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- France-Allemagne (2-0)
Griezmann dans une autre dimension
La France est qualifiée pour la finale de l'Euro après avoir éliminé l'Allemagne sur le score de 2-0. Tout ça grâce à un petit blondinet fait de talent et de cojones.
Ses yeux sont rougis par l’effort, par la tension qui redescend, par l’émotion, par la fatigue, par le sentiment du devoir accompli. En demi-finale de championnat d’Europe contre l’Allemagne, Antoine Griezmann se paie le luxe de sortir dans les dernières minutes du match pour prendre son ovation plus que méritée. Il a inscrit un doublé, portant son compteur buts à six, le meilleur de la compétition, et largement. Dans une rencontre où les Français n’ont cessé de souffrir, le petit numéro 7 a permis aux siens de respirer à chaque touche de balle. Une soirée qui lui rappelle ses plus belles heures avec les Colchoneros, donc. Il est le seul à s’être procuré des occasions, comme si c’était le seul à pouvoir nous faire gagner. Et c’est bel et bien le cas. Car ça y est, Antoine Griezmann entre définitivement dans la cour des grands.
Le penalty qui en dit long
Dès les premières minutes, Grizou donne le ton, en s’infiltrant dans la défense allemande et en décochant une frappe un peu trop molle du droit. Repositionné dans l’axe depuis la deuxième mi-temps contre l’Irlande, en électron libre, il est le danger numéro un. L’homme qui pourra faire basculer cette demi-finale en notre faveur. Et puis, tout se détériore dans le jeu français. Plus de pressing, des boulevards laissés dans les couloirs, notamment à gauche, une possession de balle proche du néant, et une sensation que le verrou peut craquer à tout moment. Lui seul sème le doute dans l’esprit des Allemands. Les rares fois où le ballon lui arrive dans les pieds, il se tourne vers l’avant, il percute par la passe ou balle au pied. Jusqu’aux arrêts de jeu de la première mi-temps et ce penalty inespéré. Il y a un mois, à peu près au même moment du match, il avait eu un tir au but presque aussi important à transformer. En finale de la Ligue des champions, contre le Real Madrid. Il l’avait manqué. Mais heureusement, cette fois-ci, il ne tremble pas devant le robot Neuer. « J’avais à cœur de retirer un penalty dans un moment important. Je suis content d’avoir pris la décision et d’avoir marqué » , explique-t-il après le match comme si tout était normal. Une sérénité, une force de caractère et un mental d’acier digne des top players. Digne du meilleur joueur du tournoi.
La plaque tournante
Au retour des vestiaires, le Français prévient ses adversaires d’entrée, encore une fois, comme pour leur dire : « Ok vous allez dominer, mais n’oubliez pas que je peux vous tuer à tout moment. » Ses partenaires l’ont bien compris. C’est son soir. C’est son match. C’est son Euro. À chaque possibilité de partir rapidement en contre, ils le sollicitent. Et Griezmann dicte le tempo. Il conserve aussi bien qu’il accélère et est craint par les Allemands. Et évidemment, à un quart d’heure de la fin, alors que le déroulé de l’action ne laisse absolument pas penser que c’est lui qui va conclure, le voilà qui sort de nulle part pour doubler la mise. Déchaîné, il se permet même de lancer un contre à toute allure à cinq minutes du terme. Seul, comme un grand. Un dernier tour d’honneur avant de prendre sa standing-ovation en pleine face. Avant de se faire bousculer frénétiquement sur le banc par ses coéquipiers. Avant de rester prostré les yeux dans le vide, comme s’il ne se rendait pas compte de ce qu’il vient de réaliser. Comme s’il ne se rendait pas compte qu’il était un grand joueur, l’un des meilleurs du monde actuellement. Bah si, Antoine, comprend-le bien, t’es un putain de grand gaillard.
Par Kevin Charnay