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Guion : « Je n’ai pas d’explication rationnelle à cette saison »

Propos recueillis par Kevin Charnay
8 minutes
Guion : « Je n’ai pas d’explication rationnelle à cette saison »

Large leader de Ligue 2, le Stade de Reims file vers la montée et le titre. Le coach David Guion revient avec un calme olympien sur les ingrédients qui ont permis à ses hommes de maîtriser cette saison de la tête et des épaules.

Lors du tout premier match de Ligue 2 cette saison, à Nîmes, vous concédez deux poteaux dans le premier quart d’heure. Il y a mieux comme entame de championnat…En effet, en vingt minutes, on prend deux poteaux.

Lors des matchs de pré-saison, les gens étaient un peu sceptiques parce qu’on n’avait remporté qu’une seule rencontre sur six. Mais moi, j’avais abordé ces matchs-là comme des matchs de préparation justement. J’avais beaucoup expérimenté…

Ensuite, on refait surface tout doucement et puis on arrive à revenir dans le match pour finalement l’emporter 1-0. Et ce, grâce à un jeune du centre de formation, Axel Disasi, qui marque le but de la victoire pour son premier match en tant que titulaire. À travers ce match-là, il y avait déjà pas mal de signaux qui annonçaient une bonne saison. Ça nous a tout de suite lancé, car ce n’est jamais facile de gagner aux Costières en plein été, dans un stade plein et chaud. C’était déjà une belle performance. Ça validait tout le travail effectué durant la préparation. Lors des matchs de pré-saison, les gens étaient un peu sceptiques parce qu’on n’avait remporté qu’une seule rencontre sur six. Mais moi, j’avais abordé ces matchs-là comme des matchs de préparation justement. J’avais beaucoup expérimenté, cherché…

Durant cette préparation, sur quel point avez-vous mis l’accent ?Dans un premier temps, je voulais créer une cohésion de groupe parce que c’est essentiel en Ligue 2. C’est pour ça que sur les matchs amicaux, j’ai donné exactement le même temps de jeu à tous les garçons, sauf lors du dernier match où on s’était mis en mode « compétition » . Et j’ai tout de suite senti les garçons adhérer à notre discours. Mais tout ça ne peut être validé qu’à partir du moment où il y a des résultats quand la compétition arrive. Comme on a commencé avec cinq victoires d’entrée et qu’on s’est rapidement emparé de la première place, ça a facilité les choses.

Chaque saison, la Ligue 2 se distingue par une homogénéité assez incroyable. Comment expliquer que vous vous soyez retrouvés autant au-dessus du lot ?Je n’ai pas réellement d’explications rationnelles. La seule chose que je peux expliquer, c’est le fait qu’on a abordé tous les matchs de la même manière depuis la première journée. On a abordé chaque adversaire avec beaucoup d’humilité, mais aussi beaucoup d’ambition. Et surtout, on a joué à chaque fois pour gagner. Chaque match. Il n’y en pas eu un seul qu’on a préparé pour ne pas gagner. La différence s’est peut-être faite là. Mais de là à avoir un total de points aussi conséquent à ce jour, c’est quelque chose d’inimaginable au début de la saison. Il ne faut pas oublier que Nîmes et Ajaccio sont en train de faire un super championnat avec un gros total de points également. Ça met notre performance à nous encore plus en valeur. On avait 44 points au bout de la phase aller, et là, on est en train de faire encore mieux.

Comment vous avez fait pour installer cette osmose avec un tout nouveau staff, dès votre première année à la tête de l’équipe première ?Ma première grande satisfaction, c’est que quand j’ai présenté le projet au président et son équipe, ils m’ont non seulement écouté, mais ils m’ont mis dans les conditions parfaites pour réussir. C’est-à-dire que j’ai eu le staff que je souhaitais. J’avais dressé des portraits robots très précis des entraîneurs que je voulais. Et il se trouve que les garçons qui m’ont rejoint, que ce soit Stéphane Dumont ou Christophe Raymond, correspondaient parfaitement à ces portraits robots. Bien s’entourer de gens compétents, c’est la première pierre d’un édifice.

Vous êtes l’ancien directeur du centre de formation. Votre nomination à la tête de l’équipe première a-t-elle permis de renforcer cette proximité entre tous les acteurs du club ?La force du Stade de Reims, c’est cette unité de lieu entre le centre d’entraînement et le centre de formation.

Au centre de formation, je connais absolument tous les jeunes depuis la pré-formation, tous leurs prénoms, tous les éducateurs du centre.

Et avec ma promotion, ça n’a fait que renforcer ce lien entre l’équipe pro et le reste du club. Au centre de formation, je connais absolument tous les jeunes depuis la pré-formation, tous leurs prénoms, tous les éducateurs du centre. Et eux aussi me connaissent parfaitement. Je vais encore voir les matchs des U17 ou U19, je peux parler avec les parents, qui me connaissent aussi. Rien que ça, ça crée une sorte de proximité avec l’équipe pro, qui du coup ne se bat pas seulement pour elle, mais pour représenter tout un tas de gens.

Quelques jeunes que vous connaissiez très bien ont intégré l’équipe pro cette année. Avec quelle réussite ?Ça faisait forcément partie du projet. Le but était de monter en Ligue 1 avec des jeunes du centre de formation. On a vu éclore Jordan Siébatcheu, Rémi Oudin, Axel Disasi, Aly Ndom ou Grégory Berthier. Même Nicolas Lemaître, notre jeune gardien, a eu du temps de jeu. Ces garçons viennent du centre de formation et se sont vraiment révélés. Ils ont une vraie part importante dans notre succès cette saison. Ils ont pu s’épanouir, car ils ont été bien encadrés. Ils représentent un petit tiers de l’effectif, et je pense que c’est le bon dosage. Et puis, c’est toujours plus simple pour un jeune de bien grandir lorsqu’il évolue dans un environnement de confiance.

Vous avez encaissé seulement 18 buts en 32 matchs. C’est mieux que le PSG en Ligue 1. Comment expliquer cette solidité défensive ?Il a fallu combler le départ d’Anthony Weber en défense.

On en est à 19 clean sheets en 32 matchs cette saison, ce qui est quelque chose d’exceptionnel.

On l’a remplacé poste pour poste par Yunis Abdelhamid, un joueur d’expérience qui remplissait parfaitement les critères. On a également perdu Sam Bouhours pour les six premiers mois, qui a dû se faire opérer des adducteurs. On a fait une bonne pioche avec Youssouf Koné, que Stéphane Dumont connaissait bien du centre de formation de Lille. Donc en plus, on partait avec une défense un peu bricolée. Mais on a bien géré cette adaptation. Et puis cette solidarité de groupe qu’on a réussi à créer aide à bien défendre ensemble. On ne peut pas avoir une bonne défense sans une grande discipline collective. On en est à 19 clean sheets en 32 matchs cette saison, ce qui est quelque chose d’exceptionnel.

Grâce à vos résultats, vous avez eu la chance de pouvoir anticiper la montée en Ligue 1. Vous commencez déjà à vous y préparer ?Comme on est en train de vivre des semaines exceptionnelles, je demande à mes joueurs de bien rester ancrés dans le présent. Et comme je suis obligé avec mon staff d’avoir le même taux d’exigence que je demande à mes joueurs, je me dois de rester ancré dans le présent. Mais bien sûr que je commence à me projeter, sinon je ne fais pas bien mon travail. (Rires.) Je commence à émettre au président mes souhaits, mon cahier des charges pour la saison prochaine.

Comment appréhendez-vous, personnellement, votre passage en Ligue 1 en tant qu’entraîneur ?Je vais entraîner de la même façon. Je vais aborder les adversaires de la même façon, avec la même sérénité. Ce n’est pas parce que je passe au niveau au-dessus en Ligue 1 que je vais inventer des choses. C’est impossible. En revanche, il y aura des différences. Par exemple, il y aura une exigence supplémentaire sur l’adaptation en cours de match, le coaching. Il faudra être plus rapide, percuter plus vite. Mais le plus difficile à appréhender, ce qui va changer radicalement, c’est l’environnement extérieur. C’est la médiatisation. C’est surtout ça qu’il va falloir digérer rapidement, pas le cœur du métier.

Cette médiatisation soudaine, elle peut vous effrayer ? Ou a contraire vous exciter ?Non, aucun des deux. Ça fait quand même quinze ans que j’entraîne. J’ai 50 ans. Donc même si c’est ma première saison au très haut niveau, j’ai un peu d’expérience, et ce n’est pas quelque chose que j’appréhende. Je veux juste continuer à me faire plaisir. C’est l’essentiel.

En Ligue 1, Reims doit se préparer à souffrir. Et le groupe de cette année n’a pas réellement connu de difficultés. Est-ce qu’il sera prêt à batailler la saison prochaine ?Il ne faut pas croire ça. Pas mal de gens croient que tout a été facile, mais ce n’est pas vrai. C’est pour ça que j’insiste auprès des joueurs pour qu’ils savourent chaque victoire. Il y a beaucoup d’équipes qui nous ont posé des problèmes, beaucoup de pièges nous ont été tendus. Mais les garçons ont toujours su trouver les ressources. Ce qui veut dire que ce groupe a une vraie capacité à relever beaucoup de défis. Au contraire, quand on fait ça, on se prouve à soi-même qu’on peut accomplir de grandes choses.

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