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Guerrero quitte le champ de bataille

Par Alexandre Pauwels
Guerrero quitte le champ de bataille

Paolo Guerrero a jeté l’éponge. En dix années passées en Bundesliga, il n’aura jamais su confirmer les espoirs placés en lui, jamais su dépasser l’image de petit con qui lui colle à la peau. L’attaquant péruvien quitte la froide Allemagne, la froide Europe, pour regagner son continent et goûter à la chaleur brésilienne. À la recherche d’amour.

Samedi 3 mars 2012. Hambourg accueille Stuttgart pour le compte de la 24e journée de Bundesliga. Nous sommes à la 54e minute, Paolo Guerrero, l’attaquant local, déboule sur le gardien adverse Svein Ulreich, qui tente alors de protéger le ballon. On assiste au tacle assassin de l’année, avec un rouge à la clé pour le Péruvien. L’Imtech Arena peut tirer la gueule. D’autant qu’Hambourg perd la rencontre 4-0. Mais surtout, reste à se poser la question suivante : qu’est-ce qui est donc passé par la tête de l’attaquant ? À ce moment du match, sans doute la frustration d’une raclée, puisque son équipe était alors menée 3-0. Mais aussi un certain malaise.

De fait, Paolo Guerrero, cet éternel espoir, était très attendu cette saison. Une saison qui devait être celle de l’éveil, après une Copa América dantesque et un titre de meilleur buteur sur la compét’ (5 buts). Au final, il n’en sera rien, et ce bad boy de quitter la Bundesliga à la fin de la saison, avec seulement six buts marqués et cette agression comme étiquette. Dix ans passés dans le championnat allemand, et pas une seule fois le « buteur » n’aura passé le cap des dix réalisations sur un exercice. Dur. Mais au final, n’est-ce pas un syndrome propre à certains latinos, qui ont facilement le mal du pays ? Statistiquement, l’argument tient la route s’agissant de Guerrero. Dans les faits aussi. À 28 ans, il vient de rejoindre le Brésil, tiens. Manière de conjurer le mauvais sort, sans doute.

Chemin de croix

Paolo Guerrero a gagné très tôt son statut d’espoir du football. Il débarque en post-formation au Bayern en 2002, alors qu’il n’a que 18 ans. L’époque est propice, les latinos débarquent en masse en Bundesliga, tandis que son illustre compatriote Claudio Pizarro squatte déjà en Bavière. Le jeune Guerrero joue avec la réserve un long moment, et claque comme il faut (49 buts en 70 matchs) pour entrevoir sa chance en équipe première et y jouer un rôle de joker satisfaisant. Au bout de quatre saisons, il peut logiquement songer à une place de titulaire, ce que veut lui accorder Hambourg, qui l’enrôle contre 10 millions d’euros.

Commence alors le chemin de croix : blessures, bêtises d’adolescents, aérophobie, blessures… Paolo Guerrero jouera 6 ans en faveur d’Hambourg, et comme ça, en matant ses stats, on se rend compte qu’il ne sera pas allé au bout des choses : 51 buts en 183 matchs. Pas de quoi confirmer, et son statut, et le surnom de Depredador ( « le prédateur » en vf) qu’on lui a attribué au pays. En revanche, lorsque l’on observe ses chiffres avec la sélection péruvienne, le compte est bon, avec 19 réalisations en 41 parties. Ce qui en fait le meilleur buteur en activité de la Rojiblanca. Devant un mec comme Claudio Pizarro, le joueur étranger qui a claqué le plus de pions dans toute l’histoire de la Bundesliga et qui n’en cumule que 16 en sélection. Une sacrée équation.

Mal du pays ?

Ce comparatif est révélateur d’un échec européen. Alors ok, on a évoqué les blessures récurrentes, venues briser son rythme en club. Des pépins au niveau de la cuisse surtout, qui interviennent à intervalles réguliers. Puis la grosse tuile au début de la saison 2009/2010, avec une rupture des ligaments croisés du genou : opération, longue absence et, au moment du retour, l’apparition d’une maladie : l’aérophobie. La peur de l’avion, qui va retarder son départ de quelques mois supplémentaires. C’est con, il avait démarré la saison en trombe avec 4 buts en 6 rencontres… Le facteur malchance est également à prendre en compte dans ce cas-là. Mais les chiffres parlent, les gestes aussi (il avait également balancé une bouteille à la tronche d’un supporter en 2010, mais c’est encore autre chose, Ndlr).

Et si, au final, Paolo Guerrero appartenait à cette race de joueur latino avec un mal du pays incessant, qui rejaillit sur l’humeur et les performances ? Possible, en effet. Et à 28 ans, pas impossible qu’il ait voulu confirmer cette tendance en signant au Brésil, en retrouvant de fait son continent chéri. Car après tout, s’il avait voulu poursuivre son expérience européenne, il aurait pu. Il avait même l’embarras du choix : Valence, Naples, Rubin Kazan. Choix du pays, de la langue, tout. Mais lui a choisi le retour. Pas au pays, quand même, manière de pas gâcher son talent dans un championnat inférieur. Corinthians, le meilleur rapport qualité/cœur, en gros.

Pérou, son amour

Car la cote du joueur, là-bas, sur le continent, est toute autre. On a parlé de ses cinq buts en Copa América, de ses buts en sélection. Guerrero est aimé et il le rend bien. Dans ses actions auprès de sa communauté, par exemple. Outre l’appui à des enfants en difficulté dans son pays, il était allé jusqu’à se faire ambassadeur d’une conférence sur la consommation du café péruvien en Germanie… Et il y a aussi les déclarations. Après son vilain tacle qui lui a valu 8 matchs de suspension, il a d’abord tenu à s’excuser auprès de ses supporters péruviens. Ceux d’Hambourg ont dû attendre. Nul doute que si le championnat inca avait été plus relevé, l’attaquant serait rentré au pays sans réfléchir.

Recruté contre 3 millions d’euros, Paolo Guerrero a paraphé un contrat de trois ans en faveur du Timão. Club récent champion du Brésil et de la Copa Libertadores. Club qui pallie d’avance sa vague de départs, prévisible du fait de son succès. De ce qu’adviendra Guerrero au Brésil dépendront bien des choses : la maîtrise de ses nerfs, la clémence de ses cuisses, l’amour et la chaleur que voudront bien lui octroyer les supporters. Chose qui lui a cruellement manqué durant ses derniers mois de galère. Néanmoins, et en cela Paolo a déjà réussi, il saura maîtriser ses peurs. Distance São Paulo – Lima : 3453 kilomètres. Ça peut se faire en bus.

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Par Alexandre Pauwels

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