des footballeurs », s’est révélé être un atout majeur.

Encadrées par les aînés Enner Valencia et Hernán Galíndez, les ouailles sont ainsi attentives aux consignes du sexagénaire, à l’image de son 4-4-2 caractéristique et respecté à la lettre. Ultime symbole de cette dimension de papa poule, son intervention en conférence de presse, avant de défier le Qatar, et alors qu’un journaliste questionnait Moisés Caicedo, 21 ans, sur les polémiques liées à cette Coupe du monde. « Pourquoi vous posez ce genre de questions à un jeune garçon ? Ce n’est pas très sympa, temporisait le coach, tout en tapotant l’épaule de son joueur afin de le rassurer. Ce sont des footballeurs, qui veulent prendre du plaisir et profiter de leurs rêves. » Fédérateur, voilà donc aujourd’hui Gustavo Alfaro aux portes d’une phase finale de Coupe du monde. Prêt à pousser ses rêves encore plus loin, et à embarquer son groupe d’adeptes avec lui. Car on doit toujours écouter son professeur.

Dans cet article :
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Par Adel Bentaha

Propos de Gustavo Alfaro tirés de France Football, FIFA.com et par Mathieu Rollinger, à Doha.

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