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Guardiola, au nom du Pere
Nouveau pensionnaire de Liga depuis cette année, le FC Gérone réalise un début de saison honorable pour sa première dans l’élite. Opposés au Barça ce samedi, les Blanquivermells vont bénéficier d’un renfort de poids dans cette rencontre : Pere Guardiola, frère de l’homme au plus gros palmarès d’entraîneur au FC Barcelone.
Les visages de deux hommes se ressemblent comme deux gouttes d’eau : un crâne dépourvu de cheveux, un nez pointu, le sourire démonstratif et la barbe de quatre jours. Chez les Guardiola, la bonne ambiance est au rendez-vous. Pep, actuel entraîneur de Manchester City, trône sur la Premier League après cinq journées et vient de laminer ses deux derniers adversaires : 5-0 contre Liverpool à l’Etihad Stadium, puis 6-0 dans l’antre de Watford. Mais si El Filósofo analyse match après match les prochaines confrontations des Citizens, il garde un œil attentif sur la Liga. D’abord pour suivre l’actualité du Barça, son club de toujours. Mais Pep suit aussi les performances du FC Gérone, promu catalan où la famille Guardiola est représentée en coulisses. Elle ne se situe pas sur une pelouse, ni même dans un vestiaire, mais plutôt en tribunes. Homme d’influence devenu propriétaire d’un club membre de la Liga Santander, le grand frère Pere connaît à son tour sa part de succès, avec ses zones de lumière et d’ombre.
Le beurre et l’agent du beurre
L’histoire de Pere Guardiola dans le football ne date pas d’hier. Aujourd’hui, Gérone bénéficie d’un partenariat, noué avec Manchester City en 2015, pour se voir prêter une flopée de jeunes promesses. Pablo Maffeo, Aleix García, Douglas Luiz, Marlos Moreno et Olarenwaju Kayode sont les perles mancuniennes mises dans les mains catalanes cette saison, et le saint Pere joue un rôle prépondérant dans ces recrutements. Il faut dire que les autres fonctions de l’homme influent aussi sa capacité de recrutement. Tête d’affiche de Media Base Sports, géant économique de la représentation des clubs et sportifs de haut niveau, Pere possède du réseau. Ainsi, des cracks comme Luis Suárez, Andrés Iniesta ou Thiago Alcántara bénéficient des services de Pere pour peaufiner leur image. Depuis le Royaume-Uni, le détenteur de 55% des parts de la société gère l’entreprise espagnole et profite des bénéfices occasionnés pour les placer en Suisse ou à Malte. Si la technique n’est en rien illégale, elle s’avère être de bon usage au moment d’évaluer le montant total de ses impôts. Un fin tacticien, comme son frangin.
Originaire de Sampedor comme toute la famille Guardiola, Pere est entré dans la sphère du Barça depuis 1997. Alors que le petit frère s’occupe d’organiser le milieu de terrain blaugrana brassard au bras, le cadet d’une fratrie de quatre intègre le groupe Nike comme gestionnaire du patrimoine des joueurs, clubs, fédérations ou évènements sous contrat avec la marque à la virgule. D’abord dans la branche marketing, son accointance avec Sandro Rosell se dessine avant que ce dernier soit promu directeur pour l’agence américaine au Brésil. Cantonné à l’Espagne, Pere profite de ce filon pour optimiser ses intérêts au pays du football. En 2004, le chargé des contrats de joueurs ibères fait un fantastique coup double pour devenir gérant des intérêts de Ronaldo et Ronaldinho, les deux symboles du joga bonito. Sa cote de popularité croît au fur et à mesure des mois, jusqu’à ce que Jaume Roures le contacte pour le recruter chez MediaPro. Ensemble, ils construisent ainsi Media Base Sports et le succès que l’on connaît. Un long chemin parcouru, où les succès de Guardiola comme entraîneur du Barça lui auront fait passer un cap supplémentaire.
« Stabiliser le club en Liga »
Fervent défenseur de la cause familiale, Pere Guardiola observe au loin les rixes internes de Pep avec Rosell, devenu président du club en janvier 2010. Si Pere influe dans le transfert de Suárez au Barça à l’été 2014, Pep, parti à City, et Rosell, battu par Bartomeu lors des nouvelles élections en début d’année, ne sont plus dans l’organigramme culé. Les tensions s’apaisent et les intérêts se diversifient. Concentré sur la reprise de Gérone avec Roures, Pere Guardiola officialise son statut d’actionnaire principal du club en mai dernier, après avoir épongé un déficit financier de 4,5 millions d’euros courant 2015.
Une somme estimée à 7 millions d’euros permet la propriété commune de Pere et City à 88,6%, d’où les prêts de Sky Blues en Catalogne. « Cet investissement partagé au sein de Gérone est une opportunité très intéressante pour les deux parties, et ce, bien avant que le club n’accède à la première division, avouait Pere en conférence de presse. Nous avons l’objectif de stabiliser le club en Liga. » Après cinq journées, Gérone est quinzième de Liga avec une victoire, deux nuls et deux défaites. Un bilan flatteur avant de croiser la route du Barça, leader de Liga et prêt, une fois n’est pas coutume, à faire fausse route à un Guardiola.
Par Antoine Donnarieix