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  • International – Coupe du monde 2018 – Qualifications – Guam/Inde

Guam : micro nation, macro exploit

Par Régis Delanoë
4 minutes
Guam : micro nation, macro exploit

La phase de qualification pour le Mondial 2018 qui vient de débuter en Asie réserve son lot de belles histoires. Nouvel exemple avec la minuscule île de Guam, dans le Pacifique, peuplée par moins de 200 000 habitants et qui, après avoir obtenu une victoire historique il y a quelques jours face au Turkménistan, s'apprête à recevoir l'Inde, géant à la population dépassant allègrement le milliard. Et le plus fou, c'est que l'issue du match est loin d'être évidente !

Après la folle histoire du Bhoutan, qui participe à sa première phase qualificative pour une Coupe du monde, celle de Guam, toujours sur le continent asiatique, mérite également d’être relatée. Jeudi dernier, cette petite île perdue dans le Pacifique, qui n’est même pas une nation à proprement parler, s’est offert une première victoire historique dans un match de ce niveau en dominant à domicile le Turkménistan 1-0, d’un but tout pété inscrit dans le premier quart d’heure contre son camp sur une longue touche. Ce résultat permet à Guam d’occuper la deuxième place provisoire de son groupe de qualification, en attendant d’affronter aujourd’hui, toujours à domicile, le géant indien. Guam, environ 160 000 habitants, qui reçoit l’Inde et son 1,252 milliard d’habitants, l’affrontement a de quoi étonner, d’autant que ce n’est pas si sûr que les visiteurs reviennent de leur déplacement avec une victoire ! La « Matao » – surnom de l’équipe nationale de football de Guam – est en progrès constant depuis quelque temps et ne compte plus jouer les victimes expiatoires.

Vidéo

Membre de la FIFA depuis 1996

Mais au fait, de quoi parle-t-on exactement ? D’une île appartenant à l’archipel des Mariannes, au beau milieu du Pacifique, avec le Japon tout au nord, les Philippines à l’ouest et la Papouasie au sud. À l’est, très loin à l’est, se trouvent les États-Unis, la mère patrie de Guam, ce territoire américain non souverain qui accueille encore aujourd’hui une importante base de l’armée US. On y compte environ 160 000 habitants et plus de deux millions de serpents. La population de l’île est composée pour plus d’un tiers des Chamorros, le peuple indigène, mais aussi de pas mal de Philippins, d’Américains bien sûr et de métis. Pour ce qui est du football, les premières traces d’une sélection « nationale » remontent à 1975, avant que Guam n’intègre le giron de la FIFA en 1996. Rattaché à la zone Asie, le minuscule territoire américain n’a longtemps eu que des résultats catastrophiques : 0-19 face à la Chine, 0-16 face au Tadjikistan, 0-11 face au Vietnam, 0-15 face à Hong-Kong, 0-21 face à la Corée du Nord… Un enseignement à la dure qui a fini par porter ses fruits avec, petit à petit, quelques résultats encourageants, des défaites moins sévères et même finalement quelques victoires de prestige, notamment l’an dernier. Le bilan de Guam en 2014 est le suivant : sept matchs amicaux disputés pour seulement deux défaites (contre Aruba et la Corée du Nord), ce qui a permis à la sélection de monter au classement FIFA jusque la 160e place et d’intégrer directement la deuxième phase de qualification pour le Mondial 2018, sans avoir à passer par le tour préliminaire. C’est la raison pour laquelle on la retrouve à ferrailler avec le Turkménistan, qu’elle vient de battre, l’Inde, qu’elle affronte aujourd’hui, l’Iran et Oman.

Un capitaine employé de banque

La bonne forme actuelle de la plus petite des 47 fédérations asiatiques de football n’est pas le fruit du hasard. Au fil des années, le football a gagné en popularité sur l’île et le réservoir d’internationaux n’est plus si minuscule qu’avant, d’autant qu’il est renforcé pour une large part par des expatriés nés, vivant et évoluant sur le continent américain. Dans la sélection actuelle de Guam, on compte beaucoup de joueurs de Californie, mais aussi de Virginie, Floride, Maryland, Arizona, Tennessee… Ils ont un lien plus ou moins proche avec Guam et jouent en club dans les championnats nord-américains de seconde zone (NASL, USL…) ou encore dans les compétitions universitaires de soccer. Mais il y a aussi des autochtones, dont le capitaine historique Jason Cunliffe, employé de banque dans la vie, et qui détient à la fois le record du nombre de sélections (35) et du nombre de buts (17). Un mélange aggloméré avec succès par le sélectionneur en place depuis trois ans, l’Anglais Gary White, faiseur de miracle depuis qu’il est en poste. Il a notamment réussi à convaincre A.J. DeLaGarza, joueur phare du LA Galaxy en MLS et éphémère international américain, de rejoindre la sélection de Guam, à laquelle il est lié par ses racines paternelles. La « Matao » compte même désormais un hymne, « Biba Guahan » , composé par Ronan MacManus, frère d’Elvis Costello et ami de l’entraîneur des gardiens de la sélection. Interrogé récemment sur le site de la FIFA, captain Cunliffe disait ceci : « L’équipe est en développement constant et je ne crois pas que nous ayons encore donné toute la mesure de notre potentiel. Nous ne lâcherons rien et il va falloir se battre pour l’emporter face à nous. » Les Indiens sont prévenus, ce déplacement à Guam n’aura rien de touristique.

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