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Guela Doué : « Avec Désiré, on s’est vraiment tirés vers le haut  »

Propos recueillis par Clément Gavard

Depuis tout jeune, on parle plus de son petit frère Désiré que de lui. Pourtant, à 22 ans, Guela Doué commence à s’installer en Ligue 1 depuis ses premiers pas au Stade rennais la saison dernière et son transfert à Strasbourg cet été. Le défenseur poursuit son apprentissage, à son rythme, et prend plaisir à se mesurer aux meilleurs attaquants du championnat.

Guela Doué : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avec Désiré, on s’est vraiment tirés vers le haut  »

Au-delà des résultats (Strasbourg est 9e avec 13 points), on a l’impression qu’il se passe quelque chose sur le terrain depuis le début de saison. Tu le ressens aussi comme ça ?

Déjà, je trouve qu’on a un groupe qui vit bien. Je pense que les supporters se retrouvent en nous voyant jouer sur le terrain. On travaille dans une bonne ambiance, dans la bonne humeur, on est à l’écoute, on aime faire les efforts les uns pour les autres… Je trouve qu’on le voit sur le terrain. Il y a aussi beaucoup de jeunes (le Racing est l’effectif le plus jeune de L1 cette saison avec 22,1 ans de moyenne d’âge, NDLR), ça crée un lien particulier. On se comprend, il y a une connexion.

Dans le jeu, vous êtes une équipe très patiente sur les sorties de balle. C’est quelque chose que vous travaillez particulièrement à l’entraînement ?

Oui, on le travaille beaucoup à l’entraînement, ça commence dès ce qu’on appelle les goal kicks (les six-mètres). Après, il y a beaucoup de cheminements de passes qu’on travaille. C’est notre jeu : on n’a pas envie d’être juste une équipe qui balance le ballon, on veut avoir une identité.

En quoi ça permet à un joueur de s’épanouir plus facilement dans le collectif, d’avoir des principes aussi marqués ?

On a déjà beaucoup plus de repères : quand mon central a le ballon, je sais où me placer, je sais ce que je dois faire. Idem quand c’est mon excentré. Ça nous oblige à beaucoup communiquer entre nous, on progresse dans de nombreux domaines. Finalement, c’est un style de jeu très riche dans lequel on prend beaucoup de plaisir, car on a beaucoup le ballon. Et ça nous donne aussi plus de responsabilités : on se retrouve dans des situations qui peuvent paraître plus compliquées que si on dégageait juste le ballon.

J’aime trop tomber contre des attaquants rapides, techniques, ceux qu’on peut retrouver dans les gros matchs. J’aime me dire : voilà, ce gars, il ne va pas passer, et je vais le bloquer.

Tu signes à Strasbourg le lendemain de la nomination de Liam Rosenior. C’est quoi ton premier contact avec lui ?

On a vécu la première séance ensemble avec le groupe. Arriver dans un nouveau club avec un nouveau coach, ça remet un peu tout le monde sur les mêmes bases.

Qu’est-ce que tu as appris en trois mois passés avec Rosenior ?

J’ai commencé dans le monde pro il n’y a pas très longtemps, donc je n’ai pas connu beaucoup de coachs. J’ai beaucoup appris sur mon positionnement avec le ballon. Je joue aussi à un poste un peu différent de ce que j’avais à Rennes, où j’étais un latéral plus offensif. Ici, mon rôle est plus défensif avec une défense à trois et j’apprends tous les jours.

Aimer défendre, c’est quelque chose que tu as dû forcer pendant ta formation ou c’était déjà en toi ?

J’ai toujours eu ça en moi ! J’ai toujours aimé défendre, depuis tout petit. Ma formation, c’est comme défenseur, même si j’ai fait quelques matchs au milieu de terrain, mais je suis un défenseur avant tout. J’aime ça. Même à la fin des séances, je prends du plaisir à continuer à faire des un-contre-un avec mes coéquipiers pour m’amuser et progresser.

Quand on arrive au foot gamin, on s’identifie d’abord aux joueurs offensifs, à ceux qui font le spectacle. Comment on en vient à se dire qu’on a envie de les frustrer en les stoppant ?

J’aime trop tomber contre des attaquants rapides, techniques, ceux qu’on peut retrouver dans les gros matchs. C’est un challenge et c’est là où je prends du plaisir. J’aime me dire : voilà, ce gars, il ne va pas passer, et je vais le bloquer. Quand je fais de belles interventions défensives sans faire de fautes, quand je récupère la balle et que je montre à mon équipe que je suis là, c’est dans ces moments que je prends plaisir à faire mon métier. Plus je gagne des duels, plus je prends du plaisir.

Quitter Rennes, c’est surtout un choix personnel. Je sentais que j’arrivais en fin de cycle et que j’avais besoin d’un nouveau challenge pour progresser.

Depuis le début de ta carrière, il y a des duels avec des adversaires qui t’ont marqué plus que d’autres ?

Forcément, Mbappé. Il est tellement rapide, c’est une gestion différente. On peut faire preuve de vice, par exemple, ça fait partie du jeu. (Il avait joué avec ses nerfs en demi-finales de Coupe de France en avril dernier, NDLR.) C’était aussi un gros match contre Rafael Leão quand on a joué contre le Milan en Ligue Europa.

Quand tu fais face à ce genre de joueurs, est-ce que tu peux dire que t’es encore loin ?

Non, ça ne se passe pas comme ça. Bien sûr que je suis au niveau. Maintenant, les erreurs ça arrive, le but c’est de ne pas les reproduire. Contre Leão à San Siro, j’ai perdu un duel, mais voilà, ça se corrige !

Tu es arrivé au Stade rennais très jeune, tu as fait toutes gammes là-bas. Comment tu prends la décision de quitter le club l’été dernier ?

C’est le foot. Au bout d’un moment, il faut aussi faire des choix pour la progression. Ce n’est pas forcément facile parce que ça faisait plus de dix ans que j’étais au club. Mais voilà, c’est une nouvelle ville, un nouveau challenge, avec des objectifs.

Est-ce que ça avait un lien avec Julien Stéphan ? Tu sentais la même confiance de sa part ?

Je n’ai pas vraiment envie de rentrer dans les détails. Pour répondre brièvement, c’est surtout un choix personnel. Je sentais que j’arrivais en fin de cycle et que j’avais besoin d’un nouveau challenge pour progresser. C’était aussi sortir de ma zone de confort.

Tu n’as jamais été présenté comme un crack, voire comme un joueur destiné à évoluer un jour en Ligue 1 pendant ta formation. Est-ce que tu l’as ressenti et comment as-tu fait abstraction de tout ça ?

Une vie, une carrière, ça se construit chacun à son rythme. Certains ont de très grosses qualités et se révèlent très tôt. Ils comprennent le jeu plus tôt, ils sont prêts dès 16 ans ou 17 ans. C’est le foot qui change aussi. D’autres, c’est un peu plus tard. J’ai toujours été un bosseur, j’ai toujours cru en moi et ça a payé.

À quel moment tu t’es dit que tu pouvais devenir pro ?

Dès que j’ai commencé le foot. Bon, quand on est petit, c’est vrai qu’on n’y pense pas forcément, mais une fois arrivé au centre de formation, ça veut dire que les choses deviennent sérieuses. C’est aussi là que se met en place une discipline. Je ne jouais pas juste pour jouer au foot, mais pour aller en pro, fouler la pelouse du Roazhon Park et bien d’autres.

 

De quoi rêvait le très jeune Guela ?

Je me rappelle quand j’allais au stade avec la famille, je me disais que je voulais être sur le terrain et que j’allais y être. (Rires.) C’était le Stade rennais de l’époque, avec Costil dans les buts et Mexer en défense.

Le joueur que tu cites, c’est Mexer, un défenseur, quand certains auraient plutôt parlé de Ben Arfa.

Ah bah oui, je regardais le joueur à mon poste ! Après, je pense que tout le monde ne regarde pas les matchs de la même façon. Il y en a c’est juste pour s’amuser, moi j’essaie toujours d’observer comment le joueur agit, ses contrôles, ses passes, ses intentions de jeu, pour que je puisse les appliquer sur le terrain à mon niveau.

Lors de la saison 2021-2022, tu es victime d’une rupture des ligaments croisés. Comment tu gères cette grave blessure à un moment charnière pour un jeune joueur ?

Je me rappelle que c’était après une préparation, alors que je commençais à faire des entraînements avec les pros en même temps que mon frère. Au début, forcément, c’est beaucoup de frustration et de déception, mais je me suis tout de suite remis en mode travail après l’opération pour faire en sorte que cette blessure soit du passé.

Désiré, je ne l’ai jamais vu comme une superstar comme ça pouvait être le cas pour certains. Pour moi, ça reste mon petit frère.

On en parlait un peu plus haut, mais pour se focaliser sur la famille : comment tu as vécu justement d’évoluer aux côtés d’un petit frère (Désiré Doué) qui était lui considéré comme un très grand talent dès tout jeune ?

C’est mon petit frère, donc on jouait tous les jours dans le jardin ensemble, et je ne l’ai jamais vu comme une superstar comme ça pouvait être le cas pour certains. Pour moi, ça reste mon petit frère. Forcément, c’était inspirant et motivant de le voir toujours surclassé ou briller sur les terrains. J’avais envie de faire pareil ! On s’est vraiment tirés vers le haut, on était tout le temps ensemble, même pour travailler hors foot. C’était bien de se mesurer à lui, et même pour lui, c’était bien d’apprendre face à un bon défenseur. (Rires.) On a fait beaucoup de un-contre-un, c’était vraiment sympa.

On a pu entendre des personnes dire que tu étais juste là parce qu’il y avait ton petit frère. Tu as dû l’entendre, ça.

Oui, forcément, je l’entendais tout le temps. Mais bon, je n’écoutais pas. J’étais concentré sur ce que je savais faire, je croyais en moi et je savais que mon heure allait venir.

C’est ton petit frère, mais est-ce qu’il t’a quand même aidé au début de ta carrière avec sa précocité ?

Il est arrivé un peu avant moi chez les pros, donc il m’a beaucoup parlé et m’a donné quelques conseils quand c’était à mon tour. C’est rigolo parce que ça vient du petit frère, mais ça m’a bien aidé.

Vous étiez tout le temps ensemble en étant tous les deux au Stade rennais, est-ce que tu as eu une petite appréhension au moment de ne plus être dans le même club que lui ?

Pas du tout parce que je sais qu’on est très proches, et le lien ne se perd pas comme ça, même si on joue maintenant dans deux clubs différents. On s’appelle tout le temps, on se voit encore beaucoup. Chacun a son défi et je suis très content qu’on puisse s’épanouir, c’est le plus important pour continuer à progresser.

Depuis mars dernier, tu es international ivoirien. Qu’est-ce que ça fait et quel est ton lien avec ce pays ?

Mon père est ivoirien, je vais en Côte d’Ivoire depuis tout petit, c’est mes racines, et je suis fier de représenter ces couleurs. Ils avaient créé des liens avec la Coupe d’Afrique des nations, mais il faut savoir s’adapter et c’était un rêve. Il n’y a aucun problème, je suis juste heureux.

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Propos recueillis par Clément Gavard

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