- C1
- 3e tour préliminaire
- OM-Panathinaïkós (2-1, 3-5 T.A.B.)
Guendouzi, la tragédie grecque
Pour ce qui pourrait être son dernier match à l’OM, l’international français a vécu une soirée infernale face au Panathinaïkos, entre malchance, maladresse, et décisions arbitrales à son encontre.
Des couloirs du Vélodrome au hall de la gare Saint-Charles au petit matin, une question planait après la cruelle désillusion olympienne face au Panathinaïkós : « Était-ce le dernier match de Mattéo Guendouzi ? » Sur les quais, en attendant le OuiGo très matinal qui allait ramener chez eux des dizaines d’Olympiens à travers le pays, plusieurs groupes de supporters abordaient le même sujet, inquiets et marqués par une belle gueule de bois européenne. Si la réponse n’est pas encore certaine, il se pourrait bien que l’on ne revoie plus les boucles de l’ancien Gunner sous le maillot phocéen. La tragédie grecque du Pana, dans laquelle il a eu un rôle central, aurait alors été sa dernière sortie après une drôle de soirée pour lui, en quatre actes.
En VAR et contre tout
Entré à la 68e minute de jeu à la place d’Iliman Ndiaye, et acclamé par un public qui l’estime toujours autant, Mattéo Guendouzi a été envoyé au charbon par Marcelino pour tenir le score. L’OM menait alors 2-0, sans être inquiété. Prudent, l’Espagnol a remodelé sa formation en passant en 4-3-3, avec l’apport du guerrier frisé pour muscler son milieu et verrouiller le coffre. Coïncidence : c’est à partir de là que le navire phocéen a commencé à tanguer, reculant peu à peu pour finir par jouer à se faire peur. Mais attendre sagement l’ennemi, ce n’est pas le genre du joueur, qui a multiplié les rushs sur le côté droit, et tenté de mettre l’OM à l’abri. Chose inhabituelle, toutefois, il s’est souvent montré imprécis, notamment au moment de décaler Jonathan Clauss ou Ismaïla Sarr dans le couloir droit, mouvement si souvent répété sous cette tunique. Avec le recul, ce manque de justesse était un premier indice d’une soirée pas faite comme les autres pour lui.
Le problème, c’est qu’on parle d’un grand affectif, marqué par son déclassement sportif latent depuis plusieurs mois. À deux ans de la fin de son contrat, Guendouzi est toujours membre du trio de capitaines avec Samuel Gigot et Valentin Rongier, mais il passe surtout pour une des valeurs marchandes d’un club qui cherche à faire une belle vente. Numéro 4 dans la hiérarchie au milieu dans la tête de Marcelino, le vice-champion du monde transpirait le doute face au Panathinaïkós. Pas bien dans ses baskets, il a carrément passé la soirée à côté de ses pompes, même si tout n’a pas été de sa faute, loin de là. En vérité, tout aurait même pu tourner en sa faveur à la 90e+3 minute, quand Mancini l’a chargé dans la surface. À chaud, et au ralenti, la faute semble évidente, mais la VAR n’est pas intervenue. Ce qu’on croit alors anecdotique s’avère un tournant.
Le ciel lui tombe sur la tête
Car les dieux grecs avaient décidé de jouer un mauvais tour à Guendouzi, mardi, dans une soirée où « le destin ne voulait pas qu’on se qualife », a résumé Marcelino. Pour mener à bien son projet, le destin avait choisi Guendouzi comme victime. À la 90e+7, au duel sur un centre au second poteau qui filait en touche, le milieu a en effet vu le ballon lui tomber sur le bras. Le Panathinaïkós, qui n’avait frappé que deux fois jusque-là, a ainsi vu le penalty synonyme de prolongation tomber du ciel. Le début du cauchemar pour Guendouzi. Volontaire et engagé, le Français a ensuite exulté lorsque, à la 107e, Vitinha a poussé son centre au fond des filets, pensant donner la victoire aux siens. Il fallait voir sa rage, spontanée, au poteau de corner.
Mais la VAR, toujours elle, a de nouveau douché le Vélodrome pour un hors-jeu minime d’Ismaïla Sarr. Pas verni, Guendouzi a alors décidé de forcer son destin au caractère, en ouvrant le bal des tirs au but côté marseillais, après celui réussi par Ioannidis. Manque de pot : sa tentative, pas franchement tonitruante, a été sortie par Brignoli. Cet unique penalty raté côté marseillais a torpillé « l’Odyssée Massalia », vendue par la communication du club depuis le début de l’été. Du haut de ses 24 ans, l’international français (7 sélections, 1 but) a été le visage de ce naufrage, malgré la main tendue par Marcelino : « Mattéo est très triste, il n’a vraiment pas eu de chance aujourd’hui, y compris sur le penalty. Il a notre soutien complet. On partage la responsabilité en tant que groupe ». Un groupe dont Mattéo Guendouzi ne fera peut-être bientôt plus partie. Quoi qu’il en soit, il mériterait une autre sortie.
Par Adrien Hémard-Dohain, à Marseille