- Euro 2016
- 8es
- Suisse-Pologne (1-1, 4 tab à 5)
Grosicki-Fabianski, les seconds choix de la victoire
Belle performance des Polonais, qui ont éliminé les Suisses pour rallier les quarts. Une qualification qu'ils doivent en grande partie à leurs seconds couteaux, Fabiański et Grosicki. Ou comment la Pologne peut dire merci aux absences.
Les absents ont toujours tort. C’est souvent ce qu’on entend. En football, c’est un peu différent. L’absence d’un joueur peut avoir un impact désastreux. Surtout quand il s’agit d’un mec titulaire, indiscutable, un des leaders de l’équipe, un moteur qu’on croit indispensable. Sauf que les absences peuvent aussi réserver de belles surprises. La Pologne, pour son plus grand bonheur, en est désormais un des témoins. La Suisse, elle, l’a appris à ses dépens en huitièmes de l’Euro. Elle lui coûte même sa place en quarts de finale. Pour cette confrontation, les Polonais se présentaient en effet sans deux éléments de leur onze type : Wojciech Szczęsny, son dernier rempart titulaire dans les cages de la grande Roma et présent en sélection depuis sept ans, et Bartosz Kapustka, sa pépite offensive de 19 piges, assez prometteur dans le couloir gauche. Le premier blessé, le second suspendu, Adam Nawałka s’est donc tourné vers son banc. Et il y a trouvé deux hommes, futurs responsables de l’élimination de la Suisse au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne. Leurs noms ? Łukasz Fabiański et Kamil Grosicki.
Connus mais inattendus
Ce serait mentir de dire que ces garçons sont inconnus au bataillon. Le portier, après avoir passé un petit temps à surveiller les buts d’Arsenal, évolue à Swansea, et le milieu traîne sa gueule cassée en Bretagne. Mais de là à en faire les facteurs décisifs du premier huitième du tournoi… Et pourtant, le terrain a parlé et choisi ses rois. Grosicki, d’abord. Le Rennais a passé sa première mi-temps à provoquer la défense adverse par ses dribbles imprévisibles et sa grosse volonté. Joueur le plus dangereux de sa team, il s’est efforcé de jouer vers l’avant, malgré une possession de balle largement en faveur de la Suisse, et sa verticalité a permis de créer régulièrement des situations dangereuses. On attendait Robert Lewandowski et Arkadiusz Milik ? On a eu Kamil Grosicki. À force de tenter, l’ancien du FC Sion a été récompensé à la 39e minute de jeu : sur un amour de contre-attaque, Grosicki s’emmène le ballon, s’essaye au dribble devant son adversaire direct à l’approche des buts adverses, et crée le décalage grâce à un contre favorable. Sans attendre, il opte pour la meilleure solution et sert sur un plateau Jakub Błaszczykowski qui n’a plus qu’à convertir. Le passeur décisif a eu de la chance, certes. Mais la réussite ne se vole pas, elle se mérite.
Sur cette même action, qui a l’intelligence de relancer rapidement et d’adresser une passe parfaite à Mister Grosicki ? Łukasz Fabiański. Et le gardien ne s’est pas contenté de ça. Rassurant comme jamais – qui a déjà vu le portier respirer autant la sérénité ? –, Fabiański a quasiment tout bien fait. Sorties aériennes très propres, arrêts décisifs, il a même littéralement sauvé les siens en deuxième mi-temps de la prolongation devant Eren Derdiyok, qui doit encore se demander comment les filets n’ont pas pu trembler là-dessus. Après une parade pas évidente sur un coup franc de Ricardo Rodríguez, c’est la barre qui a sauvé Fabiański à la 80e. Logiquement, on a longtemps cru que le joueur de Premier League allait garder ses cages inviolées. Mais amateur de beau jeu, il n’a pas cru bon de stopper le bijou de Shaqiri. Pour mieux briller durant les tirs au but ? Pas la peine, Granit Xhaka ne cadrant pas le sien. Le gardien décisif a eu de la chance, certes. Mais la réussite ne se vole pas, elle se mérite. Et si l’homme du match s’appelle Shaqiri, les grands gagnants se nomment Fabiański et Grosicki. De quoi remercier les blessures et les cartons jaunes.
Par Florian Cadu