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Griezmann : « Pas de date limite de départ »
Finies les flâneries à N.Y.C., Antoine Griezmann est de retour sur le pré. Avec talent même, puisque le Français de la Real Sociedad a déjà claqué deux buts et fait une passe décisive en deux sorties amicales. L'occasion d'évoquer avec lui sa reprise, Philippe Montanier, Carlos Vela ou les épisodes Atlético Madrid et Athletic Bilbao.
Ça y est les vacances sont finies. On a vu que tu avais pu t’éclater à New York avec ta vidéo…J’ai trop aimé. J’y suis resté une semaine, mais j’ai eu le temps de visiter l’Empire State Building, la statue de la liberté, Chinatown, Chelsea Market… Bref, plein de trucs que j’ai adorés.
Tu as marqué un but en amical contre l’OL vendredi, la saison commence pas mal pour toi…Oui, j’ai déjà fait deux matchs amicaux contre Eibar et Lyon. J’avais déjà marqué et fait une passe décisive contre Eibar, donc c’est positif. Ça faisait trois ans que je n’avais pas fait de préparation pleine avant les compétitions internationales. J’avais besoin de vacances. Maintenant, je travaille beaucoup et je sens que je prends de plus en plus de physique.
Sur ce match, on t’a vu dans un poste plus axial qu’à l’accoutumée. Il y a une volonté de te replacer sur le long terme ?D’habitude, je joue couloir gauche. Mais là, le coach a voulu me faire travailler plus dans un poste de numéro huit ou de numéro dix. Je ne sais pas si c’est pour du long terme. Philippe Montanier m’a dit que je pouvais jouer à gauche, droite ou en pointe. L’idée, c’était surtout de m’habituer à ce secteur.
La Real semble travailler dans la continuité de la saison dernière, que ce soit en matière de politique ou de recrutement. Il y a moyen de faire mieux qu’une douzième place, non ?Notre objectif, cette année, c’est de se sauver en faisant mieux que la saison dernière. Après, pourquoi pas voir plus haut et essayer d’aller en Europa League. On a intégré beaucoup de joueurs de la cantera, Vela et Castro vont apporter un plus, donc pourquoi pas…
Tactiquement, le toque voulu par Montanier commence-t-il a être imprimé ?
Oui, ça va mieux. On va repartir sur le même 4-3-3 cette saison. On était un peu perdu au début l’an passé, mais maintenant on comprend sa philosophie. On voit qu’on réalise mieux les enchaînements. Collectivement, ça commence à payer. Par exemple, à l’entraînement, quand Michel Troin, l’assistant de Montanier, nous demandait de faire un enchaînement, il fallait toujours deux ou trois passages avant qu’on comprenne. Mais maintenant, ça se fait tout seul. Il n’a plus besoin de nous expliquer. Et ça se ressent sur le terrain.
Pourtant, à l’automne 2011, quand ton club a enchaîné six défaites et deux nuls, on s’est dit que la sauce ne prenait pas avec l’entraîneur…Non, c’étaient les supporters qui voulaient un changement. De notre côté, nous savions bien que ça demanderait un temps, de tels changements tactiques. Après, en fin de saison, on a eu une bonne série de cinq matches sans défaite.
Si tu devais comparer ton coach actuel avec Martin Lasarte, celui qui t’a lancé ?Martin Lasarte n’était pas trop porté sur la tactique. C’était surtout du jeu et l’idée de se faire plaisir. Maintenant, c’est plus poussé tactiquement parlant : on étudie l’adversaire, on fait pas mal de mise en place sur le terrain. Après, il y a toujours cette notion de jeu et de plaisir.
Le fait qu’il soit français, ça joue avec toi ?Non non, je ne suis pas le chouchou. D’ailleurs, il me parle aussi en espagnol.
À la Real, Carlos Vela a pas mal scoré la saison dernière. Il vous a expliqué pourquoi il avait explosé ?Parce que son jeu et la Liga lui vont bien. Et puis la Real, c’est une grande famille, ce sont des potes. Tu parles au président quand tu veux. Franchement, le style de vie est parfait à San Sebastián pour grandir et apprendre.
À titre personnel, tu as beaucoup mieux fini la saison dernière que tu ne l’avais commencée… C’est à cause de l’épisode Atlético ?Oui, c’est ça. On m’avait dit que c’était presque fait. J’avais même déjà commencé ma recherche d’appartement sur Madrid. Et finalement, au dernier moment, on me dit que je reste. Mentalement, ça a été dur de revenir au club et de se dire que je ferai encore une année. Et puis, il y avait aussi de la fatigue. Je suis rentré de la Coupe du monde des U19 en Colombie, je n’ai eu que deux jours de vacances…
Les supporters de l’Anoeta t’en veulent toujours ?Au début, c’était dur. Mais maintenant, ils m’ont pardonné. Quand je les croise dans la rue, on se parle tranquillement. Il n’y a pas de souci.
Ils ne t’ont pas parlé de l’Athletic Bilbao, cet été ?Il y a seulement mon père qui m’en a parlé. Je sais que ça a été concret, mais je n’ai pas eu plus d’écho. Après, maintenant, je ne me fixe pas de date limite de départ. Je veux encore profiter de mes potes ici et j’ai beaucoup de choses à apprendre.
Que dois-tu encore travailler pour passer un cap et rejoindre un club capable de jouer l’Europe ?Je dois progresser aussi bien offensivement que défensivement. Mais surtout, je pense que je dois être plus décisif, que ce soit en nombre de buts ou de passes décisives. Je crains de tenter et il faut vraiment que je prenne plus de risques.
Il y a un jeune français qui a joué, une fois, en équipe de France Espoirs avec toi, c’est Thievy Bifouma de l’Espanyol. Vous en parlez, entre vous, de ce que vous a apporté l’Espagne ?Oui, il m’avait dit que l’Espagne, c’était une autre mentalité, que les clubs donnaient bien plus leur confiance aux jeunes. Et je le rejoins là-dessus. Ça a été parfait pour moi aussi de venir ici en termes de progression.
Propos recueillis par Arnaud Clement