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Guardiola pour une révolution milanaise ?
Le Corriere dello Sport en est certain : du banc aux plus hautes sphères du Milan AC, des changements vont s'opérer. Car en ce moment même, quelque chose se trame via Turati. La condition pour que ça s’accélère : que Pep Guardiola débarque au club. Possible ? Oui.
« Pep m’a appelé pour me dire qu’il viendrait me rendre visite bientôt. Je lui ai demandé s’il venait en tant que touriste ou entraîneur, et il m’a dit :« Les deux ! » Carlo Mazzone, ancien coach de Guardiola à Brescia de 2001 à 2003, a lâché cette information un brin nébuleuse le 27 septembre dernier. Impossible, selon certains, que le technicien catalan aux 14 titres en 4 saisons au Barça, sorte de son année sabbatique à New York pour se rendre au chevet d’un club vieillissant, embourbé dans une crise sportive sans précédent sous l’ère Berlusconi. Mais justement, le grand patron rossonero ne compte pas faire les choses à moitié. Et là où la théorie déployée aujourd’hui par le Corriere dello Sport est pertinente, c’est que ce Milan sans stars ni paillettes semble vouloir construire sur l’avenir. De la jeunesse pour réussir en Italie ? Et si c’était ça, le défi qu’attend Guardiola ?
Pep, le point de départ
Avant de s’étaler sur une possible « révolution milanaise », il convient de préciser, d’insister même, sur le fait que tout est conditionné par l’arrivée de Pep en Lombardie. Un technicien qui voit les demandes s’amonceler sur le bureau de sa résidence de vacances, du côté de la Grosse pomme. Les plus grands clubs des plus grands championnats européens l’ont dragué tout l’été, et continuent encore aujourd’hui. Mais le défi le plus intéressant pour Guardiola n’est ni à Chelsea, ni au Bayern. Il est à Milan, un club en crise, qui vient de se séparer cet été de toutes ses stars (des vieux de la vieille comme Nesta, Seedorf ou Gattuso, aux immenses Thiago Silva et Ibrahimovic). Pourquoi ? Parce que Pep a tout à faire, à Milan. Tout est à reconstruire, et le fait de parier sur la jeunesse des joueurs et cadres, ne peut être qu’un argument qui pèse.
OK, le récent recrutement milanais n’est pas bandant, et, à première vue, ne va pas vraiment dans ce sens. On a plutôt tendance à retenir du dernier mercato les arrivées de Traoré ou Constant, des joueurs tout juste honnêtes, qui pour beaucoup n’ont rien à foutre dans un vestiaire qui un an auparavant avait tout de prestigieux. On oublie donc, au passage, que les De Sciglio, Niang et El Shaarawy sont là, eux aussi. L’intention de Berlusconi est donc claire : miser sur des pépites d’avenir. Forcé de changer de politique par les temps qui courent (finis les achats de stars vieillissantes pour des dizaines de millions d’euros), le boss milanais songe à une réorganisation de son organigramme. Pep est l’objectif absolu. Mais il n’y a pas que lui. Et c’est là, que c’est croustillant.
Un jeu de chaises musicales en prévision
En effet, ces changements seraient nombreux. Très nombreux, et très surprenants, aussi. Outre le départ obligatoire du coach Massimiliano Allegri en cas d’arrivée du Pep, on parle d’un coup de tonnerre, qui concerne Adriano Galliani. Le bras droit de Berlusconi (officiellement administrateur délégué) pourrait bien quitter le club, mais par la grande porte et pour un joli poste à en croire le Corriere, celui de président de la Lega Calcio. A sa place serait promue… Barbara Berlusconi. Une Lady B qui possèderait quelques favoris à certains postes stratégiques. C’est ainsi que Paolo Maldini, 44 ans, ancien capitaine et légende du club milanais, serait nommé directeur sportif, en lieu et place d’Ariedo Braida, qui occupe sa fonction depuis dix ans. De la jeunesse pour guider la jeunesse. La logique serait respectée, il faut dire. Passés les noms ronflants et connus, place aux hommes de l’ombre. Galliani parti et BB Blonde en vice-présidente, manque donc un administrateur délégué, un vrai.
Un rôle pour lequel deux prétendants sont positionnés. Le premier, le plus probable pour la succession d’Adriano, serait Claudio Fenucci. Un mec qui occupe actuellement le même poste à la Roma, un autre club en instance de réorganisation. L’alternative à cet ancien directeur technique de Lecce se nomme Giuseppe Biesuz (sacré blase), gestionnaire des transports ferroviaires en Lombardie, qui aurait déjà quelques billes bien placées. Tu m’étonnes… Mais subsiste une question : quand tout cela sera-t-il possible ? Si tout porte à croire qu’un homme comme Guardiola ne débarquerait à Milan que l’été prochain (de son propre aveu, puisqu’il a parlé d’ « une » année sabbatique), quelques éléments pourraient sauter à n’importe quel moment de la saison. Une saison qui devrait donc être la seule d’un Milan faiblard et sans ambition. Derrière les difficultés, la crise sportive et économique, il y avait donc un plan. C’est peut-être ça qui fait qu’un club est grand. Mais en attendant de voir si tout cela se concrétise, reste aux tifosi à serrer les dents, le temps que le changement se produise. Et puis, merde, avant cela, il y a un derby milanais à disputer, dimanche soir. Sans Pep.
Alexandre Pauwels