Grenoble : «La Ligue des Champions ? Impossible»

Le mercato est terminé pour vous ?

Non, non. On est toujours à la recherche d’au moins deux joueurs, voire trois, ça va dépendre des profils. Après on sait très bien qu’on a quelques-uns de nos joueurs susceptibles de bouger. Un ou deux joueurs qui savent qu’ils n’auront pas forcément beaucoup de temps de jeu cette année, qui seraient prêtés ou transférés. Évidemment, on les remplacerait.

Wimbée, Flachez, Regragui, on a l’impression que vous vous débarrassez des vieux pour que Grenoble perde cette réputation d’équipe à la moyenne d’âge élevée.

Ce n’est pas une réputation, on était l’équipe la plus âgée de Ligue 1. Et puis on s’est débarrassé de personne. Il faut remettre les choses en perspective. Il y a des joueurs qui ont des contrats qui arrivent à terme. Des fois c’est le joueur qui dit non, des fois c’est le club qui dit non. Et il y a une question de fond. L’année dernière, il y a eu des matchs où les six joueurs de derrière avaient plus de 34 ans en moyenne. Il suffit d’être un petit peu lucide pour se rendre compte que ça ne peut pas durer. Maxence Flachez était en fin de contrat. On lui a dit qu’on ne lui ferait pas de proposition de prolongation. Ça s’est très bien passé, ou alors j’ai rien compris. D’autres joueurs, entre les vacances, les départs… sont partis sans qu’on ait forcément eu le temps de se parler, mais personne n’a été poussé dehors. Si vous voulez me faire dire que j’ai préféré prolonger Sandy Paillot que Maxence Flachez, je vous dis oui et j’assume. Je préfère clairement avoir un joueur de 22 ans, international espoir, titulaire toute la deuxième partie de saison, que Maxence, qui a 36 ans, que j’apprécie beaucoup comme homme. Le club sait très bien ce qu’il doit à ces joueurs. On leur doit d’être montés en Ligue 1, on leur doit le fait de s’y être maintenus. Par contre, qu’on ait la volonté de rajeunir l’effectif, c’est une évidence. Et qu’on n’ait plus envie d’avoir, comme cette année, 16 ou 17 joueurs en fin de contrat au 30 juin, c’est une évidence aussi.

Est-ce que le fait d’avoir une équipe âgée ne vous a pas aidé à vous maintenir ?

L’âge ne nous a pas fait marquer de points. Je crois que c’est très franco-français de vouloir tout ramener à l’âge. C’est le mix “nombre de joueurs d’un certain âge” et “durée des contrats” qui est important. Notre rééquilibrage a commencé avec le dernier mercato hivernal, quand on fait signer Pierre Boya pour 3 ans ½, Bostjan Cesar sur 2 ans ½. Matsui c’est 3 ans, Paillot c’est 4 ans, etc. Le message est clair : c’est de construire une équipe, pas seulement de faire des coups en essayant de se maintenir tous les ans.

Vous aviez laissé la porte ouverte à Sofiane Feghouli, vous n’avez pas eu d’offre ?

Avant de partir en vacances, Sofiane a dit qu’il se sentait l’envie de rester et d’aller au bout de sa post-formation à Grenoble. On a pris acte, on est contents d’avoir le joueur. Effectivement, si un club nous amenait une offre phénoménale, on serait tentés de se dire que l’argent vaut le joueur. Il n’y a pas eu d’offre formelle, mais j’ai eu des contacts. On sait très bien que, dans le métier, on travaille plus par contacts téléphoniques qu’autre chose. Il y a eu un club français et des clubs étrangers, mais à partir du moment où Sofiane ne veut pas partir, l’affaire est entendue.

A un moment, on l’annonçait quand même à la Juve, à l’Inter, à Chelsea…

Je vais vous dire très sincèrement ce que je pense, vous pouvez l’écrire, j’assume tout ce que je dis. Je pense qu’il est très mal conseillé. Je pense qu’il a dans son environnement des gens qui, pour se faire mousser, lui ont fait miroiter la poule aux œufs d’or. Aujourd’hui, parler de Sofiane Feghouli, au choix, entre Chelsea, Liverpool, Manchester ou le Real, c’est peut-être aller un peu vite en besogne. J’ai suffisamment d’expérience pour savoir qu’avant de passer de Grenoble à Manchester, il y a des étapes. Sofiane a une belle carrière devant lui mais je pense qu’il n’est pas prêt pour aller dans ces clubs-là. J’espère qu’il ne va pas être déstabilisé et qu’il ne prendra pas ça comme un coup d’arrêt mais plutôt comme une invitation à continuer à bosser. Les agents racontent ce qu’ils veulent, c’est le terrain qui fait la loi.

Quels sont les objectifs de Grenoble cette année ?

Déjà se maintenir en Ligue 1, évidemment. Et travailler sur le projet de centre d’entrainement qui avance. Ce qui est également important pour nous, c’est qu’on a passé le cap de la DNCG sans encombre. Quand on voit où était le club l’année dernière, c’est une vraie victoire pour nous. Mais l’objectif, c’est de s’installer en Ligue 1 en étant l’année prochaine encore un peu plus forts que cette année. Pour nous, c’est important de voir que des joueurs comme Daisuke Matsui, comme Paillot, comme Tadic qui avaient d’autres propositions, sont venus à Grenoble. L’année dernière, les joueurs qui sont venus à Grenoble l’ont fait par défaut ou pour se relancer à titre personnel, plutôt que par véritable conviction dans le projet. Ceux qui viennent aujourd’hui ont signé trois ou quatre ans. J’ai donc la faiblesse de croire que la perception que les gens ont de Grenoble est en train d’évoluer.

Quand Index Corporations à repris le club en 2004, ils promettaient la Ligue des Champions dix ans après, c’est encore jouable ?

Non, c’est impossible. Je pense qu’au moment où Index a repris le club, il y avait une vraie méconnaissance de tout ce chantier qu’était le football grenoblois et de ce que représente le challenge de la Ligue des Champions. On espère tous, évidemment, la coupe d’Europe, mais quand ? Ça aurait pu être cette année à deux matchs près, en Coupe de France. Notre ambition est de faire à Grenoble ce qui a été fait à Rennes, ce qui a été fait dans d’autres villes de France. Grenoble, c’est une agglomération extrêmement dynamique, on a un public qui est bouillant, presque trop parfois. C’est un public latin, qui mord. On a beaucoup d’atouts pour réussir. Il faut qu’on progresse, mais on ne brûlera pas les étapes. C’était important de garder le staff. Tout le monde nous avait dit qu’on n’arriverait pas à garder Bazdarevic. J’ai la chance de connaître Mecha depuis 20 ans. Je ne sais pas s’il fera comme Guy Roux mais nous on aimerait construire le projet sur des fondations extrêmement solides. On prendra notre temps.

Le premier match au Stade des Alpes en recevant Marseille, positif ou pas ?

L’année dernière on en a pris trois contre Marseille chez nous, on a pris 4-1 au Vélodrome, on ne peut faire que mieux, a priori. Certains disent que c’est mieux de les prendre avant qu’ils soient rodés, honnêtement je n’en sais rien. Après, la venue de Marseille est toujours un événement fédérateur. Le seul regret que j’ai, c’est que dans nos abonnés et nos supporters les plus fidèles qui seront en vacances, certains seront privés de ce match-là. A Grenoble, où il y a une sensibilité pro-Marseille, où c’est un peu leur club numéro deux, voire numéro un, c’est un peu décevant. Mais pour nous, de toute façon, comme je dis toujours, il faut jouer 38 matchs. On va les prendre comme ils viennent et je suis convaincu qu’on reparlera de Ligue 1 à Grenoble l’année prochaine.