ACTU MERCATO
Griezmann, l’Espagne au cœur
On l'attendait ou l'espérait peut-être à Monaco, Antoine Griezmann a opté finalement pour l'Atlético Madrid, qui a lâché 30 millions d'euros pour l'attaquant de la Real Sociedad. Un choix logique pour le plus espagnol des internationaux français.
La France a encore raté Antoine Griezmann. La Ligue 1 du moins. Le PSG a bien tâté le terrain au printemps dernier sans jamais donner l’impression d’insister. De son côté, Monaco a manqué de promptitude à l’image de son mercato qui ne décolle toujours pas. Et les autres ? Les autres clubs ont raté le coche il y a dix ans quand le gamin de Mâcon n’était pas la mode. Trop petit, pas assez costaud. Aujourd’hui, Griezmann évolue dans une catégorie de prix où seuls Paris et Monaco ne sont pas pris de vertiges. L’Atlético Madrid n’a pas hésité à aligner 30 millions d’euros pour s’attacher les services de l’attaquant de la Real Sociedad, soit 8 millions de plus que Mario Mandžukić, son autre grosse recrue estivale. Une belle revanche pour un garçon arrivé sur la pointe des pieds dix ans plus tôt de l’autre côté des Pyrénées. « Je suis arrivé ici comme un enfant, je repars comme un homme » , a lâché la gorge nouée par l’émotion l’intéressé au moment de confirmer son départ.
Français de passeport et de sélection, Griezmann a le cœur et les pieds espagnols : « J’ai fait ma formation ici, du coup je ressemble plus à un joueur espagnol. » Mais ce n’est pas tout. Il avoue parfois chercher ses mots dans sa langue natale. « Je mange espagnol, j’ai le rythme espagnol, ma copine est espagnole… Même mon chien, je lui parle en espagnol » , ironise celui qui sort d’une saison à 20 buts avec le club de Saint-Sébastien. Au moment d’évoquer son avenir, l’attaquant de 23 ans ne s’est jamais focalisé sur un retour au pays. Griezmann n’est pas Jean-Pierre Papin, buteur exilé et révélé à Bruges et que le grand public français avait découvert lors du Mondial 86 avant qu’il n’aille embraser Marseille et la D1. « Je ne quitterais la Real que pour aller dans un grand club » , avait-il promis en fin de saison dernière. Promesse tenue. Antoine Griezmann débarque chez le champion d’Espagne et le presque vainqueur de la dernière Ligue des champions.
Faire oublier David Villa
Mieux, il arrive avec l’étiquette de recrue vedette de l’été pour les Colchoneros. Et la pression qui va avec. L’Atlético a su éviter le pillage redouté par certains, mais le club doit recomposer une attaque orpheline de Diego Costa, Adrian et David Villa. Si Mandžukić hérite de la lourde charge de remplacer l’idole Costa, Griezmann marche de son côté sur les traces d’un Villa arrivé pour une bouchée de pain ou presque à Vicente-Calderón (5 millions d’euros) mais très précieux dans la folle saison des hommes de Diego Simeone avec 15 buts en 47 matchs. Pour El Cholo, sa recrue va apporter ce qu’il manquait à son équipe après cette vague de départs en attaque. « On avait perdu avec les départs de Villa, Costa ou Adrian, des joueurs rapides, son arrivée va nous apporter cette vitesse » , assure le technicien argentin.
Simeone entend aussi profiter de la polyvalence de l’ancien de la Sociedad. Comme Villa, Griezmann peut évoluer en soutien d’un autre attaquant ou sur un côté. Mais à la différence de l’ancien du Barça et de Valence, le Français dispose d’une qualité de débordement et de percussion supérieure. Des caractéristiques ajoutées à celles d’un Mandžukić moins mobile qu’un Costa, qui vont amener Simeone à troquer son 4-4-2 pour un 4-2-3-1 selon la presse espagnole. Attaquant de soutien ou ailier, le poste importe finalement peu pour un joueur qui connaît déjà la Liga comme sa poche. À Madrid, Antoine Griezmann vient d’abord chercher ce qu’il ne pouvait pas obtenir dans son Pays basque : des titres. « J’ai une opportunité unique d’évoluer dans un club qui aspire à d’autres ambitions, j’ai voulu la saisir » , a-t-il expliqué dans un espagnol forcément parfait.
Par Alexandre Pedro