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Grzegorz Krychowiak: « Gagner contre le PSG et Lyon, c’est agréable  »

Propos recueillis par Christophe Gleizes
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Il s'est fait un nom en Ligue 1 pour avoir assommé le PSG en mars, au terme d'un match héroïque à Auguste Delaune. À 23 ans et des brouettes, Grzegorz Krychowiak est l'atout maître du stade de Reims. Calme et serein, il présente les perspectives et les enjeux d'une saison qu'il espère celle de la confirmation.

Dzień dobry, Grzegorz.Impeccable, très bien prononcé.

C’était bien les vacances ?Les vacances sont passées vites. En plus j’ai eu un rassemblement avec ma sélection, donc c’était encore plus court que d’habitude. J’en ai tout de même profité pour me reposer et bien attaquer la nouvelle saison.

Comment s’est passée l’intersaison ?Personnellement je me suis senti très à l’aise. On a bossé à la montagne, à Aix-Les-Bains, puis après on est parti une semaine à Carnac en Bretagne. Le groupe a bien travaillé, on a intégré les nouveaux joueurs qui sont arrivés dans le groupe et qui ne parlent pas français. Ce sont des moments pas évident, je le sais par expérience, donc on a fait de notre mieux pour les faire se sentir bien.

En préparation, Reims n’a pas gagné un seul de ses matchs amicaux (4 nuls et 1 défaite), ça t’inquiète ?Non, pas vraiment. Je pense que ça ne veut rien dire. Après forcément on joue toujours pour gagner mais il ne faut pas tirer trop d’enseignements des rencontres amicales. Le premier match qui compte vraiment, c’est celui de samedi. Il va falloir le gagner mais je ne suis pas inquiet.

Vous finissez tranquillement 14e la saison passée, assurant le maintien dans l’élite pour la première fois depuis 35 ans. Quels sont les objectifs de la saison pour le stade ?L’objectif reste le même que la saison dernière, à savoir le maintien. Cela dit, on a un groupe de qualité, qui peut viser une meilleure place que l’année dernière, à condition de ne pas dévier de nos principes. Il va falloir faire la même chose, rester solides sur nos bases; tout passera par le collectif. Ensuite je suis optimiste car de nouveaux joueurs sont arrivés, avec chacun beaucoup de qualités. Je sais bien que de l’extérieur tout le monde nous voit en Ligue 2, mais nous on ne va pas se cacher, on sait ce que l’on est capable de faire et on connaît nos qualités. Ce ne sera pas évident, il faudra se battre, mais je suis confiant.

La seconde année est toujours plus difficile; d’autant que cette saison les promus ont fière allure (Nantes, Monaco et Guingamp). Comment vous appréhendez cette difficulté ? L’année dernière on a montré que le club méritait sa place en Ligue 1, on souhaite y rester de longues années et progressivement monter en puissance. Certes, cette saison s’annonce difficile mais on a tous envie de voir notre histoire dans l’élite perdurer. Après, forcément, quand on voit le niveau des équipes qui montent cette saison on se doute que ça va être plus compliqué. Mais si on se réfère aux résultats de l’année précédente, on remarque que l’on joue mieux contre les gros que contre les équipes rivales du bas de tableau donc ce n’est finalement peut-être pas une si mauvaise chose.

Tu peux nous présenter un peu vos recrues (Charbonnier, Oniangue, Atar, Albaek), qui semblent avoir comme point commun d’être peu chères et d’avoir des choses à prouver. Oui, c’est sûr que par rapport à notre budget on ne peut pas vraiment attirer de grands noms; maintenant, ceux qui sont arrivés sont tous des footballeurs de qualité. Nous avons recruté deux très bons milieux de terrain. Marc Albaek est un milieu offensif gauche qui me fait un peu penser à Kim Källström; il a une belle frappe et court énormément sur un terrain, je pense qu’il peut nous apporter. Prince Oniangue lui vient de Tours. C’est un milieu très puissant, grand, capable de faire de belles choses techniquement. Avec lui, c’est certain, on va gagner en puissance dans l’entrejeu.

Tu penses quoi d’Eliran Atar, l’attaquant israélien ?C’est un joueur de couloir qui peut évoluer en numéro 9 ou 10 ; en réalité il peut jouer presque partout en attaque. C’est un bon dribbleur doublé d’un bon finisseur. Il est technique et il va vite, c’est à mon avis une très bonne recrue qui va surprendre les observateurs en Ligue 1. Quant au nouveau venu, Gaëtan Charbonnier, c’est un attaquant que l’on connaît assez bien, il est très physique, peut garder le ballon, et semble à l’aise devant le but. Ce qui est sûr, c’est que sa venue va augmenter la concurrence au niveau de l’attaque, c’est une très bonne chose étant donné notre manque de réussite dans ce domaine.

Quelles sont les faiblesse de l’équipe à gommer ?Si on regarde notre parcours extérieur de l’année dernière, on se rend compte qu’il est très insuffisant. Selon moi il va falloir que l’on travaille là-dessus et qu’on commence à prendre des points hors de nos bases. Surtout que quand elles viendront à Auguste Delaune, les autres équipes vont se méfier, puisque l’année passée c’est à domicile que nous avons acquis la majeure partie de nos points. Ensuite, l’autre défaut c’est qu’on faisait partie des plus mauvaises attaques du championnat. Mais ce n’est en aucun cas la faute des attaquants, c’est un problème collectif. C’est à nous d’offrir, en équipe, plus de possibilités à nos buteurs afin qu’ils soient dans les meilleurs conditions pour marquer.

Quels sont au contraire ses points forts ?Notre point fort c’est la stabilité du groupe depuis plusieurs années. Chaque été, les dirigeants n’achètent pas 10 ou 15 joueurs, ils en ciblent seulement 3 ou 4 qui augmentent vraiment le niveau. Résultat, l’effectif n’a pas été changé, c’est ça la véritable force de notre équipe.

« Moi je suis 100% polonais »

Plus personnellement, quels sont tes objectifs pour la saison ?Personnellement, mon but c’est d’abord d’obtenir le plus de temps de jeu possible et d’assurer rapidement le maintien. Maintenant, meilleures seront mes prestations, plus je serai heureux. Et puis j’ai aussi un bel objectif avec la Pologne, celui d’essayer de se qualifier pour la Coupe du monde 2014.

Quels sont tes liens avec la Pologne ?Moi je suis 100% polonais. C’est vrai que je suis parti assez tôt, à l’âge de 15 ans, pour rejoindre Bordeaux, mais je me sens totalement polonais. En plus, je suis très fier de représenter mon équipe nationale, c’est quelque chose d’important à mes yeux. Dernièrement, c’est vrai que l’on a connu des difficultés (la Pologne est actuellement 4e du groupe H, derrière le Montenegro, l’Angleterre et l’Ukraine) mais il nous reste encore une chance de se qualifier pour la Coupe du monde. La sélection comporte beaucoup de joueurs qui évoluent dans les grands clubs européens, on a la qualité pour partir au Brésil. En tout cas moi j’y crois.

Tu connais bien Ludovic Obraniak, le seul autre international polonais du championnat ?Oui, je le connais très bien. Je l’ai rencontré la première fois en équipe nationale. Cela fait longtemps maintenant que je le connais. C’est un très bon joueur, très technique, avec un beau pied gauche. Il a pris la décision d’arrêter la sélection récemment. C’est une décision qui m’a surpris, je ne le cache pas, même si je la respecte et que je ne lui souhaite que du bonheur à l’avenir.

Bordeaux ne t’a jamais laissé ta chance, c’est un regret ?C’est vrai que quand on joue dans son club formateur on a vraiment envie d’y réussir. Bon, j’ai quand même réussi à intégrer le groupe pro mais c’est vrai que je n’ai jamais eu la chance d’être titulaire. C’était frustrant mais c’est le lot de chaque club, partout il y a des mécontents, ça fait partie de la vie de footballeur. Quand je suis arrivé à 15 ans, ils ont pris en charge une partie de mon éducation. À chaque fois je les remercie car ils ont fait énormément pour moi, même si j’ai du aller m’imposer ailleurs. C’était un travail de longue haleine mais finalement aujourd’hui je joue en Ligue 1, Reims me permet de vivre un challenge intéressant.

Tu es encore en contact avec Henri Saivet, Gabriel Obertan et Grégory Sertic, avec qui tu as fait une finale de Gambardella ?Je vois encore souvent Grégory Sertic, c’est un ami. On est copains depuis nos 16 ou 17 ans. Lui est arrivé assez tôt chez les pros à Bordeaux, moi un peu plus tard, c’est lui qui m’a permis d’intégrer l’équipe première beaucoup plus facilement. Donc voilà pour l’instant je suis toujours en contact. En ce qui concerne les autres on garde un peu moins contact mais ça fait toujours plaisir de voir ses anciens amis évoluer dans le monde professionnel. Quand Henri marque à Bordeaux ça me fait très plaisir. C’est tant mieux pour lui tant qu’il ne marque pas contre nous.

« Je suis toujours étudiant »

Cela fait trois ans que tu es arrivé à Reims maintenant. Comment te sens-tu au club ?Ce que j’aime bien à Reims c’est qu’il y a une ambiance familiale. Tout le monde se connaît. En plus le club monte en puissance chaque année; en 2002 le Stade était en DH, mais il y a vraiment eu un travail formidable effectué par le staff et les salariés du club. Nous, les joueurs, on essaie d’apporter la stabilité et de consolider la place du club sportivement. C’est toujours difficile d’évoquer l’avenir, on ne sait jamais de quoi il est fait, les choses peuvent évoluer demain, dans six mois, dans un an; mais pour l’instant je suis à Reims et j’y suis heureux. Je me sens rémois et suis concentré pour la nouvelle saison qui débute.

Quel est ton meilleur souvenir avec le club ?J’en ai beaucoup mais celui qui me vient d’emblée ce sont tous les gros clubs que l’on a fait tomber à domicile. Gagner contre le PSG ou Lyon, c’est vraiment quelque chose de très agréable à vivre, des moments exceptionnels. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de vivre la montée en Ligue 1 mais j’ai eu de belles émotions avec ce genre de matchs.

Ton plus mauvais ? Eh bien… (il hésite) il y a toujours des hauts et des bas dans toutes les saisons. C’est vrai que certaines défaites ont été particulièrement difficiles à avaler l’année dernière notamment les revers qu’on prend contre Montpellier (3-1) et contre Nice (0-2). C’est exactement le genre de rencontres qu’on veut vite oublier.

C’est comment la vie à Reims ? Présente nous un peu cette magnifique cité.C’est une très belle région; partout où l’on passe on trouves de belles maisons de champagne à visiter. C’est vraiment une fierté pour les Rémois et je les comprend. Sinon les gens sont sympas et accueillants. Ils vivent dans une jolie ville, pas loin de Paris, avec un club de football qui a une grande histoire. Peu de formations en France peuvent se targuer d’avoir fait deux finales de Ligue des champions, même si ça commence à dater.

Pour finir, dis-nous quelque chose que l’on ignore encore à ton sujet. Eh bien il se trouve qu’en dehors du foot je suis toujours étudiant. J’ai obtenu mon bac récemment et là, grâce à l’UNFP, je suis des cours par correspondance pour passer le diplôme DUGOS (diplôme universitaire de gestion des organisations). En gros, j’essaie d’apprendre la vie d’un club mais de l’autre côté. Cela me permet de voir et de comprendre comment l’envers du décor fonctionne, c’est très intéressant.

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