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Guardiola, le difficile
« C'est la période la plus difficile depuis que je suis arrivé ici. » En une phrase, Josep Guardiola a surpris tout son auditoire, dans une situation pourtant idéale avec le Bayern Munich. Mais pourquoi l'ancien coach du Barça parlait-il de difficulté ?
Il était temps pour Pep Guardiola de raccrocher. Après une dernière pige chez les Dorados de Sinaloa, dans l’obscur championnat mexicain, le milieu de terrain international termine sa carrière de joueur à l’été 2006, et va prendre le temps avant de décider de son avenir. Enfin, c’est ce que l’on pense. Déjà au courant que son passé est derrière lui, l’ancien capitaine du FC Barcelone prépare sans le savoir vraiment son avenir proche. C’est à la Ciudad del Futbol, équivalent du Clairefontaine espagnol dans la banlieue de Madrid, que Pep suit des cours d’entraîneur. Dans le SO FOOT hors-série tactique, Oscar Callejo, secrétaire de l’école, donnait son avis sur le potentiel de l’élève. « L’école nationale de football espagnole ne délivre pas de classement une fois que les candidats sont diplômés. En revanche, ce que je peux vous dire, c’est que Guardiola faisait largement partie des trois meilleurs éléments de sa promotion. » Un homme consciencieux et méthodique dans son travail, sans aucune appréhension de passer des journées entières à étudier les bases techniques pour devenir un coach confirmé. Durant sa carrière de joueur, Pep aura passé onze saisons au Barça. Onze saisons au cours desquelles il aura remporté une C1, une C2, six Liga et deux Coupes du Roi. Un palmarès riche, en somme. Et si, souvent, le passage de joueur à entraîneur se fait avec difficulté, des légendes du football comme Johan Cruijff ou Franz Beckenbauer sont arrivées à gagner des trophées sur les deux terrains, elles aussi. Et cela est dû à tout sauf au hasard.
L’homme presque parfait
Après un séjour passé à Buenos Aires où il rencontrera successivement Luis Menotti, champion du monde 1978 avec l’Argentine et premier sélectionneur à avoir fait débuter Diego Armando Maradona avec l’Albiceleste, puis Marcelo Bielsa, Pep Guardiola se passionne pour le métier d’entraîneur. Un tournant fondamental d’où il ressort une idée fondatrice dans son jeu, comme il l’explique à Marca en octobre 2006 : « Dans l’histoire du football, on a gagné avec des styles très différents. Il faut faire les choses comme on les sent. Moi, je crois que c’est à partir du ballon qu’on doit commencer à construire une équipe. » Une philosophie qui va pousser Txiki Bergistain à engager la future machine à titres du Barça.
D’abord formé au sein du Barça B dès 2007, Guardiola prend le relais de Frank Rijkaard à peine un an plus tard. Une énorme prise de risque, quand on sait que le néo-coach n’avait encore rien prouvé sur les bancs, si ce n’est une accession de la réserve en Liga Adelante. Après quatre ans à la tête du Barça, force est de constater que le bilan est exceptionnel : quatorze titres récoltés, dont 2 Ligues des champions, trois championnats et deux Coupes d’Espagne. En quatre ans, Pep aura donc récolté presque autant de titres que dans sa carrière de joueur et marqué à vie le FC Barcelone de son empreinte. Gagner, gagner et encore gagner. Mis à part une défaite restée dans l’histoire contre l’Inter Milan de José Mourinho, puis Messi ratant un penalty décisif pour éliminer Chelsea deux ans plus tard, Guardiola sera l’homme presque parfait d’un Barça considéré par beaucoup comme la meilleure équipe de tous les temps. Guardiola ne connaît presque plus la défaite, et cela commence à se ressentir dans sa personnalité.
L’exigence, clé du succès
Depuis deux saisons, Guardiola a repris ses activités au Bayern Munich avec toujours autant de réussite. Bien sûr, le Borussia Dortmund a dû se résigner à laisser filer ses deux joyaux, Mario Götze et Robert Lewandowski, au rival honni. Mais le travail de fond de Pep ne peut pas être remis en question par cette simple constatation. Toujours très impliqué dans son travail, Pep vit à travers son groupe et lui donne une force collective déterminante. Il leur donne de l’amour, comme en témoigne cette phrase adressée à Holger Badstuber lors d’un simple toro à l’entraînement, en stage de mi-saison à Doha : « Yes, Badstuber, I love you ! » Mais il sait aussi recadrer son groupe par la provocation, comme lors de ce match en Supercoupe d’Allemagne, perdu en 2013 sur le terrain du Borussia Dortmund (4-2). Alors que son équipe est menée au score à la 77e minute, Pep prend son poulain Thiago Alcántara à partie et lui assène une gifle au milieu de tous ses camarades pour le mobiliser davantage. Pep est un gagnant dans l’âme, et comme tout vainqueur, la défaite est son pire cauchemar. Même en dégommant le Shakhtar Donetsk 7-0 en huitièmes de finale de Ligue des champions. Même avec dix points d’avance au classement sur son dauphin en Bundesliga. La recherche de la perfection continuelle, c’est Pep Guardiola.
Par Antoine Donnarieix