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Griezmann, la maté razzia

Par Théo Denmat, avec Antoine Donnarieix
Griezmann, la maté razzia

Il n'a que ça à la bouche, de manière aussi littérale que figurée : Antoine Griezmann adore le maté. Mais qu'est-ce que c'est que ce machin avec lequel on nous bassine ?

La vidéo n’a pas les formes d’une masterclass, pourtant le fond y est : 1er juillet 2016, journée de repos de l’Euro français entre un huitième de finale remporté face à l’Irlande et un quart qui se profile dans deux jours contre l’Islande. Une petite bulle de calme pointée par les caméras de la chaîne Youtube de la FFF comme le jour idéal pour suivre, comme chaque semaine, un joueur des Bleus dans son quotidien. Cette fois, donc, c’est Antoine Griezmann. Petits yeux au réveil, la voix enrouée, on suit lentement le milieu des Bleus jusqu’au buffet de petit-déjeuner installé au cœur des salons boisés du château de Clairefontaine pour une sélection simple : « Un bol de céréales(des Trésor de Kellog’s, qu’il recouvre de lait, N.D.L.R.)et carrot cake… Après, un petit maté. »

S’ensuit une explication ensommeillée du fonctionnement du bol autrement appelé bombilla, de celle de la boquilla – « c’est genre la paille où tu aspires l’eau » –, pour finir par la présence bien pratique « du trou où on met l’eau chaude bien chaude, avec l’herbe dedans » , histoire de dresser les bases du concept de cette boisson traditionnelle sud-américaine au journaliste dépassé. Bref, Grizou adore le maté, et la France, à partir de ce jour, a commencé à en avoir un peu la nausée.

Entre le café et un joint que l’on fait tourner

Puisque ce France-Uruguay est l’occasion de raconter quelques nouveautés sur un type dont on sait déjà tout, la presse s’infiltre dans la brèche : « Griezmann l’Uruguayen » , « Griezmann et la mentalité uruguayenne » , puis « Griezmann se fait remettre en place par Suárez » … Et au cœur du sac de nœuds, le maté. Partout, tout le temps, avant chaque entraînement. Une infusion de feuilles de yerba maté consommé « comme du café » par l’attaquant de l’Atlético, qui s’est vu offrir sa première bombilla personnalisée par Diego Godín comme cadeau de bienvenue au club. C’était il y a quatre ans, et Federico Bresciani, son créateur, se souvient encore de cette tige en or gravée du drapeau de l’Uruguay, et du soin qu’il avait apporté au trou de l’embout, « façonné de telle sorte que la longévité soit optimale » . Ce gérant de la boutique spécialisée Bresciani Plateria Criolla à Montevideo est devenu au fil du temps le fabricant préféré des footeux – il vend entre 130 et 510 euros – et répond prestement au téléphone. Il est habitué : les journalistes le harcèlent depuis quatre jours.

« Les Uruguayens, il faut les voir descendre du bus pour comprendre : chaque joueur possède son maté dans les mains, sous le bras ou accroché au sac à dos avec leur thermos, dit-il. Vous connaissiez Cebolla(Cristian) Rodríguez à Paris, non ? Eh bien il était toujours avec son maté près de lui ! En réalité, plus les gens nous associent au maté, plus cela nous rend heureux ! C’est le symbole du partage, c’est autre chose qu’un simple café. Offrir unebombilla, c’est un peu comme si on t’invitait à faire partie de la famille. » L’habitude, concernant le Français, a justement été prise sous l’influence de Carlos Bueno, attaquant uruguayen rencontré à la Real Sociedad et de onze ans son aîné. « Il me ramenait souvent de l’entraînement ou passait me chercher le matin, glissait récemment Grizou. Je n’avais pas de voiture à l’époque. Parfois, je dormais chez lui, et sa culture s’est inscrite en moi tout naturellement. On regardait parfois des matchs de son équipe, le Peñarol Montevideo, et on buvait du maté. »

Stimulant, anti-fatigue, antioxydant…

Alors que l’on a beaucoup écrit sur la personnalité tampon de Griezmann, pour ne pas sous-entendre qu’il en manquait sévèrement, il convient aussi de souligner que l’on peut parfaitement piquer à d’autres ce que l’on apprécie chez eux. À condition toutefois de bien le reproduire. Or, selon Juan José Traversi, originaire de Salta dans le Nord-Est de l’Argentine et fondateur du restaurant bordelais Ici Argentine, les conditions sont bien respectées : « Si vous venez chez moi en Argentine, la première chose que l’on vous proposera c’est du maté, peu importe l’heure, peu importe le niveau social. Les gauchos boivent ça sur les chevaux quand ils partent en campagne avec leurs vaches. Quand je prends mon camion, je me prépare toujours un litre de maté. Votre Griezmann, là, il est dans le respect de la tradition. » Mais si sa consommation est devenue simple habitude, loin de la hype qu’on semble parfois vouloir lui coller à la paille, quels effets sur l’organisme du petit Antoine ? Il le clame en slogan dans un sourire : « Trente prises de sang, vingt contrôles anti-doping. Donc ce n’est pas un dopant, sinon ça serait mal passé… » Ce à quoi on pourrait répondre que dans un certain sens, ça l’est quand même un peu.

« L’analogie avec le café est intéressante, parce que la caféine est le constituant principal du maté, avance Romain Thomas, diététicien et préparateur mental notamment pour l’équipe de France de beach-volley. On stimule le taux d’adrénaline, donc le système nerveux central, ce qui résulte en une diminution de la sensation de fatigue et du temps de réaction. Tous ces petits facteurs sont le résultat de psycho-stimulants qui agissent sur le cerveau. Sachant qu’une portion moyenne, c’est 70 à 90 mg de caféine : moins que dans un tasse de café, plus que dans un mug de thé. » Et puisque la feuille de maté est riche en polyphénols, une famille de molécules aux fortes propriétés antioxydantes, voilà même sa récupération assurée. À condition cependant de ne pas souffrir des effets secondaires soulignés par l’ANSES : insomnies, problèmes gastriques, palpitations cardiaques ou encore nervosité. Romain Thomas : « Il y a surtout toute une dimension psychologique là-dedans, tout comme je peux avoir la nécessité de boire mon café pour me réveiller, c’est devenu son rituel d’avant-match. » En bref : filons-lui sa dose, qu’il marque enfin autre chose que des penaltys.


Dans cet article :
Les entraîneurs peuvent-ils faire l’année de trop ?
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Par Théo Denmat, avec Antoine Donnarieix

Propos de Federico Bresciani recueillis par AD, ceux de Juan José Traversi et Romain Thomas par TD.

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Diego Godin during the Liga match between Atletico and Sevilla on 12th May 2019
Diego Godin during the Liga match between Atletico and Sevilla on 12th May 2019 Photo : Marca / Icon Sport
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