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Griefjoy: « L’abonnement au Stade du Ray est un peu cher »
Avec leur nom à jouer dans Game of Thrones, les Niçois de Griefjoy livrent un électro-rock dansant, à l'image de l'entêtant Touch Ground, quelque part entre M83 et Caribou. Supporter du Gym depuis toujours, le frontman Guillaume Ferran parle de chagrin, de joie et de Dario Cvitanich.
Vous êtes de Nice, vous devez être satisfait du parcours de votre équipe ?On connaît un passage à vide depuis le match contre Saint-Étienne. On se prend un 4-0 et Valentin Eyserric blesse Jérémy Clément. Puis on perd deux matchs et on commence à redescendre dans le classement. Mais la place de quatrième ne reste pas loin. On a eu pas mal de blessés, on n’a pas eu Cvitanich pendant un moment… Ensuite, ça fait quelques saisons qu’on n’est pas top et ça fait déjà plaisir de voir Nice à ce niveau-là.
D’ailleurs, Dario Cvitanich, c’est quoi ce nom ?C’est vrai que c’est particulier. J’ai vu qu’il avait eu un transfert à 400 000 euros, le moins cher de l’été. Le club a parié sur lui et a bien fait. C’est un joueur impressionnant, il est assez lent, on dirait qu’il va se faire prendre de vitesse, mais il a un physique important et il arrive toujours à tirer au but.
Vous allez souvent au Ray ? Oui. Mais je n’ai pas l’abonnement, financièrement c’est un peu cher. J’arrive à y aller souvent avec quelques potes dès qu’il y a un match un peu important. Mon premier, c’était un amical face à Brugges où mon père m’avait amené. Il y a longtemps…
Le nouveau stade va s’appeler « Allianz Riviera » . Vous trouvez que ça fait classe ou que ça fait touriste ? J’aime bien. Je ne suis pas à fond sur les valeurs niçoises. Beaucoup voulaient garder un nom vraiment niçois. Je trouve que ça fait club d’envergure, et c’est un peu ce qui nous manquait.
Vous dites ne pas être très attaché aux valeurs niçoises. Jusqu’à remplacer Nissa la Bella par votre single Touch Ground à l’entrée des joueurs ? Là, je pense que ça en ferait chier beaucoup. Je peux comprendre. C’est toujours un moment assez fort avant le match, ça soude tout le monde. Un moment de communion.
Est-ce que cet engouement pour le foot dans le Sud, à Marseille ou Nice, peut être responsable des goûts musicaux souvent douteux des jeunes de la région ? Comme si on ne pouvait pas faire les deux à la fois.C’est possible. Je connais bien Nice et c’est une ville où culturellement il n’y a pas beaucoup d’infrastructures, il ne se passe pas grand-chose. Aller au stade, ça occupe le week-end et à défaut d’écouter de la musique, c’est ce qui reste à la jeunesse. On n’est pas comme une ville dans le Nord, genre Rennes, où il y plus d’activités à faire quand on est jeune.
Votre clip en mode « banlieue » , c’est pour faire la synthèse du monde du foot et de la bonne pop ? On peut le voir comme ça. On a voulu donner une dimension un peu populaire à notre morceau et montrer une vidéo que les gens ne s’attendaient pas à voir. C’est bien vu d’avoir un clip de banlieusard sur de la pop, plutôt que sur du rap ou autre chose. C’est notre but de montrer que tout le monde peut tout écouter, que les portes ne sont pas fermées. La culture est ouverte.
Griefjoy signifie « Chagrin/Joie » . C’est un résumé de match ? Ça peut l’être. On aimait l’idée de pouvoir ressentir deux sentiments en même temps. Dans le foot, ça se succède, ça peut aller très vite. Je suis allé voir Nice-Évian, on perdait 2-0 et, en deuxième période, on revient 3-2. Là c’était du « Chagrin/Joie » .
Le pire ennemi de Nice, c’est qui ?Il y a un enjeu avec les autres clubs de la Côte d’Azur. Pour le dernier match contre Marseille, qui s’est joué à guichets fermés, les chants de la Brigade Sud tournait plus autour de l’insulte que de l’encouragement. Contre les clubs corses, ce n’est pas tout le temps la joie, mais c’est moins violent.
Monaco va sûrement remonter et voudrait concurrencer le PSG. Vous serez plus pour les Russes monégasques ou les Parisiens qataris ? Je ne sais pas si c’est bien pour la Ligue 1, à long terme, que le Qatar s’immisce dans tout ça… C’est le premier club, ça va ouvrir la porte à d’autres. Mais si les supporters sont contents… J’ai vu un match au Parc, c’était assez beau. Sinon, je me rappelle des derbys Nice-Monaco, c’était la guerre, donc je serai plus pour le PSG. Monaco, ils ont ce statut particulier, ils ont déjà énormément d’argent, encore plus avec les Russes. Quand Nice était en Ligue 2, j’étais pour eux, pas pour Monaco, ce sera pareil s’ils redescendent. Je suis attaché à ma ville.
C’est quoi votre meilleur souvenir au Stade du Ray ?Ben, finalement, c’est ce match contre Évian. Je n’avais jamais vu ça. En France, les matchs se terminent souvent sur des 1-1, des 1-0 un peu chiants. Cette remontée à 3-2, je n’avais jamais vu un truc pareil, ça fait beaucoup de bien. Et mon pire souvenir, c’est récent aussi. En janvier contre Bordeaux, il devait faire -5° au stade, c’était affreux, horrible et on perd 1-0. Le match était chiant, je me suis demandé ce que je foutais là.
Finalement, Nice finira combien ?J’étais dégouté lors du dernier match qu’on laisse passer notre chance contre l’OM. Il y avait quelque chose à faire. Et surtout le match précédent à Nancy, j’étais un peu déçu, on aurait pu passer troisièmes. Là, on est retombés à la 6e place… Mais ce que tous les supporters espèrent, avec le nouveau stade qui arrive, c’est qu’on chope l’Europa League. La dernière Coupe d’Europe, j’étais trop petit!
Griefjoy sera en concert gratuit le 30/04 au Nouveau Casino (Paris) – Entrée libre par le Café Charbon avec l’exposition de Marine Philomen Roux. Nouvel EP – « Touch Ground » (Arista)
Propos recueillis par Thomas Andrei