- FA Cup
- 8es
- Wigan-Man. City (1-0)
Grigg, retour de flamme
Héros viral de l’Euro 2016, Will Grigg a rattrapé les projecteurs lundi soir du bout de ses doigts. Comment ? En offrant une qualification historique pour les quarts de finale de la FA Cup à Wigan face au City de Guardiola. Oui, c’est immense.
Paul Cook, cinquante ans et une doudoune sans manche sur le dos, avait prévenu : Manchester City ou pas, il ne changerait rien. Ainsi, lundi soir, l’ancien milieu défensif de Wigan, devenu coach des Latics l’été dernier après la relégation du club en League One, s’est avancé, comme à son habitude, au bord de la scène, avec sa tasse de thé. « C’est pour mes nerfs, avait-il expliqué en conférence de presse d’avant-match. Je m’assure avant chaque rencontre qu’une tasse de thé m’attend sur le banc. Joueur, j’étais aussi superstitieux. Le football, c’est bizarre. Après, si vous saviez le nombre de fois qu’il m’est arrivé de jeter ma tasse… » Pas ce soir, Paul, pas ce soir : non, lundi soir, Wigan, passé dans la soirée troisième de League One après la victoire de Blackurn face à Bury (2-0) et qui restait alors sur deux défaites consécutives en championnat, a décidé de balayer l’histoire. Et comment : oui, les hommes du général Cook ont fait tomber le Manchester City de Guardiola (1-0), à qui l’entraîneur des Latics n’avait pas promis plus d’une canette de Skol, dans un DW Stadium bouillant. C’est tout ? Non, ça serait presque trop simple : Wigan a gratté l’exploit grâce à un homme devenu dans le même temps le meilleur buteur de la FA Cup cette saison (7 buts). Un certain Will Grigg, évidemment. Musique.
Héros saoulé, héros miracle
Forcément, on se rappelle une scène, vue lors de l’Euro 2016, la veille d’un Allemagne-Irlande du Nord : là, un journaliste s’avance et demande à Mats Hummels, un mec qui pèse entre autres une Coupe du monde et trois Bundesliga, si « sa défense est terrifiée » . La salle se marre. Will Grigg, pas tellement. L’attaquant international nord-irlandais ayant surtout été dépassé par une idée du cinglé Sean Kennedy, un supporter maboul des Latics qui avait, un tambourin dans la main, chanté la gloire du buteur de Wigan sur du Gala, créant dans la foulée un hymne mythique. Depuis ? Rien, ou pas grand-chose : Grigg n’a retrouvé la sélection qu’à deux reprises, en novembre 2016, et n’a surtout pas bougé de Wigan. Peu importe, lundi soir, le bonhomme de 26 ans a une nouvelle fois frappé sur le gong, ce qu’il avait déjà fait il y a deux tours en ouvrant le score à Bournemouth (2-2) et en seizièmes de finale en claquant un doublé face à West Ham (2-0). En début de saison, Will Grigg espérait surtout claquer sa vingtaine de pions minimum en League One. Il en est à neuf.
On s’en cogne : à dix minutes de la fin du temps réglementaire d’une rencontre où l’exploit a commencé à se dessiner après l’expulsion (logique) de Fabian Delph avant la pause, incident qui a fait vriller Guardiola dans les couloirs du DW Stadium, le Nord-Irlandais a profité d’une erreur invraisemblable de Kyle Walker pour aller battre Bravo. Là, on a vu un type sonné, presque immédiatement saoulé par la situation et qui a peiné à rester debout. Scène bordélique dans une compétition qui l’est tout autant, alors que Paul Cook avait déjà rangé la doudoune : pour la seconde fois en 2018, Manchester City – incapable de marquer face à une équipe de division inférieure, ce qui avait déjà été le cas face à Wolverhampton en Carabao Cup (0-0, qualifications des Citizens aux tirs au but) – est tombé et voit ses rêves de quadruplé éclater à six jours de sa finale de Carabao face à Arsenal.
[? VIDEO] ?#FACup ? La colère noire de Pep Guardiola !? Carton rouge pour un tacle assassin de Delph, Guardiola enrage et s’énerve contre l’entraîneur de Wigan !https://t.co/0EPDzZ4FuP
— beIN Sports (@beinsports_FR) 19 février 2018
Wigan, de son côté, s’envoie un écho parfait de la finale gagnée de 2013 et au quart de finale remporté face au même City en 2014. Guardiola, après le match : « C’était comme une finale, ils n’ont cadré qu’une frappe, mais je n’ai aucun regret sur la façon dont on a joué, notre performance. Je juge mes joueurs sur les intentions, pas sur le résultat, et les intentions étaient bonnes. Félicitations à Wigan ! » Oui, Monsieur Cook, le football est bien bizarre. Mais il peut aussi être jouissif.
Par Maxime Brigand