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Guardiola a-t-il fait son temps à Munich ?
Critiqué par les anciennes gloires du Bayern, Pep Guardiola a vu sa cote baisser après la gifle infligée par le FC Barcelone. Deux ans après son arrivée, le natif de Santpedor a tenu à clarifier la situation : il ne souhaite pas quitter la Bavière. Mais la Bavière le veut-il encore ?
« Tout ça, ce sont des conneries, si vous le permettez. » C’est ainsi que Pep Guardiola, l’entraîneur de Bayern Munich, a répondu aux spéculations plus qu’avancées qui l’enverraient sur le banc de Manchester City (beIN SportS a annoncé un préaccord conclu autour d’un salaire de 22 millions d’euros par saison), actuellement occupé par Manuel Pellegrini. À l’orée d’un défi presque impossible, Pep Guardiola s’est montré optimiste quant aux chances bavaroises de voir Berlin : « Ils ont l’avantage, mais c’est un autre match, tout peut toujours se passer en football. S’ils marquent un but, on devra en marquer cinq. On n’est pas du genre à renoncer. » Derrière une conférence de presse d’avant-match pleine de truismes footballistiques se cache un homme nerveux et touché. D’abord par les trois défaites consécutives de son équipe, cela sans marquer un seul but. Ensuite, par les violentes critiques d’anciennes gloires munichoises.
Une cabale imméritée ?
Si l’on tire un bilan de l’expérience allemande de l’entraîneur catalan, celui-ci est plutôt flatteur. Son Bayern a écrasé la Bundesliga durant deux années consécutives (19 points d’écart l’année passée et champion à quatre journées de la fin cette saison). Le club bavarois a remporté une Supercoupe d’Europe et le Mondial des clubs en 2013, ainsi que la Coupe d’Allemagne en 2014. Mais c’est en Ligue des champions que le bât blesse. L’an dernier, le Bayern s’est fait humilier (avec un score cumulé de 5 à 0) en demi-finale par le Real Madrid. Face au FC Barcelone de son ancien coéquipier, le plan tactique de Guardiola, bien qu’efficace pendant 77 minutes, s’est effondré lorsque tel Œdipe, un génie argentin qu’il a partiellement conçu est venu poignarder son père. À l’instar de la demi-finale de la dernière coupe aux grandes oreilles où Carlo Ancelotti avait tactiquement surclassé Guardiola, ce sont cette fois Luis Enrique et ses hommes qui ont administré une leçon au technicien bavarois. Quid du génie tactique du Catalan ? Qu’apporte la versatilité tactique de Guardiola et du Bayern Munich dans les grands rendez-vous ? Certaines idoles du club en ont une certaine idée.
C’est d’abord Oliver Kahn, portier légendaire du Bayern devenu consultant pour ZDF, qui est monté au créneau : « Son plan n’a pas marché. C’était extrêmement naïf de jouer homme contre homme à Barcelone, surtout face à des joueurs comme Messi, Suárez et Neymar. » Comme tout au long de sa carrière, Steffan Effenberg, désormais connu pour ses déboires, a adressé un vilain tacle au technicien espagnol du Bayern : « Actuellement, le Bayern a toujours entre 65% et 70% de possession de balle et veut coûte que coûte jouer de manière trop offensive. » L’ancien milieu allemand a également critiqué l’attitude du Catalan sur son banc : « Il gesticule trop. Il se doit de faire confiance à ses joueurs, car ils sont préparés tactiquement plusieurs jours avant les matchs. De plus, Guardiola a l’habitude de s’accrocher avec le quatrième arbitre, cela démontre qu’il se met trop de pression. » Même ses joueurs semblent agacés par le plan de jeu de l’ancien coach du Barça. Lors de son remplacement par Mario Götze, Thomas Müller a pété un plomb et s’est emporté contre Guardiola, lui criant : « Est-ce que cette merde peut s’arrêter maintenant ? » Un changement peu goûté par un certain Franz Beckenbauer, plutôt adepte des tacles propres : « Je ne comprends pas Guardiola, le changement de Thomas Müller pour Götze est incompréhensible. On sait tous que Mario est un très bon joueur, mais parfois ses gestes ressemblent à ceux d’un poussin. » Bref, Guardiola ne fait pas du tout l’unanimité en Bavière.
La fin de l’Herr Pep ?
À un an de la fin de son contrat, Pep Guardiola répète haut et fort son envie de rester à Munich. Il a d’ailleurs rapidement éteint la rumeur qui l’envoie vers le New Hampshire cet été. Mais entre l’embrouille avec le docteur Müller-Wohlfahrt, historique médecin du club, les critiques des anciens et un blocage en demi-finales de la Ligue des champions, l’aventure bavaroise de Pep Guardiola pourrait se terminer plus vite que prévu. En attendant, toute la Bavière espère que son technicien catalan possède la clé de la « remuntada » face au Barça. Avant le match retour ce mardi soir, Josep Guardiola a tenu à dédramatiser une probable élimination : « Je suis ici pour donner le meilleur au club comme je l’ai fait à Barcelone. Si ce n’est pas suffisant, je suis désolé. Ma vie ne changera pas si je perds. » Une élimination pourrait cependant entraîner un départ forcé, voire un licenciement de la part de la direction bavaroise. « Nous vivons dans un monde étrange où si vous perdez, on dit que vous avez échoué » , affirmait récemment Guardiola. Il semble bien qu’en Bavière, l’amour ne dure que deux ans.
Par Ruben Curiel