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  • Ligue Europa – 16e de finale aller – Guingamp/Dynamo Kiev

Guingamp, à fond la forme !

Par Régis Delanoë
Guingamp, à fond la forme !

Au-delà du fait qu'un club de village avec l'un des plus petits budgets de L1 se trouve le seul encore en lice pour représenter le foot français en Ligue Europa, le plus remarquable dans cette épopée de la bande à Gourvennec, c'est la forme physique de l'effectif, avec une infirmerie vide et des joueurs qui pètent le feu alors qu'ils s'apprêtent à disputer leur 38e match officiel de la saison…

Le calendrier est surchargé, qu’ils disent. Jouer un match en semaine en plus du championnat le week-end, ça va nous faire perdre sur les deux tableaux, qu’ils développent. Un moment, il va bien falloir sacrifier une ou deux compétitions pour soulager l’effectif, qu’ils sous-entendent. Ils, ce sont les entraîneurs d’un paquet de formations françaises des années passées et même de l’actuelle, des coachs d’équipes ayant à se coltiner l’embêtante et si peu rémunératrice Ligue Europa. Ils ne l’aiment pas, cette compétition marathon qui vous oblige à jouer le jeudi soir, parfois à l’autre bout de l’Europe. Alors ils font seulement semblant d’y participer, quand ils ne la saquent pas carrément sans y mettre les formes. C’est devenu une telle habitude d’envoyer bouler cette fichue C3 qu’on avait fini par se dire que c’était obligatoire de procéder ainsi. « Non, mais tu sais, le championnat de France est trop exigeant par rapport à certains autres championnats nationaux, alors nous, on ne peut pas se permettre de la jouer à fond, tu comprends ? » Ben non justement, on ne comprend pas.

Pourquoi cravacher pour obtenir une qualification européenne sur une fin de saison si c’est pour ne pas la jouer la suivante ? C’est quoi le projet en fait ? L’intérêt du football n’est-il pas d’essayer de jouer toutes les compétitions à fond, quitte à prendre des risques, pour régaler les supporters, leur apporter des émotions ? Ok, la Ligue Europa rapporte peu d’argent, mais elle peut générer un engouement incroyable, offrir une belle fenêtre médiatique et populaire, et même vendre des tickets, des maillots et des produits dérivés bien plus qu’attendus, si on veut s’en tenir à des aspects plus matériels. Allez voir du côté de Guingamp s’ils ne sont pas contents d’avoir fait un all-in sur cette inespérée campagne européenne offerte en cadeau le 3 mai dernier au Stade de France, quitte à prendre des risques vis-à-vis de son opération maintien en Ligue 1. Les supporters sont contents, les joueurs sont contents, les dirigeants sont contents, même le comptable est content, avec un match à guichet fermé ce soir et des chiffres exponentiels de ventes de maillots depuis quelques mois.

Coucou Francis Gillot

Quand Guingamp a obtenu un ticket européen, beaucoup se disaient qu’il allait le gâcher. La force de l’habitude… Mais Gourvennec avait clairement prévenu au moment du tirage au sort – relativement clément – de la phase de poules : « Ce sera dur, mais c’est jouable, et on va tout faire pour se qualifier. » Un discours raisonnablement ambitieux, dans le bon ton. On le sentait vouloir prendre la compétition de manière positive, loin d’un Francis Gillot il n’y pas si longtemps par exemple, avouant clairement qu’elle le faisait ch… Résultat, le coach guingampais a su fédérer son groupe autour de cet objectif, le rendant accessible malgré l’inexpérience, se projetant chaque jeudi soir qu’il fallait jouer non pas comme une corvée, mais comme une chance. Durant l’automne, alors que l’équipe coinçait sérieusement en championnat, il aurait pu céder à la tentation de bazarder cette harassante Coupe d’Europe. Pourtant, il n’a pas dérogé de son objectif initial de qualification possible, choisissant d’aligner à chaque fois sa meilleure équipe pour les rencontres du jeudi.

Ses ouailles lui ont donné raison, jouant non pas en traînant des pieds, mais avec détermination et culot, allant chercher cet improbable ticket pour les 16es lors d’un périlleux déplacement à Salonique, où on leur promettait l’enfer. Un match intense, éprouvant mentalement et physiquement, qui a pourtant servi trois jours après à réaliser l’exploit au Roudourou face au PSG en l’emportant 1-0. C’est bien simple : ce parcours continental, au lieu de fatiguer l’effectif breton, l’a transcendé. Enchaîner les matchs a permis aux joueurs de ne pas cogiter lorsqu’ils étaient dans une mauvaise passe pendant l’automne. Autre effet bénéfique : ça a soudé le groupe qui, selon l’expression consacrée, « vit bien » . Dans le jeu également, multiplier les rencontres a permis de fluidifier les mouvements, de répéter en compétition les combinaisons qui ont permis de marquer tant de buts et de ramener autant de victoires depuis le début de l’année 2015, synonyme de maintien en très bonne voie. Si Guingamp se maintient cette saison, ce n’est pas malgré la Ligue Europa, mais grâce à la Ligue Europa !

30 joueurs à disposition

L’inattendue saison guingampaise permet aussi et surtout de mettre fin à cette croyance qu’un groupe de joueurs professionnels est dans l’impossibilité de jouer tous les trois jours, que seuls les gros clubs peuvent se le permettre, ou les clubs des championnats mineurs. Car les faits sont là : Jocelyn Gourvennec dispose actuellement, à l’amorce du 38e match officiel de l’EAG cette saison, d’une infirmerie absolument vide. Pour constituer son groupe de 19 joueurs pour cette rencontre face à Kiev, il en avait 30 à disposition ! Il peut se montrer très satisfait du travail de son staff, notamment de son adjoint Éric Blahic, chef des plots et des chasubles, maître es entraînements, ainsi que du préparateur physique Kevin Plantet. Bien sûr, les Guingampais ne sont pas des machines et n’ont pas été épargnés par les blessures, mais tous s’en sont remis à temps pour aborder ce nouveau rush de matchs en ce mois de février. Pas forcément un hasard, plutôt le fruit d’un bon travail dans le soin et la gestion des corps et des têtes.

Gourvennec a ainsi le luxe de pouvoir choisir des hommes dévoués à sa cause et la tactique pour les répartir sur le terrain. Il a même pu se permettre de faire souffler Claudio Beauvue, son atout offensif numéro un, dimanche, relançant l’ancien blessé Sylvain Marveaux à sa place, pour une solide victoire au bout. Preuve que la réussite actuelle de Guingamp ne dépend pas de la forme d’un seul joueur, si talentueux et décisif soit-il. Autre exemple : quand Christophe Kerbrat, joueur le plus utilisé la saison dernière, plonge physiquement à l’automne, Benjamin Angoua, recruté l’été dernier, est là pour le suppléer, dans un autre registre. Les joueurs sont interchangeables, aucun n’est mis au placard et tout ça au service d’un collectif dont Gourvennec parvient à tirer la quintessence. Le Dynamo Kiev peut bien débarquer au Roudourou avec une palanquée d’internationaux dans son équipe, elle trouvera en face d’elle une bande de mecs à fond.

Les notes de Koh-Lanta : la tribu maudite

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