- International
- Amical
- France-Angleterre
Griezmann/Lacazette, copains d’avant
Alexandre Lacazette et Antoine Griezmann se retrouvent en sélection à Clairefontaine sept ans après leur victoire lors de l’Euro U19 en 2010. Les deux compères se sont côtoyés à dix-huit reprises sous le maillot bleu dans les catégories de jeunes. Une grande amitié s’est nouée entre les deux buteurs, ce qui pourrait bien influencer le prochain mercato hivernal.
Les retrouvailles ont été chaleureuses. Quelques jours après avoir bouclé leur saison respective avec l’Atlético de Madrid et l’Olympique lyonnais, Antoine Griezmann et Alexandre Lacazette se sont retrouvés sur les terrains de Clairefontaine pour préparer les derniers matchs de la saison sous le maillot bleu contre le Paraguay (5-0), la Suède (2-1) et l’Angleterre. Très proches, les deux attaquants ont partagé une photo témoignant de leur complicité sur les réseaux sociaux, affolant ainsi les supporters des Colchoneros, qui pensaient alors voir débarquer l’attaquant de l’OL dans le nouvel écrin de l’Atlético la saison prochaine.
Si le Tribunal arbitral du sport et sa décision de maintenir l’interdiction de recrutement des Matelassiers jusqu’en janvier 2018 en a décidé autrement, les deux joueurs ne semblaient pas véritablement affectés par ce verdict, en témoigne leur célébration commune après le but de Griezmann contre le Paraguay. « On parle de tout ensemble, pas forcément de mon avenir, expliquait Lacazette quelques jours plus tôt en conférence de presse. J’ai toujours été proche de lui, encore plus en sélection. Notre relation remonte à la catégorie U18 (de l’équipe de France) où on préparait l’Euro U19 l’année d’après. Ce n’est pas compliqué d’être complémentaire avec un joueur comme lui. Il est fin techniquement, il a une belle vision, il distribue de bons ballons. C’est facile de s’adapter à Antoine. » Une véritable « bromance » entre les deux buteurs qui dure depuis 2010.
😍🏾🏼 pic.twitter.com/WaBQR0MAeV
— Alexandre Lacazette (@LacazetteAlex) 2 juin 2017
Vainqueurs de l’Euro U19 en 2010
Régulièrement convoqué chez les Bleuets depuis ses seize ans, Alexandre Lacazette participe tout naturellement au championnat d’Europe U17 en Turquie en 2008 aux côtés de Gueida Fofana, Clément Grenier, Gilles Sunu ou Yannis Tafer. Les joueurs de Francis Smerecki réalisent un beau parcours, mais s’inclinent en finale de la compétition face à l’Espagne de Thiago Alcántara, Marc Bartra et Muniain sur le lourd score de 4-0. Antoine Griezmann, qui fait ses gammes du côté de la Real Sociedad ne fait pas encore partie du groupe France. « Il était déjà dans les radars de la Fédération, affirme aujourd’hui Francis Smerecki. J’avais de bonnes relations avec son coach, son entourage et son conseiller. On était tombé d’accord pour lui laisser un peu de temps et le prendre après. » La récompense arrive deux ans plus tard, en 2010. Pour l’Euro U19, organisé par la Ligue de Basse-Normandie, Smerecki s’appuie sur la même base que pour l’aventure turque avec l’arrivée du joueur de Sán Sebastian parmi les attaquants. « Il est arrivé tout timidement, expliquait Lacazette, fin mai à Clairefontaine. Il y a toujours des petits groupes, et lui était un peu seul, mais on s’est rapprochés, parce qu’on jouait ensemble en attaque et qu’on s’entendait bien dans la vie. Après, tous les deux, on charriait à peu près tout le reste du groupe. »
« Comme toujours, lorsqu’un jeune joueur arrive pour la première fois en sélection, il est un peu timide, témoigne Francis Smerecki. Mais Antoine s’est vite intégré au groupe. Ça chambrait pas mal, très rapidement, ce groupe-là a très très bien vécu. » Emmenés par la doublette offensive Bakambu – Lacazette, les Bleuets prennent leur revanche sur les Espagnols en finale et l’emportent 2-1 au stade Michel-d’Ornano. Griezmann et Lacazette remportent le premier trophée de leur jeune carrière. « Ce titre de 2010, c’était l’apothéose, expliquait en janvier 2016 pour sofoot.com, le défenseur Loïc Nego, qui faisait partie de l’aventure. Francis Smerecki avait toujours les bons mots avec nous. Il nous a motivés comme jamais. Avec Alex et Antoine, on n’a pas pris la même trajectoire, mais je suis super content pour eux. On s’appelle souvent avec Alex et on s’envoie des SMS avec Antoine. On n’oublie pas ce qui nous est arrivés ensemble sur le terrain. »
Lacazette, joker de luxe derrière Bakambu et Tafer
Les deux compères se retrouvent en sélection la saison suivante pour préparer le Mondial U20 2011 en Colombie, une compétition que les Bleuets de Smerecki abordent dans le costume du favori. « À cette période-là, Antoine a pris une place importante, analyse l’ex-sélectionneur des U20. À l’époque, je le faisais jouer comme un joueur de couloir sur son côté gauche. Quant à Alex, il avait la vitesse, le sens du but, mais il avait encore des choses à améliorer sur le plan physique. Il lui a fallu un peu plus de temps, mais c’est arrivé par la suite. » Jugé trop léger physiquement, Lacazette est contraint de s’asseoir sur le banc des remplaçants lors de ce Mondial, devancé par Tafer et Bakambu dans la hiérarchie. « On l’appelait le joker de luxe, raconte le gardien Pierrick Cros, qui faisait lui aussi partie de l’aventure en Colombie. Il avait un vrai talent de buteur. Je ne sais pas s’il comprenait son statut de joker, mais il l’acceptait et à chaque fois qu’il entrait, il marquait. Pour preuve, il termine co-meilleur buteur du tournoi en n’ayant été titularisé qu’une ou deux fois. »
La bande à Gueida Fofana s’arrête aux portes de la finale de ce Mondial, éliminée en demies par le Portugal (0-2). « Sportivement, on était tous déçus d’avoir perdu, analyse Pierrick Cros. Mais humainement, l’ambiance c’était le feu. Lacazette et Griezmann ? Ils étaient tout le temps ensemble. Griezmann, c’était un peu plus le fou-fou de l’équipe, le clown. Alex, il était toujours de bonne humeur avec le sourire. Il faisait partie de ceux avec le plus d’expérience dans le groupe en sélection de jeunes avec Gueïda, qui était un peu le papa. » Smerecki : « Gueïda, on a vite senti que c’était déjà quelqu’un de mûr sur et en dehors du terrain, c’était un cadre du vestiaire et un relais pour le coach sur le terrain. C’était le capitaine, le patron du groupe avec Gilles Sunu aussi. Alex et Antoine, il fallait leur laisser un peu plus de temps pour que ça arrive. »
Un mariage à Madrid ?
Sept ans plus tard, les deux compères évoluent ensemble chez les A sous le regard bienveillant de leur ancien sélectionneur, pas forcément surpris de les voir arriver à un tel niveau : « Quand on voit la qualité de ces joueurs-là, à cet âge-là, on se dit qu’il y a de fortes chances qu’ils réussissent. On s’interroge toujours, mais finalement à l’arrivée, il n’y a pas de surprise. » Quant à la possibilité de les voir évoluer ensemble sous le maillot de l’Atlético à partir de janvier prochain, Smerecki préfère ne pas se mouiller : « Je ne sais pas comment ça se passe à Madrid. J’ai tendance à dire que oui, ils peuvent être très complémentaires dans l’axe. Si le coach à Madrid prend Alex, c’est qu’il a dû le regarder plusieurs fois pour savoir que les deux vont bien se marier. » La « bromance » vraie.
Par Maxime Feuillet
Propos de Francis Smerecki et Pierrick Cros recueillis par MF