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Griezmann, Pogba, Varane, Mbappé : les absents font parler
Traversée dans un relatif anonymat, la trêve internationale d’octobre aura surtout fait parler les absents : Mbappé, Pogba, Griezmann et Varane. Comme une certaine idée d’un football qui n’intéresse plus que par ses à-côtés.
Un chouchou qui s’en va, un autre (peut-être) sur le retour, un retraité lessivé et un modèle fragilisé. Voici, en quelques lignes, le résumé des derniers jours offerts par Antoine Griezmann, Paul Pogba, Raphaël Varane et Kylian Mbappé. Chacun dans leur situation, ces figures du ballon rond ont effectivement fait parler d’elles malgré leur absence – provisoire ou définitive – en équipe de France. Les autres Bleus, eux, étaient bien présents sur le terrain en Ligue des nations, mais n’auront suscité aucun réel engouement. À l’image du football dans sa globalité finalement, dont la ferveur populaire s’estompe doucement.
La France n’a plus de chouchou(s)
Le premier à entrer en scène, ou plutôt à la quitter, a été Griezmann. Visiblement arrivé au bout de son aventure internationale, le Mâconnais a préféré annoncer sa retraite en sélection et se focaliser sur son excellente dynamique à l’Atlético de Madrid. De quoi priver l’équipe de France de son dernier meneur de jeu pur jus et le public de son chouchou. Né aux yeux des Français en 2016 lors de l’Euro à la maison, Griezmann a incarné les Bleus façon Deschamps, mêlés de maîtrise technique et de pragmatisme parfois chiant mais souvent salvateur. Avant le gavage. Alors quand le vent des tensions liées à un brassard de capitaine non attribué a commencé à souffler, le numéro 7 a préféré se retirer. Au bon moment, dans le bon tempo. Devenue un objet peu reluisant à voir, cette équipe de France se retrouve donc désormais privée du seul esthète qui lui restait encore de l’ancienne école (en attendant Bradley Barcola ?) et voit son gap avec des supporters – de moins en moins fidèles – se creuser davantage.
On a rencontré Paul Pogba dans le cadre de la promotion du film « 4 Zéros » : il nous a parlé de son retour, mais aussi de ce qui se passe dans sa tête depuis un an et demi 🧠 ⬇️#Pogba pic.twitter.com/bZZqPvoelV
— SO FOOT (@sofoot) October 14, 2024
L’illustration de cette passion déclinante sur le terrain s’est prolongée dans la lignée du cas « Grizou ». Avec la furtive apparition médiatique d’un autre ancien : Paul Pogba. En petite tournée promotionnelle du film 4 Zéros, La Pioche a refait surface pour afficher sa satisfaction quant à la réduction de sa suspension pour dopage, passée de quatre ans à dix-huit mois. « Au niveau de la maturité, cette période m’a fait grandir. En l’espace d’un an et demi, j’ai grandi, j’ai peut-être pris dix ans ! » nous expliquait-il. Quelques paroles aux allures que l’on pourrait presque interpréter comme une bouffée d’oxygène pour les fans de football. Car oui, que l’on apprécie ou non la bonhomie du Juventino, l’espoir de le voir retâter le cuir fait plaisir. Beaucoup plus, en tout cas, que les quinze jours sans saveur offerts dernièrement par la trêve internationale.
Ras-le-bol et modèle en difficulté
L’insipidité justement, voici ce qui a poussé Raphaël Varane à dire stop, tout court. Fatigué, blessé et blasé, le défenseur a surfé sur ce schéma de rimes pour prendre sa retraite sportive. « Quand je parle de la santé mentale, ce n’est pas pour jouer moins, moi, c’est parce que le foot est en surrégime et que la machine va péter », narrait-il dans L’Équipe au moment d’expliquer son choix. Une usure mentale, conditionnée par des sacrifices physiques devenus lourds à assumer et un plaisir quasi inexistant ces derniers temps, notamment dans le jeu : « Il y a beaucoup moins de créativité, moins de génies sur le terrain. Tout est robotisé, Il y a beaucoup moins de liberté », a pesté l’intéressé. Qui peut le contredire ? Émanant de la parole d’un champion d’à peine 31 ans, ces mots prennent d’ailleurs un sens encore plus grand, et font bien comprendre que ces critiques globales ne sont pas le fait de vieux réacs en crise nostalgique.
Enfin, parmi ces quatre destins, comment ne pas évoquer celui de Kylian Mbappé. Embourbé dans une affaire aussi délicate que floue, l’attaquant du Real Madrid a tout éclipsé ces derniers jours. À commencer par l’équipe de France, évidemment. L’image du modèle de jeunesse, érigé depuis ses premiers pas professionnels, est aujourd’hui fragilisée, loin des pelouses. Il faut dire que derrière Mbappé, c’est tout le pattern du football moderne qui semble vaciller, par ce qu’il incarne dans la naissance de ce football 2.0, où tout est au verrouillage (uniformisation du jeu, communication des joueurs, calendriers surchargés). Champions du monde en 2018, Griezmann, Pogba, Varane et Mbappé auront donc, en moins de deux semaines, raconté quatre histoires distinctes à la tendance similaire : le football ne fait parler de lui plus que par ses à-côtés.
Par Adel Bentaha