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Griezmann, au coeur du derby basque

Par Léo Ruiz
5 minutes
Griezmann, au coeur du derby basque

Antoine Griezmann n’a pas encore 21 ans, mais il a déjà de la bouteille. Et de la bonne. Parti très tôt pour le Pays Basque car « trop petit » pour les clubs français, il a été formé « à l’espagnole », à la Real Sociedad, qu’il a fait remonter en Liga en 2010. La France, il la connait à travers la sélection. Champion d’Europe U19, 4ème l’été dernier en coupe du monde avec les U20, il fait désormais partie des Espoirs. En attendant plus. Cet après-midi, la bande à Montanier se reposera sur son pied gauche pour espérer rapporter quelque chose d’un derby basque qui s’annonce compliqué.

Thiago Alcantara, Sergio Canales, Iker Muniain, Isaac Cuenca, Antoine Griezmann. Chercher l’erreur. La dernière génération espagnole est pleine de pépites et promet un bel avenir à une Roja qui domine déjà le monde du football depuis quatre ans. Une Roja qui n’aura toutefois pas Griezmann, lui aussi formé « à l’espagnole » , mais qui décroche le premier titre international de sa carrière avec le maillot cocorico, à l’été 2010 : l’Euro des moins de 19 ans, en France, avec Lacazette et Kakuta autour de lui et…face à l’Espagne, tout juste trois semaines après le but historique d’Iniesta à Johannesburg. Au moins un titre que les Espingouins n’auront pas.

Antoine Griezmann, c’est un bon joueur de plus à ne pas être passé par les clubs français. L’Espagne forme des petits joueurs techniques à la pelle, et en plus elle détecte les nôtres avant nous. Au cours d’un essai avec Montpellier lors d’un tournoi de Paris, le petit Antoine est repéré par la Real Sociedad, à 13 ans seulement. « J’ai fait beaucoup d’essais dans des clubs français, mais personne ne me voulait parce que j’avais un trop petit gabarit » . Toujours la même rengaine. Le natif de Mâcon a même eu plus de mal à convaincre ses parents que le club de San Sebastian. Une fois l’accord parental en poche, Griezmann quitte tout et migre vers le Pays Basque. Mais quitter son pays à 13 ans n’a rien d’évident. « La première année, c’était difficile. Tous les soirs, j’étais seul. Des fois, je pleurais dans mon lit » , racontait-il l’année dernière à FootMercato.

« On sent qu’il a été formé en Espagne »

Pourtant, l’histoire d’amour entre Griezmann et la Real Sociedad tourne vite à la success story. Tout s’accélère en 2009, quand à 18 ans, El Francés découvre la Liga Adelante, la deuxième division espagnole. Première titularisation, premier but. Puis une place de titulaire indiscutable, et un rôle clé dans la remontée du club en Liga. Le petit mâconnais termine champion de deuxième division avec la Real Sociedad, « un moment inoubliable » , et signe un contrat jusqu’en 2015, avec une clause libératoire à 30 millions d’euros. Prends ça, Arsène Wenger. Avec le maillot tricolore, Griezmann boucle sa saison avec deux titres. La presse espagnole est sous le charme : « Un gamin en or » , « De quelle planète viens-tu ? » , « L’effet Giezmann » , titre El mundo deportivo. Puis vient la découverte de l’élite, la saison passée.

37 matchs en Liga, 7 buts. Guardiola qui souhaite l’intégrer dans la réserve du Barca, et encore une récompense internationale en fin de saison, la coupe du monde des moins de 20 ans, en Colombie. La France termine 4ème et Griezmann héros du huitièmes de finale contre l’Equateur, au cours duquel il inscrit le seul but de la rencontre. « On sent qu’il a été formé en Espagne, il est virevoltant, fin dans ses dribbles, avec du jus » , décrypte alors Francis Smerecki, qui l’a suivi des U19 aux U20.

En forme depuis la reprise

A 20 ans, Griezmann est titulaire en Liga et possède déjà une belle petite expérience internationale. Mais le jeune Bleu manque encore de maturité. Sa première partie de saison est en partie ratée, la faute à une intersaison très mal gérée. Sollicité par l’Atlético Madrid, il fait part de ses envies de rejoindre la capitale et à son retour de Colombie il se fait chahuter par ses supporters et recadrer par ses capitaines, Xabi Prieto et Mikel Aranburu. « J’ai eu un petit moment où je n’étais pas au niveau. Je commence à retrouver du plaisir et tout se passe bien sur le terrain » , déclarait-il il y a quelques semaines sur RMC.

Avec 22 apparitions en Liga, il en est à 3 buts et 3 passes cette saison. Mais c’est depuis la reprise qu’il brille particulièrement. A la mi-janvier, il offre à Montanier une victoire aussi prestigieuse que précieuse pour la course au maintien, sur la pelouse de Valence (1-0). Deux semaines plus tard, il marque de nouveau dans la victoire face à Gijon (5-1), et la semaine dernière il figurait dans le onze type de la journée. Griezmann est en forme. Son pied gauche emmerde sacrément ses vis-à-vis, qu’il soit placé sur le côté gauche pour provoquer et centrer, ou à droite pour rentrer à l’intérieur et frapper au but. Il est même plutôt bon de la caboche, le bougre, malgré son petit mètre 75.

La piste marseillaise

Beaucoup de qualités qui n’échappent pas aux clubs de plus haut standing. Cet été encore, il sera pisté, et cette fois, il devrait quitter le Pays Basque. Pour jouer une coupe d’Europe la saison prochaine, à défaut de disputer l’Euro cet été. Chez les A, la concurrence est forte dans les couloirs et il y a du monde devant lui pour le moment (Ribéry, Malouda, Rémy, Valbuena, Ménez, Amalfitano, Ben Arfa). D’où l’importance de rejoindre un club plus médiatique, pour se faire voir et pour franchir un nouveau palier. L’OM, par exemple. En cas de départ d’André Ayew, le club phocéen récupérera une petite cagnotte et cherchera quelqu’un pour dynamiter le couloir gauche de l’attaque. Les Marseillais auraient alors de la concurrence sur le dossier Griezmann, mais ils ont quelques atouts à faire valoir.

Le joueur aime Marseille, il le dit et le répète depuis des années. Et depuis peu, son agent est un certain Jean-Pierre Bernès. Oui oui, comme Deschamps. D’autres pistes en Espagne pourraient se concrétiser. Avant tout ça, Griezmann veut assurer la place de sa Real Sociedad dans l’élite. Cet après-midi, c’est le derby basque à Bilbao. Après sept ans passés dans la région, il commence à savoir ce que ça représente. A San Mamés, la partie s’annonce difficile face à un Athletic Bilbao qui joue la 4ème place. Montanier comptera encore une fois sur son gaucher pour créer l’exploit, comme à Valence. Dans cette Liga super concentrée, une victoire de la Real Sociedad les ramènerait à un petit point du voisin et leur assurerait une avance confortable sur la zone rouge (9 points). En face de lui, Griezmann retrouvera l’autre pépite de la région, Iker Muniain. Deux gamins qui devraient se recroiser sur le chemin qui mène au Brésil.

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