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Guardiola prophète en son pays ?

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Guardiola prophète en son pays ?

A l'heure où le Barça ne tourne vraiment plus rond et fait la nique à sa philosophie, l'immense Guardiola est de retour, mais cette fois-ci sur le banc de touche. Reste à savoir si c'est pour le meilleur ou pour le pire.

Le football s’est toujours montré ingrat avec les porteurs d’eau, des mecs capables de cracher leurs poumons durant toute une saison sans que personne ne pense jamais à les remercier pour leurs sacrifices.

Il existe une autre catégorie de joueurs qui n’auront jamais la reconnaissance qu’ils méritent. Scholes, Xavi ou Iniesta (pour ne citer qu’eux) en font malheureusement partie. Bons partout, mais excellents nulle part, pas assez médiatiques, pas assez cons, ou tout simplement trop classes pour tirer la couverture à eux, ces gars-là ne seront jamais reconnus à leur juste valeur.

« Iniesta est un joueur de classe mondiale, mais comme il n’a pas les cheveux peroxydés, des tatouages ou un élastique dans les cheveux, personne ne s’en aperçoit. Comme tant d’autres avant lui, il mérite beaucoup plus de respect de notre part » .

La déclaration est signée Joseph Guardiola. L’ancien mythe du Camp Nou sait de quoi il parle, lui qui a trop longtemps été sous-estimé de la même manière que des ‘successeurs’ à qui il a pourtant ouvert la voie.

Avec son mentor Cruyff, le Catalan a sans doute été celui qui aura laissé le plus bel héritage au Barça : la culture du 6, et l’incarnation dans son jeu de ce que devrait être le football sur tous les terrains du monde : simple, clairvoyant, sobre, à une touche de balle, et toujours porté vers l’attaque.

En 2006, Guardiola met fin à sa carrière après une dernière expérience dans le club mexicain des Dorados, dans lequel il était dirigé par celui qui sera son futur adjoint, le fantasque Juan Manuel Lillo (surnommé le Valdano espagnol, pour ses théories sur le football).

Sa reconversion en tant qu’entraîneur ne se fait pourtant pas par dépit. La grande qualité de Guardiola ayant toujours été de diriger le jeu de ses coéquipiers (rappelez-vous ce bras toujours tendu pour donner des consignes à ses partenaires ; ‘Deschamps style’ mais en classe), raison pour laquelle le grand Johan n’hésitait pas à le surnommer « le bras droit avec deux pieds » .

En 1996, Valdano donne ses impressions sur un joueur qui selon lui « ne se fatigue pas de lutter contre la décadence dans le football » .

« Quand il joue au football c’est un excellent entraîneur. Il réfléchit tellement au match qu’il laisse l’impression qu’il a déjà joué plusieurs fois la partie avant même que l’arbitre n’ait sifflé le début de la rencontre. Il aime retrouver sur le terrain ce qu’il a imaginé en dehors » , poursuit-il.

L’ancien coach du Real avait encore une fois vu juste. Le style de Guardiola semblait trop facile pour être instinctif.

Il est donc plus vraisemblable que cette appréhension du jeu sera l’une des marques de fabrique du nouveau Mister catalan : une grande dose de philosophie Cruyfienne, le souci du détail et le carnet de notes de Van Gaal, et un zeste de réalisme à l’italienne hérité de Carlo Mazzone, son coach du temps où il évoluait à Brescia.

La vocation d’entraîneur semble d’ailleurs avoir définitivement germé de l’autre côté des Alpes, où le football se parle autant qu’il se joue : « Avec Baggio et Mazzone, nous passions notre temps à faire des théories sur le football. Il y a eu un moment où j’aimais plus en débattre que le jouer. Pour moi ça a été vraiment bénéfique, et ça m’a permis de faire doucement le deuil de ma carrière de joueur » .

Sa nomination au poste d’entraineur semble pourtant prématurée. Avec une seule année d’expérience en troisième division, sur le banc de touche du Barça B (qui est d’ailleurs leader du championnat), Guardiola n’offre pas des garanties de succès immédiates comme un Mourinho ou un Capello.

80 % des socios s’avouent même plutôt mécontents du choix fait par leurs dirigeants. Mais à y regarder de plus près, le choix du natif de Santpedor est tout sauf hasardeux. Il connaît la maison, les attentes, et la pression des socios et des médias.

Or, quand on sait qu’il a été capable de faire taire les rumeurs qui le disaient « très proche » de Figo (la légende urbaine voudrait que Pep, qui entretient toujours le mystère sur sa bisexualité, soit à l’origine du départ de Luis Figo au Real), on se dit que rien ne pourra vraiment déstabiliser Guardiola.

Mais le choix du jeune barbu (37 ans), c’est avant tout la volonté de pérenniser un style de jeu made in la Masia, « l’Adn blaugrana » comme il se plait à le rappeler. Une filiation génétique dont il est à l’origine. Autant dire qu’il sait de quoi il parle.

En engageant leur ancien capitaine, Laporta et compagnie ont également voulu s’équiper d’un paratonnerre en béton. Nationaliste convaincu, fils de républicain ayant fui en France sous la dictature de Franco, ami de Cruyff, et amateur de footballeurs du cru, Guardiola apparaît comme l’excuse idéale si les choses tournent mal.

Mieux – ? – le club n’aura pas non plus besoin de faire d’effets d’annonce, ni de dépenser des millions pour attirer des stars “médiatiques” que Pep s’est souvent fait un plaisir de fustiger : « Le public applaudira toujours le joueur populiste, celui qui dribble inutilement, qui court désespérément pour sauver un corner, qui gueule sur les partenaires quand les choses vont mal, et qui demande la balle quand l’équipe est en train de gagner » .

La page Rijkaard, Thuram, Ronaldinho, Henry et Eto’o sera définitivement tournée dès la saison prochaine, dans ce qui s’apparente déjà à une rupture tranquille toute bayrousienne.

Comme le leader léthargique du Modem, Guardiola a souvent fait l’éloge de la lenteur : « Dans le football comme dans la vie, le mérite revient souvent aux lents. Ils pallient leur manque de vivacité par une meilleure compréhension des problématiques » .

Dans un club où la sirène d’alarme est tirée depuis déjà deux ans, il faudra voir si Guardiola laissera un temps sa contemplation de côté. En effet l’homme a toujours été un cas à part dans le football espagnol.

Grand féru de littérature, et amateur de cinéma néoréaliste italien, Guardiola a toujours porté un regard engagé sur la société et notamment sur la politique. Zapatero l’a même invité à le suivre durant toute une année pour les besoins d’un documentaire destiné à la télévision espagnole.

L’année prochaine, l’ancien enfant de chœur de l’église de Santpedor connaitra un baptême de feu qui s’avèrera décisif pour lui : rester dans la légende du Barça ou prendre le risque d’égratigner l’image de son propre mythe. Une perspective qui ne semble pas l’effrayer plus que ça.

Et pour cause Pep, c’est un peu le John McClane de Piège de Cristal : il ne fait pas les choses pour qu’on le félicite, mais simplement parce qu’il considère que c’est son travail de mettre les choses en ordre. Un peu à la manière de Scholes, buteur inattendu et providentiel lors de la demi-finale contre le Barça…Le genre de mecs qui méritent vraiment qu’on s’attarde un moment sur eux.

Par Javier Prieto Santos

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