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Guilavogui, simple coiffeur ?
Avec ses seules 38 minutes de jeu depuis le début de saison, Josuha Guilavogui a quasiment disparu de la circulation. En cause, un transfert à l’Atlético de Madrid dans les derniers instants du mercato et une concurrence folle au milieu de terrain. De quoi donner des sacrés maux de tête à l’ancien Stéphanois.
Josuha Guilavogui n’a que peu joué avec les Bleus lors des qualifications. À vrai dire, une seule titularisation en Géorgie pour ce qui reste comme l’une des purges de ce début de saison. Avec ses 78 minutes internationales dans les jambes, l’ancien Stéphanois a pourtant plus joué que dans son nouveau club. En chiffres, la copie de Guilavogui avec l’Atlético de Madrid fait de la peine pour celui qui était l’une des références de la Ligue 1 à son poste. Deux petits matchs joués depuis le 2 septembre dernier, date de son arrivée tardive. Entre ses trois minutes face au Celta Vigo (le 6 octobre pour la 8e journée de Liga), et ses 35 contre l’Austria de Vienne (4e journée de Ligue des champions), le néant. Des entraînements en boucle, des trêves internationales à la maison, et un gros point d’interrogation au-dessus de la tête : mais pourquoi donc un tel cirage de banc ? Concurrence exacerbée, trop faible, difficile apprentissage de la langue… Les hypothèses ne manquent pas. Les chances de le voir aller au Brésil ce sont, elles, envolées. Ou presque.
Simeone : « Il doit me prouver »
Première explication de ce temps de jeu réduit à peau de chagrin, une arrivée dans les derniers instants du mercato. Avec un bon de sortie de l’ASSE, Arsenal et l’Atlético de Madrid s’étaient positionnés. Contre un chèque d’une dizaine de millions d’euros, les Colchoneros remportent le pactole le 2 septembre. Une blessure pour sa première convocation retardera ses débuts. La forme stratosphérique du binôme Gabi-Mario Suárez fera le reste. À la fin du mois de septembre, les doutes sont officialisés par la sortie de Diego Simeone en conférence de presse : « Une chose est de travailler dans une autre équipe, une autre chose est de travailler avec nous. Moi, j’ai des joueurs énormes comme Gabi, Tiago ou Mario Suárez, qui, depuis un an et demi, sont énormes. Josuha travaille bien et nous mettons beaucoup d’espoir en lui, raison pour laquelle il est ici, mais il faut qu’il s’adapte à l’équipe. Et surtout, il faut qu’il montre durant les entraînements des raisons d’enlever Gabi, Tiago ou Mario. Il doit me prouver qu’il progresse. »
Des paroles aux actes, Diego Simeone prend en charge le Français. En compagnie de son adjoint Germán Burgos, il ne le lâche pas d’un pouce lors des séances d’entraînement. Dans l’entourage du joueur, on admet que, physiquement, Josuha Guilavogui a un retard certain à rattraper. Alors, il bosse et cravache, sans jamais se plaindre. La rechute de Mario Suárez, en délicatesse avec son genou, ne suffira pourtant pas à lui offrir du temps de jeu. La faute au niveau hallucinant d’un Tiago qui a retrouvé ses jambes de vingt ans. Avec sa doublette Tiago-Gabi, l’Atlético de Madrid est à un Barcelone près d’écraser la Liga. Clef de voûte du système du Cholo, le milieu de terrain madrilène affiche une mainmise déconcertante. Sans doute l’un des plus impressionnants d’Europe, il ne laisse pas de place au tâtonnement et ne permet pas d’expérimentation. Alors que le mois de novembre n’a pas encore refroidi la capitale, Guilavogui capitalise trois petites minutes de jeu face au Celta Vigo – il a connu plus de temps jeu en août avec l’ASSE. Une misère.
Guilavogui : « J’ai dû m’adapter »
La récompense interviendra le 6 novembre. Après avoir écumé les tribunes du Vicente Calderón ou son banc de touche, Josuha Guilavogui va connaître son premier baptême du feu. Avec ses déjà trois buts d’avance face à l’Austria de Vienne, Diego Simeone décide de le lancer peu avant l’heure de jeu. Son entrée ne va en rien chambouler les plans de bataille des Colchoneros. Auteur d’une bonne première, il débarque en zone mixte le sourire aux lèvres. « Ça me fait vraiment plaisir car le temps fut long, et aujourd’hui j’ai été récompensé de mes efforts, glisse-t-il. Le coach m’avait prévenu que si je voulais avoir du temps de jeu, il faudrait que je me batte à chaque entraînement. » Plus globalement, il avoue « avoir dû s’adapter » : « J’arrive dans un nouveau pays, dans une nouvelle équipe et une nouvelle culture de jeu. Je commence à comprendre de mieux en mieux mes coéquipiers, la philosophie de jeu que veut instaurer le coach. » Avec une qualif’ et une première place déjà assurée, il devrait avoir du temps de jeu ce mardi face au Zénith St Petersbourg, un match promis aux « coiffeurs » . De quoi se réchauffer un peu pour ne pas perdre définitivement de vue le Brésil.
Par Robin Delorme, à Madrid