- Coupe de France
- 32e de finale
- Grenoble/Marseille (3-3, 5 tab à 4)
Grenoble croque l’OM !
Encore en vacances, les joueurs de l'Olympique de Marseille ont été dévorés par le GF38 à l'issue de la séance de tirs au but. Une défaite logique lors d'un match où Goliath n'était pas celui que l'on pensait.
M. Nasrallah (10′), F. Hachi (48′), S. Bengriba (120′) pour Grenoble , A. Gignac (6′), A. Gignac (33′), A. Ayew (98′) pour Marseille.
Ezequiel Lavezzi et Edinson Cavani ont au moins eu le mérite d’assumer leur rab de vacances. Moins courageux que leurs homologues sud-américains, les joueurs de l’Olympique de Marseille ont les pieds sur la pelouse douteuse du stade des Alpes, mais la tête sur une île paradisiaque. Manque de bol, en face, les lascars de Grenoble ont beau évoluer en CFA, ils ne sont pas là pour leur servir un cocktail coloré, avec un petit palmier dans le verre. Et si la France du foot est fière de ses histoires qui content l’affrontement entre David et Goliath, l’OM nous a appris ce soir que le petit n’est pas toujours celui que l’on croit.
De l’art de prendre son adversaire de haut
L’esprit de Noël a-t-il remplacé l’effet Bielsa pendant la trève ? C’est en tout cas ce que montrent les premières minutes d’une rencontre que les Phocéens prennent par-dessus la jambe sans même s’en cacher. Scandaleux dans l’investissement, les onze vacanciers alignés par Bielsa (dix plus Gignac, en fait) sont rapidement pris à la gorge par l’escouade locale, fermement décidée à faire de ce 32e de finale un coupe-gorge. Et si le coup franc de Diri suite à une faute bête de Thauvin meurt finalement au ras du poteau gauche de Samba, le banc marseillais comprend vite ce qui va lui arriver. Impeccables sur le plan de l’engagement et de la mentalité en Ligue 1, les visiteurs perdent les duels, commettent des erreurs bêtes à la relance et ailleurs, et souffrent sur les accélérations iséroises. Ironie du sort, ce sont eux qui ouvrent le score contre le cours du jeu grâce à un rush d’André-Pierre Gignac, dont la frappe de l’intérieur du pied droit ne laisse aucune chance à Cattier. Un but qui, en temps normal, aurait coupé court à l’enthousiasme d’une équipe de CFA, l’équipe de l’élite s’enlevant une belle épine du pied en ouvrant le score. Sauf que cet OM à l’étrange de visage n’a pas envie de se faciliter la tâche. Complètement à la ramasse en défense, notamment dans les couloirs, l’OM voit le virevoltant Tchenkoua semer Morel et envoyer un bon centre à ras de terre pour Nasrallah. Laissé en liberté par un Lémina à la ramasse ce soir, le Grenoblois plante à bout portant. Jaloux, Diri y va également de sa grosse occase suite à une nouvelle perte de balle phocéenne, mais son plat du pied passe à quelques centimètres des buts de Samba. Seul Phocéen à avoir le couteau entre les dents, André-Pierre Gignac tente d’endosser le costume du sauveur. Lancé dans la profondeur suite à un cafouillage entre Batshuayi et la défense grenobloise, APG s’en va seul face à Cattier et plante d’un intérieur du pied tranquille. Comme un symbole, c’est sur une tentative de roulette prétentieuse et loupée de Thauvin que le premier acte s’achève.
Du Hachi puis du gâchis
Bielsa a-t-il gueulé dans les vestiaires ? Certainement. Pour savoir si la pause a été utile aux Phocéens, il n’y a besoin que de quelques secondes. Encore en galère, Lemina laisse un Grenoblois frapper, tandis que Samba décide de garder ses buts sans les mains. Par miracle, le ballon rebondit sur le poteau, mais Giannelli Imbula, touriste parmi tant d’autres ce dimanche soir, ne saute pas pour prendre le ballon de la tête. La suite, c’est une reprise gratinée de Hachi qui termine dans le but de Samba. 2-2 dès le retour des vestiaires. Bielsa commence les grandes manœuvres. Touchés dans leur égo, les Phocéens réagissent véritablement pour la première fois de la rencontre, mais le tout reste trop faible techniquement. Transparent lors des grands matchs cette saison, Dimitri Payet est introuvable, tandis que Thauvin se procure autant d’occasions qu’il n’en loupe. Pas plus adroit, Batshuayi est envoyé en pointe, tandis qu’André-Pierre Gignac rejoint le banc. Ayew, Dja Djédjé et Mendy entrent rapidement, comme si Bielsa voulait dire à son équipe que la prolongation ne constitue pas une issue. Pourtant, après 90 minutes de jeu et une domination marseillaise stérile en fin de rencontre, les Grenoblois poussent l’OM à disputer 30 minutes supplémentaires. Du rab durant lequel Marseille ne sera pas plus rassurant et le GF38 pas moins mordant. Logiquement émoussée, la bande de l’intenable Tchenkoua craque sur un poteau rentrant à l’arrache et sans histoire d’Ayew, servi par Thauvin. Très concentrés depuis le début de la rencontre, les Isérois n’ont pas défendu, trop occupés à réclamer un hors-jeu. Sonnés, ils ne rendent pas les armes pour autant. Dans les ultimes instants de la rencontre, alors que leur président croise les doigts devant le tunnel, les locaux égalisent d’un coup de boule fou de Bengriba. Le stade des Alpes exulte. Les jambes sont lourdes, mais les penaltys attendent les 22 acteurs. À ce petit jeu, Samba fait semblant d’être gardien, tandis que Florian Thauvin voit sa tentative détournée par Cattier. Le tir au but du bonheur sort des pieds de Nasrallah. Grenoble passe. C’est joli. En même temps, ça aurait été con qu’un favori saute, non ?
Par Swann Borsellino