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Guillaume Pape : « Thauvin, c’est une sauce instable »
Il a beau être la caution « bretonne » de l'émission Top Chef, dont la finale est diffusée ce mercredi soir sur M6, Guillaume Pape est supporter de l'OM. Mais comment un type qui fait des berlingots sarrasin à Anne-Sophie Pic peut-il préférer la bouillabaisse ? Il répond entre deux services.
Tu joues depuis janvier dans le club de Lopérec, dans le Finistère. Comment es-tu arrivé là-bas ? J’ai mon meilleur pote qui joue là-bas depuis deux-trois ans. Et en rentrant dans le Finistère, je me suis dit que j’allais reprendre le foot, j’ai mes dimanches en repos. Mon frère entraîne à Saint-Martin-des-Champs (à 40km de là, N.D.L.R), du coup les deux se sont battus pour avoir ma signature. (Rires.) Mais j’ai décidé d’aller avec mon meilleur pote, parce que ça faisait un bout qu’on n’avait pas passé du temps ensemble, et en même temps, je pouvais être plus tranquille à Lopérac… par rapport à Top Chef. Saint-Martin, c’est à côté de Penzé où je suis né, je connais tout le monde là-bas ! Ça m’aurait peut-être un peu saoulé… Ici les gens ne me reconnaissaient pas trop au début, c’est très bien comme ça.
Tu as commencé le foot à quel âge ?En club, j’ai commencé le foot à cinq ans. Mon grand frère a deux ans de plus que moi, donc quand il rentrait à la maison après les entraînements, il me les faisait refaire dans la foulée. Dans la cave, dans le jardin… Moi, j’avais trois ans, quoi ! On n’a pas trop joué ensemble, mais j’ai été surclassé quelques fois, du coup on a pu se retrouver en U18.
Ce week-end, c’était jour de derby contre Pont-de-Buis. En cuisine, on peut faire quoi avec du buis ?(Rires.) On a bien cuisiné avec du bois la semaine dernière… Avec du buis, on ne peut pas faire grand-chose ! Ou alors on peut faire du petit bois avec du buis. Sur le terrain, on s’est fait ramasser 4-0, mais Pont-de-Buis joue la montée, nous le maintien…
On a tenu les 40 premières minutes, puis un de nos joueurs s’est blessé. Tout seul, en dégageant, il s’est fait une entorse à la cheville et son tibia a un peu tourné. Plus de peur que de mal, mais trois semaines d’arrêt quand même. Je suis entré à sa place, je n’ai pas trop de condition physique alors je ne fais que filer des coups de main. Ça a fait une bonne pause d’un quart d‘heure le temps de le sortir et de vérifier que ça allait, puis on s’est pris un penalty et ils ont déroulé.
On te chambre sur les terrains en référence à Top Chef ? Sur le terrain non, mais en dehors oui. « Ah putain y a Top Chef ! Il fait bien à manger j’espère ! » , ou « Il s’occupe des casse-croûtes après le match ? » Des ragots de District, quoi ! Certains adversaires me félicitent pour mon parcours, mais c’est tranquille, les gens sont cool. Ceux qui me suivent sont contents du parcours.
Le coach de Pont-de-Buis t’a glissé un mot, non ?Ouais, ben il aurait mieux fait de me laisser gagner que de me glisser un mot… Il voulait savoir qui gagnait la finale, je lui ai dit : « Je vous le dis si vous nous laissez le nul. » J’ai essayé de négocier, et même pas la victoire, hein ! Rien.
Il paraît que le casse-croûte d’après-match n’est pas terrible…Déjà, je prends le temps de venir jouer, je ne peux pas en plus faire le casse-croûte ! C’est une petite sortie pour échapper à la cuisine et au restaurant, ça me permet de profiter d’un moment tranquille. Mais je ne sais même pas ce qu’il y a dedans (du pain et du pâté, N.D.L.R), j’ai pas le temps de rester ! C’est compliqué, faut aller au bar du coin… C’est un attrape-couillon leur casse-croûte, tu te laisses embarquer dans un demi-litre de bière à cinq balles et tu ne peux plus rentrer à la maison après.
Ça parlait foot un peu dans les cuisines de Top Chef ? Ouais, parce que Florian joue au foot aussi. Sam (Samuel Albert, l’autre finaliste, N.D.L.R), mon pote de l’émission, est supporter du PSG, et moi c’est plutôt l’OM, alors on se battait là-dessus. On est vraiment différents jusqu’au bout. (Rires.) On s’adore, on est allés se faire une soirée Ligue des champions chez un de ses potes un soir, pour mater un match de Paris. On était quatre-cinq, c’était le match contre Liverpool en novembre (2-1 au Parc). Avec les chefs, ça parle plus du Stade toulousain et de l’UBB que du Téfécé et des Girondins. Etchebest, Sarran et Darroze, ils sont du Sud-Ouest, alors…
Comment un Breton devient supporter de l’OM ?Ah, les supporters de Marseille, ils sont partout chez eux ! Tu en as autant en Bretagne qu’au Pays basque. Mon grand frère aussi est pour l’OM, mais ce n’est pas pour autant que je ne suis pas les clubs bretons. Là, on espère que Brest va monter en Ligue 1, ça devrait le faire. Il faut qu’ils gagnent contre Niort vendredi. Au tout début, quand j’étais gamin, j’étais pour Nantes. Pedros, Loko, Ouédec… j’étais fan. Puis après, je ne sais pas, on entendait moins parler de Nantes, plus de Marseille, et c’est resté.
Donc la victoire de Rennes en finale de la Coupe de France contre le PSG, t’étais content, mais sans plus.Ah je m’en foutais !(Rires.) D’un côté, ça m’a fait marrer de voir Paris perdre. Puis Rennes, ils ont un bel effectif, s’ils ne gagnaient rien, ça aurait fait une saison à la Marseille de l’an dernier : on joue sur tous les tableaux et on gagne rien.
Il ferait un bon coach, Michel Sarran ?Je ne crois pas qu’il y connaisse grand-chose. Mais c’est un bon coach en cuisine, je pense que son discours dans le foot pourrait être le même de temps en temps.
Chef Sarran, il est plus dans la tactique, la précision, les petits gestes… C’est un peu un Laurent Blanc. C’est quand même le gars qui a fait le plus beau jeu à Paris depuis le début de l’ère qatarie, moi je n’ai pas compris son éviction. Ils avaient plus de chances d’aller au bout en Ligue des champions qu’avec Emery ou Tuchel. Cette année, c’est pas foudroyant… Etchebest lui, il est dans le mental. À eux deux, ils feraient un bon duo d’entraîneurs, je pense.
C’est quoi ton régime d’avant-match ? Dans l’émission, on voit que tu adores mettre du beurre partout, il faut que ce soit gourmand…Des pâtes. Ou sinon j’aime bien aller jouer à jeun. Attention, la production a appuyé là-dessus : il est breton, il met du beurre…
Mais promis, je n’utilise pas tant de beurre que ça ! En général, on revient beaucoup à la cuisine traditionnelle, parce que les gens en ont marre des trucs qui n’ont pas de goût. Les plats en sauce, par exemple. C’est comme le jeu du Barça, maintenant les gens aiment voir Liverpool ou le Real, où ça tricote un peu moins. City, ça marche encore, parce qu’il y a Guardiola, mais moi, je n’aime pas ces jeux où ça bégaye autour de la surface pendant vingt minutes. Je préfère une bonne frappe des 35 mètres.
Il y a deux ans, quand tu jouais au Pays basque, il t’arrivait de jouer entre deux services le dimanche après-midi. Ouais, je finissais le service à 15h, je prenais la voiture, je mettais mon maillot, j’entrais sur le terrain, et je ressortais en début de deuxième mi-temps, vers la 55e, et je repartais. Faut être fan ! (Rires.) Mais à j’époque, j’avais la condition. Maintenant, je n’ai plus rien !
Tu joues meneur de jeu, comme en cuisine ?Je joue meneur de jeu, mais c’est comme en cuisine, je suis polyvalent. Je suis plus un 8-10 qu’un libéro, mais je peux jouer partout. Comme je peux faire de la pâtisserie ou du salé dans mon restaurant.
Il y a une expression du foot qui dit : « Ils ont pris le bouillon. » Une bonne fois pour toutes : mais de quel bouillon parle-t-on ?
On dit aussi : « On a pris le jus » , c’est marrant. Un truc amer, un peu trouble, avec des agrumes et du poisson un peu périmé, je pense… Une chose est sûre : si c’est moi qui mets le bouillon, il est bon.
Ta cuisine est très attachée au terroir, aux produits locaux. Quel joueur de football « local » te fait vibrer, toi ?Kerbrat ! Un type dur sur l’homme. Mathias Autret, aussi, milieu de terrain à Brest, je jouais contre lui quand j’étais gamin. J’aime bien regarder ce qu’il fait. Sinon Drogba, Ribéry, Thauvin… Le problème à l’OM, ces dernières années, c’est que c’est plus souvent les spectateurs qui nous font vibrer que les joueurs.
Thauvin, c’est l’équivalent de quel plat selon toi ?Thauvin, c’est une sauce instable. Ça peut vite se troubler et en même temps ça peut être exceptionnel.
Et est-ce qu’il y a un joueur que tu aimerais cuisiner ? Genre des abats d’Adrien Hunou.(Rires.) J’aimerais bien faire une moustache de Rami, frit minute. Avec des petits légumes du soleil, ce serait super.
Propos recueillis par Théo Denmat