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Guardiola n’a pas misé sur les bons latéraux français
La trentaine passée, les anciens Gunners Gaël Clichy et Bacary Sagna peinent à répondre aux énormes exigences de Pep Guardiola. Qui a recruté partout cet été, sauf au poste de latéral. Mauvaise idée. Surtout quand on voit l’apport de Mendy et Sidibé à Monaco.
Claudio Bravo. İlkay Gündoğan. John Stones. Nolito. Leroy Sané. Gabriel Jesus. Le tout pour plus de 200 millions d’euros. À la fin de l’été 2016, on croyait donc Manchester City paré pour une saison d’enfer. Avec leur armada (notamment offensive), les Sky Blues de Pep Guardiola avaient tout pour réussir une première année excitante. Oui, mais en y regardant de plus près, l’effectif présentait déjà un point faible évident. Outre les méformes qu’on ne pouvait pas prévoir concernant la charnière centrale et du gardien de but, un énorme manque concernait le secteur des arrières latéraux.
Après s’être fait éliminer par Monaco en huitième de finale de la Ligue des champions, Guardiola n’aurait ainsi pas choisi Kylian Mbappé, Bernardo Silva, Thomas Lemar, Tiémoué Bakayoko ou Danijel Subašić s’il avait pu piocher dans le groupe de la Principauté. Non, il aurait opté pour Benjamin Mendy et Djibril Sidibé. Soit les deux latéraux qui sont en passe de gagner leurs galons de titulaires en équipe de France, où Gaël Clichy n’a plus été convié depuis novembre 2013 et où Bacary Sagna ne représente plus l’avenir. Sagna/Clichy, un tandem que Guardiola utilise quasiment par défaut, faute de posséder beaucoup mieux dans son package squatté par Aleksandar Kolarov et Pablo Zabaleta. « Guardiola n’a sans doute pas eu le temps de trouver des latéraux cet été » , excuse Jocelyn Angloma, qui connaît bien le poste.
Sagna/Clichy, pas fait pour Pep ?
Un problème quand on souhaite évoluer avec des idées « guardiolesques » . Dans la tête de Pep, les joueurs de couloir possèdent en effet un rôle déterminant. Dans l’apport offensif, ils sont censés représenter l’élément supplémentaire pour contourner le bloc adverse. Pour le faire bouger. Pour créer l’espace et le surnombre. Pour faire exister l’ « homme libre » , quitte à zapper l’aspect défensif. « Quand une équipe veut la possession de la balle, ça réclame des latéraux très actifs, qui n’hésitent pas à se livrer offensivement, ajoute Angloma. Le plus souvent, l’adversaire est bien organisé et parvient à bloquer le milieu, à maîtriser correctement les attaquants. Donc il ne reste que les arrières latéraux pour faire la différence. »
Or, cela nécessite un style porté vers l’avant, une présence considérable aux côtés des attaquants et des jambes de feu. Ce que n’ont pas – ou plus – Sagna et Clichy. À la différence de Mendy et Sidibé, excellents dans ce registre. « Zabaleta possède un peu ce côté offensif tant recherché par Guardiola, mais c’est vrai que Sagna et Clichy ne sont pas des contre-attaquants de nature. Ils n’ont rien à voir avec la nouvelle génération qui monte et qui enchaîne les montées et les passes décisives » , confirme l’ancien arrière droit tricolore, bien conscient que le corps de Zabaleta lâche régulièrement ces dernières années.
La trentaine difficile
Attention : Clichy et Sagna ne sont pas devenus des mauvais défenseurs. Mais leurs limites techniques et leur âge (31 ans pour le premier, 34 pour le second) les incitent désormais à gérer leur dépense d’énergie et à se concentrer sur le domaine défensif. « Il est très compliqué de se calquer sur le style de jeu prôné par des entraîneurs comme Guardiola quand on est « vieux ». Roberto Carlos a réussi, Daniel Alves aussi… Mais ils demeurent des exceptions. » Angloma conseille même de ne pas tenter ce que les muscles ne semblent pas pouvoir proposer : « Quand on prend de l’âge, il est nécessaire de limiter ses efforts, de s’économiser. Quand tu as dépassé la trentaine, il faut privilégier l’intelligence, la réflexion, la tactique. Regarde Patrice Évra : lorsqu’il est arrivé à l’Olympique de Marseille, il a pris l’eau parce qu’il a essayé de participer offensivement alors qu’il n’en a plus vraiment les capacités. Dès lors, il vaut mieux jouer avec la tête qu’avec le cœur. »
Qui pour la saison prochaine ?
L’absence de « top latéraux » expliquerait donc en partie les résultats décevants de City cette année. « D’ailleurs, on voit bien que Guardiola n’a pas trouvé la formule sur les côtés. Il change beaucoup, il essaye… Et il constate bien que ça ne va pas, reprend Angloma. On peut donc s’attendre à ce qu’il s’active à ce poste sur le prochain marché des transferts. » L’entraîneur catalan n’a ainsi jamais vraiment tranché entre Fernandinho, Clichy et Kolarov à gauche. Pas plus qu’il ne privilégie Sagna ou Zabaleta à droite (une dizaine de titularisations chacun en Premier League).
Difficile, dès lors, d’habituer ses poulains à passer à trois derrière quand ils sont en possession de la balle (l’un des latéraux passant dans l’axe, l’autre montant d’un cran). « Si on inversait les latéraux de Monaco avec ceux de City et qu’on refaisait le huitième de finale, je peux vous dire que les Monégasques auraient énormément de mal à obtenir le même résultat, imagine Angloma. Voyez lors du match aller : dès que Zabaleta est rentré, la donne a changé et Monaco a eu d’immenses difficultés à défendre. » Et si elles étaient là, les premières pistes pour le mercato estival de Guardiola ?
Par Florian Cadu