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Guizmo : « Je me suis battu pour Zidane ! »
La semaine dernière, le festival des Ardentes fêtait solidement son dixième anniversaire avec une programmation incroyable. Parmi celle-ci, la présence de Guizmo, qui n’en finit plus de monter dans le rap hexagonal. Juste après son concert, le rappeur de Villeneuve-la-Garenne a accordé quelques minutes à So Foot pour parler ballon rond, PSG, Pauleta. Et Zinédine Zidane, bien sûr.
Quel est ton rapport au foot ?Un rapport un peu spécial, car j’étais semi-pro avant de tout niquer, à cause de ma connerie, de l’alcool et du shit. J’ai fait les sélections à l’AJ Auxerre, quand j’avais 15 ans et demi, 16 ans, quelque chose ça. Je devais rester au centre de formation, ils m’avaient accepté, mais derrière il y a eu tout ça (il montre sa bière et sa cigarette) et du coup, je n’y suis pas resté longtemps, à peine un mois, je crois. Mais je regrette rien, je suis très content d’être là où j’en suis. Et puis là, je peux dire ce que je veux, alors que là-bas on devait fermer notre gueule. Dès le plus jeune âge tout est contrôlé, tu ne peux rien faire. Sinon, avant ça, j’avais fait pas mal de petits clubs. De toute façon, à l’époque, on jouait tout le temps. Moi j’étais neuf et demi, le mec qui tourne autour de l’attaquant. Ça, c’était mon poste de prédilection. Aujourd’hui, même si j’ai gardé un goût amer par rapport au foot, je continue de regarder les gros matchs.
Quel est ton club préféré ?En France, le PSG, évidemment. Et sinon, en Europe, j’aime beaucoup le Barça. Le PSG, j’étais supporter de ouf, depuis l’époque de Jay-Jay Okocha, je me souviens de mon père qui était comme un dingue devant les matchs. Il y avait Ronaldinho, Pauleta, c’était la grande époque. On était moins high-tech que maintenant, mais en vrai, on était plus prestigieux. C’était pas pareil… On jouait le maintien, hein, mais bon, on était tellement fiers quand on s’en sortait. L’époque où j’ai le plus été à fond, c’était 2004-2007, quand j’étais au collège. On parlait foot tous les jours, on y jouait tous les jours, c’était notre vie.
Et qui est le joueur que tu idolâtrais le plus à cette époque ?Pedro Miguel Pauleta ! Pour moi, c’est le charisme incarné. J’aimais tout chez lui. C’était mon Iron Man du PSG, je te jure. Ce joueur-là, c’était n’importe quoi ! Okocha, j’aimais grave aussi, même si j’étais encore plus jeune à cette époque-là, c’était vraiment quand je regardais les matchs avec mon père. J’aimais bien le côté festif de son jeu, il faisait des trucs de malade, il dansait sur le terrain, le mec. Ses roulettes, c’était un truc de fou, il a même inventé des gestes techniques, le gars.
Il y a un match du PSG qui t’a vraiment marqué ?Franchement, sans être démago, tous les PSG-OM, je ne pourrais même pas t’en citer un. Encore maintenant, c’est une affiche que je ne pourrais pas louper. Il faut aller au studio ou je ne sais où, peu importe, laissez-moi tranquille, j’arrive quand j’arrive, là il y a PSG-OM. Je ne peux pas le rater. J’ai pas mal de potes qui supportent l’OM et ça se chambre pas mal. Après, j’aime bien les Marseillais, hein, il n’y a pas de soucis, mais l’OM je ne peux pas aimer. Quand l’OM perd, c’est toujours une petite victoire, même en Coupe d’Europe, mais je ne nierai jamais le fait que c’est un club prestigieux, il n’y a rien à dire.
Aujourd’hui, tu suis un peu moins le foot, du coup ?Ouais forcément, avec la musique, je suis toujours à gauche ou à droite, j’ai ma femme, je m’occupe de mon petit, j’ai moins le temps, quoi. C’est fini le temps de s’enfumer dans un petit appart avec quinze bières à mes pieds. Là je viens de réaménager mon balcon, faut que je fume dehors car il y a le petit, donc en vrai, le Guiz s’est stabilisé et c’est une bonne chose. Et dans cette nouvelle stabilité que j’ai trouvée, je ne suis plus dans le truc de partir voir des matchs à Bastille où je sais pas où avec untel ou untel. Je suis plus Netflix, maintenant (rires).
Et tu joues encore parfois ?Un petit peu, de temps en temps. J’ai quelques potes qui sont dans la musique et qui tâtent un peu le foot avec qui je vais jouer au five parfois. Mais c’est juste comme ça, histoire de se décrasser les poumons. De toute façon, un match à onze, ce serait impossible pour moi maintenant (rires).
Et alors, t’as gardé un bon niveau ?Bah écoute ça va, je me débrouille encore pas mal. Du moins, techniquement. Bien sûr, au niveau du cardio, je suis cramé de fou, physiquement je ne tiens pas vraiment le coup. Mais techniquement parlant, ouais, si tu me donnes un ballon, t’as pas à t’en faire (rires).
Tu parlais de ton amour pour le PSG. Et avec l’équipe de France, ça se passe comment ?Je suis français, j’aime mon pays. La France, c’est un beau pays, un pays qui a accueilli ma mère comme si elle était d’ici, donc forcément je suis toujours derrière eux quand ils jouent. Ces dernières années, on avait du mal à casser trois pattes à un canard, mais là, on revit un peu, je regarde les gros matchs.
Les succès de l’équipe de France, 1998 et 2000, tu t’en souviens un peu où tu étais trop jeune ?1998, je m’en rappelle à fond. J’étais en colonie, en Ardèche. C’était la première fois que je partais en colonie et je m’en souviens, j’étais parti pour 18 francs tellement on n’avait pas un rond. Pour te dire à quel point je m’en souviens, le jour de la finale, j’ai regardé le match avec un maillot de Manchester avec mon nom floqué. Je m’en rappelle méga bien. À l’époque, j’aimais pas du tout Emmanuel Petit, mais ce jour-là, il était remonté dans mon estime. Après le match, on avait foutu le bordel de ouf, c’était une colonie de cité, hein (rires). Je crois qu’on avait eu le droit de se coucher à 23h, un truc comme ça, mais pour nous, c’était un truc de malade, on n’avait même pas huit ans. T’es en colo, t’as huit piges, il fait beau, tu viens de gagner la Coupe du monde, franchement c’est vraiment un souvenir de ouf, c’était top ! Et puis Zizou, mon pote…
Un Zizou qu’on peut mettre sur un pied d’égalité avec Pauleta dans ton estime ?Ah mais au-dessus, même ! Zidane, il a tout gagné, il a réussi dans des clubs prestigieux, c’est une folie. Il n’y a pas grand-chose à dire sur lui tellement il était fort. Zidane, c’est vraiment quelque chose pour moi.
Tu n’étais pas trop triste, du coup, quand il prend son rouge en 2006 ?Eh ben, dis-toi que je suis encore en colo, avec la même association, et que je me suis battu avec un mec ce soir-là. La colonie nous avait amenés voir le match dans une sorte de grand parc où il y avait plein de monde, et moi l’après-midi, j’étais allé voler des bouteilles de William Peel dans un magasin ATAC, donc j’étais complètement bourré, et quand il met le coup de boule, je sais plus pourquoi, quelqu’un a dû faire une réflexion ou je sais pas quoi, moi j’étais vert, et là, bam, c’est parti en couilles. Une sacrée soirée de merde. Mais je peux dire que je me suis battu pour Zidane (rires).
Ça reste ton pire souvenir de foot ?Non, mon pire souvenir de foot, c’est de voir Marc-Vivien Foé mourir sur un terrain. Je regardais le match à la télé à ce moment-là, on le voit tomber et tout, et là t’as le flash info pour dire qu’il est mort. Franchement, j’étais vraiment pas bien. Ça m’a brisé les jambes, c’est vraiment le pire souvenir foot que j’ai.
Et aujourd’hui, c’est qui le joueur que tu kiffes le plus ?J’aime bien Nani. J’aime bien Gareth Bale aussi. Après, depuis tout petit j’aime beaucoup Wayne Rooney, avec son côté « lâche rien » . En ce moment, j’ai beaucoup d’affection pour Paul Pogba, aussi. Je trouve qu’il a une super vision du jeu.
Et t’aimes bien sa personnalité, son côté sûr de lui ?Ça, c’est un truc que j’ai toujours revendiqué, personnellement. Par exemple, moi quand je dis que je suis le meilleur dans le rap, c’est pas pour rabaisser les autres rappeurs, mais on fait des métiers de challengers et tu ne peux pas te réveiller chaque matin en te disant que tu vas être le deuxième ou le troisième. Et si on se dit l’inverse, soit on se ment à soi-même, soit on a une très faible estime de soi-même et ça ne sert à rien de faire ce genre de boulot. C’est un truc pour t’auto-motiver, et plus tu t’en convaincs, plus il y a de chances que ça finisse par se réaliser. Si tu arrives à te convaincre que t’es le meilleur, tu finis toujours par te rapprocher un peu plus de l’excellence.
L’autre fois, Benzema a fait une apparition dans un clip de Booba. Toi, tu mettrais quel footballeur dans un de tes clips ?Je mettrais bien Ribéry, j’aime bien son côté caillera (rires). C’est mon gars sûr, le Francky. Et puis j’aime bien son côté sincère. C’est un mec qui ressemble aux gens avec qui j’ai grandi. Qu’il parle bien ou qu’il parle mal, on s’en bat les couilles, il est là pour marquer des buts, pour jouer au foot. On ne lui demande pas d’avoir bac + 8 ou d’avoir eu 20 en philo. Il est là pour jouer au foot et il le fait bien, fin de l’histoire.
Propos recueillis par Gaspard Manet
Retrouvez Guizmo à la Cigale, le 22 octobre prochain.