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Grosso, 37 ans de réserve
Fabio Grosso fête aujourd'hui ses 37 ans. Le héros du Mondial 2006 est vite retombé dans l'anonymat ensuite, malgré des passages à Lyon et la Juve. Que devient-il ?
Son regard ne laisse transparaître aucune émotion, parfaitement concentré sur son objectif. Fabio Grosso prend sa course d’élan, quelques petits pas et un gauche bien placé qui prend Barthez à contre-pied. S’ensuit une course effrénée vers la gloire, la même que celle contre l’Allemagne quelques jours plus tôt, après avoir inscrit le premier but de la victoire en demi-finale de ce Mondial 2006. Des images qui n’ont d’égales que celles de Tardelli contre la RFA, 24 ans plus tôt. Les exultations de Grosso, véritable inconnu avant le début de la compétition, ont fait le tour de la planète pendant des semaines. Une génération entière de tifosi a été marquée, en Italie et au-delà. Les vidéos de ces moments commentés par Fabio Caressa sur Sky continuent d’être cliquées et de hérisser les poils. L’Italie sort de deux éliminations au premier tour du Mondial pour finalement faire triompher son collectif dans lequel plusieurs noms sortent du lot : les parades de Buffon, le sans-faute de Cannavaro, les exploits de Materazzi et le visage de Fabio déformé par les souffrances d’une joie intervenue au bout d’une tension extrême. Comme d’autres avant lui, Grosso restera finalement l’homme d’un été. À cette compétition exceptionnelle succédera une carrière en club difficile et une retraite dans l’anonymat le plus total. Il fête aujourd’hui ses 37 ans. Tu deviens quoi, mon Fabio ?
Une fin de carrière en tribunes
Lorsqu’il transforme ce penalty décisif, Fabio Grosso a 28 ans, est champion du monde et a un joli contrat en poche avec l’Inter. C’est le club qu’il a choisi avant le Mondial et après ses deux belles saisons palermitaines. Dans une équipe qui s’apprête à dominer de la tête et des épaules un championnat détruit par le Calciopoli, Grosso a tout pour continuer sur sa lancée, mais Burdisso, Zanetti ou Maxwell lui sont régulièrement préférés au cours de la saison de tous les records. Un an après le sacre mondial, le voilà déjà à l’OL pour la coquette somme de 7,5 millions d’euros. À l’époque, les Gones font presque partie du gratin européen, mais son plan de carrière ne prévoyait pas de finir si tôt en Ligue 1. Ses deux saisons rhodaniennes seront faites de haut et de bas, nous faisant comprendre que l’on a définitivement affaire à un Toto Schillacci.
Aulas le refourgue ainsi à la Juventus deux ans plus tard pour à peine 2 millions d’euros. Grosso a encore la cote et ne s’en sort pas si mal. Mais il arrive dans une équipe mal dirigée – Blanc, Cobolli Gigli et Secco – et mal entraînée – Ferrara et Zaccheroni. Évidemment, ses performances quelconques – quand il joue – n’aident pas à relever la tête d’un club qui s’enfonce dans la médiocrité avec deux septièmes places consécutives. Pis, lorsqu’Antonio Conte débarque à l’été 2012 pour s’apprêter à faire sa révolution, Grosso est mis à l’écart du groupe pro dans un premier temps. Invendable, il est réintégré et même titularisé lors de deux des quatre premiers matchs, puis passe finalement le reste de la saison en tribunes à regarder ses coéquipiers remporter le championnat invaincus. Sans moufter toutefois.
À l’école des champions du monde
C’était sa dernière année de contrat avec les Bianconeri, ce sera également sa dernière saison de footballeur. L’été 2012, des rumeurs l’ont envoyé au Qatar ou en Chine, mais, à 34 ans, il préfère se concentrer sur son avenir. Grosso participe ainsi à la formation d’entraîneur organisée spécialement pour les champions du monde 2006. Une promo’ composée de sept joueurs de l’effectif de Lippi. Studieux, Fabio est assis au premier rang avec Pippo Inzaghi. Du fond de la classe, Gattuso et Materazzi leur envoient des boulettes de papier avec leur sarbacane-effaceur. Nesta somnole, Oddo cuve et Barone se demande ce qu’il fout là. Mais jusqu’en novembre de cette même année, Grosso laissera planer le doute quant à un éventuel nouveau contrat de joueur, avant de se résigner. C’est lors d’une triste journée d’automne que l’on apprend la fin de sa carrière. Sans aucune annonce officielle ni conférence de presse, dans l’anonymat le plus total, à 35 ans. Presque déplorable lorsqu’on sait ce qu’il représente, mais finalement fidèle à la discrétion du personnage.
Si son histoire s’est mal terminée avec la Juve, elle reprend vite en tant qu’entraîneur. Ses diplômes passés à l’été 2013, Grosso est nommé adjoint d’Andrea Zanchetta de la Primavera de la Vieille Dame, dernière catégorie de jeunes avant de passer chez les pros. Devant les résultats décevants, il est promu entraîneur principal en mars dernier. Le voilà seul à la barre. D’ailleurs, il réussit à la redresser pour sauver les meubles en qualifiant ses jeunes pour le final eight. Confirmé à son poste en juillet passé, la suite est moins bonne. Son équipe vient d’ailleurs de passer à la trappe dans la Youth Champions League U19, devancée par l’Atlético et l’Olympiakos. Le centre de formation de la Juve bat de l’aile ces derniers temps et la mission de Fabio est délicate. Tout comme ses joueurs, il est encore en apprentissage avant d’embrasser probablement une carrière chez les professionnels.
Par Valentin Pauluzzi