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Griezmann in the mirror
Muet avec l’Atlético de Madrid depuis sept matchs, Antoine Griezmann connaît un début de saison encore moins bon que son concurrent du jour, Cristiano Ronaldo. Période de doute inquiétante ou simple mauvais moment à passer ?
Cristiano Ronaldo ne marque plus. Cristiano Ronaldo est vieux. Cristiano Ronaldo est nul. Cristiano Ronaldo ne fait plus honneur à son statut. Ça y est, Cristiano Ronaldo est définitivement sur la pente descendante. Voilà, en exagérant à peine, ce que l’on peut entendre sur le Portugais à l’heure où le Real Madrid s’en va défier un voisin, toujours invaincu en championnat, samedi. Avec un seul minuscule but en Liga en sept apparitions, il est vrai que le Portugais nous avait habitués à mieux. Mais si l’on s’offusque du rendement de CR7, comment doit-on qualifier celui de son rival du soir, Antoine Griezmann ? Car c’est peu dire que le Français semble encore moins bien dans ses baskets.
Sept rencontres consécutives, soit près de deux mois, sans faire trembler les filets, son dernier caramel remontant à un penalty contre Chelsea fin septembre. Deux petits pions en 736 minutes de championnat, un seul en Europe. C’est clair : les statistiques actuelles de Griezmann ne respirent pas la santé absolue. Faut-il s’en inquiéter ? Oui, dans le sens où son manque d’efficacité condamne son équipe à des résultats presque médiocres (aucune défaite certes, mais seulement six victoires en onze journées ; huitième attaque du pays ; aucun succès en Ligue des champions). Le cas Griezmann en lui-même est-il inquiétant ? Pas forcément, le bonhomme ne paraissant absolument pas déstabilisé par cette période de moins bien.
Grizou dans le trou…
Le doute n’est pas possible : Griezmann est moins bon et son niveau, influe directement sur la bande de Diego Simeone. Ce dernier ne s’en est pas caché le mois passé, regrettant le passage à vide de son garçon et la dépendance que son club a créée avec l’attaquant. « Il nous a donné de mauvaises habitudes parce que c’est le joueur qui résout toujours les problèmes offensifs de l’équipe, reconnaissait ainsi le technicien en conférence de presse. Quand il marque des buts, l’équipe a de grandes chances de gagner. Mais quand il ne marque pas, évidemment, c’est plus difficile. Je crois que les autres attaquants et le reste de l’équipe peuvent l’aider à être plus proche de la cage, à avoir plus d’occasions de but. Il faut répartir cette fonction, qui n’est pas du seul ressort de Griezmann. » Reste que l’Argentin a sciemment oublié d’évoquer le pourquoi du comment. Autrement dit, de donner les éventuels facteurs pouvant expliquer la méforme de l’international tricolore.
Les rumeurs de transfert, par exemple. Très proche de Manchester United cet été, Griezmann se voyait déjà en Angleterre, selon certaines sources. Celui qui a également été envoyé au Real, à Barcelone ou à Chelsea – dans l’optique d’un échange farfelu avec Diego Costa – a donc bien entendu envisagé d’évoluer sous les ordres d’un autre patron que Simeone. Mais il a préféré demeurer fidèle aux Colchoneros, notamment en raison de l’interdiction de recrutement imposée à son club. Dès lors, est-ce possible qu’Antoine soit touché par une certaine lassitude ? Qu’il soit frustré par ses envies de départ non concluantes ? Qu’il en ait assez du style défensif et brut de l’Atlético ou de l’énorme exigence du Cholo ? L’effet Simeone, qui l’a tant fait progresser, se serait-il éteint ? La réponse, commune à toutes ces interrogations, est aussi simple que concise : non.
… pour mieux en sortir
Il suffit d’observer une rencontre de l’avant-centre, comme celle qu’il a livrée avec les Bleus contre le pays de Galles il y a une semaine, pour s’assurer que la détermination et l’investissement du principal intéressé sont toujours aussi réels. Que son nombre de buts n’a rien à voir avec un quelconque mal-être. Et que son nombre de kilomètres parcourus ne peut mentir. « Je ne suis pas préoccupé, je suis heureux de mon jeu. Ensuite, le ballon va finir par rentrer.(…)Pendant la semaine, tous les tirs finissent au fond. Mais en match, là où ça compte le plus, c’est plus difficile » , a, dans son coin, tenu à rassurer Griezmann sur le site de la Liga. Avant de rejeter en bloc l’existence d’un pseudo-stress : « La seule fois que j’ai ressenti de la pression, c’est lorsque je tenais dans mes bras ma fille quand elle n’avait que quelques mois. Là, c’était une pression. Mais sinon, les buts, c’est ce qu’on a l’habitude de faire. Marquer, c’est ce qu’on sait faire. Et ça va rentrer. » Histoire de montrer qu’il a lui aussi droit à sa saison de pluie. Comme Cristiano Ronaldo.
Par Florian Cadu