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  • Grenoble/Saint-Priest (2-0)

Grenoble, chronique d’une galère

Par Antoine Donnarieix
5 minutes
Grenoble, chronique d’une galère

En CFA depuis maintenant trois ans, le Grenoble Foot 38 va devoir passer une nouvelle saison dans la quatrième division nationale, la faute à un destin que les Isérois n'avaient pas entre leurs mains. Un dénouement tragique, symbole même des maux du GF38 : des remords, encore des remords, toujours des remords.

« Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis, Dans ce temps-là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Tu vois je n’ai pas oublié. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
 »

Par cette série de vers, Jacques Prévert raconte une mélancolie d’un amour fugitif narrée au rythme de l’automne, afin de poser des mots sur une nostalgie maladive. Si le poète voyait ses écrits se transformer en chansons au fil du temps, force est de constater que ce passage s’applique aussi pour des équipes de football dans le dur. Dans le très dur, même. Condamné aux affres d’une relégation administrative suite à une absence de garantie financière en 2011, le Grenoble Foot 38 fait partie, le vague à l’âme, de ces anciens pensionnaires de Ligue 1 dégagés à grand coup de pompe du football professionnel. Comme tout club construit sur un business plan foireux, Grenoble détient aujourd’hui son Stade des Alpes de 20 000 places, construit sous la période d’Index Corporation, en CFA.

Une enceinte toujours à crédit, et dont l’affluence ne permet pas de pouvoir rembourser de façon efficace l’endettement. Même avec le FC Grenoble Rugby en Top 14. Même avec les Brûleurs de Loups et leur patinoire spéciale du Winter Game. Sans se voiler la face, ce stade est devenu un boulet pour le GF38 et toute sa ville. Toutefois, même en quatrième division, les supporters sont là pour le remplir un maximum. Samedi soir donc, les Grenoblois étaient 5 644 pour assister au succès de leur équipe contre Saint-Priest, lors du dernier match de la saison (2-0). Mais malgré cette affluence proche de la moyenne annuelle de Ligue 2, Grenoble ne montera pas en National. Pourquoi ? Parce que dans le même temps, le leader de la poule C, l’AS Béziers, s’est aussi imposé contre l’AS Monaco B. Oui, contre le remplaçant du remplaçant de Valère Germain. La règle de la CFA est connue de tous dès le démarrage : seul le premier de chaque poule accède au National. Et tant pis pour Grenoble.

L’OM, l’oasis au milieu de l’hiver

Trois jours après ce match, la pilule reste toujours difficile à avaler. Ce genre de désillusion, les supporters du GF38 le vivent maintenant depuis trois saisons en CFA. Trois saisons à se taper des déplacements à Villefranche, Marignane ou Rodez. Mais aussi trois saisons sans prouver que Grenoble est la meilleure de son groupe. « Pas de chance » , « Joué à trois fois rien » diront les plus cléments. Les plus objectifs se contenteront d’analyser la saison : à la trêve hivernale, Grenoble comptait déjà deux points de retard sur Béziers après 14 journées. Et puis Noël est arrivé avec un peu de retard dans les Alpes, le 4 janvier 2015. Le jour où Grenoble a fait tomber le leader de Ligue 1 en Coupe de France, l’Olympique de Marseille, au terme d’un match épique (3-3 a.p, 5-4 aux tirs au but). La performance est « Énooooooooorme ! » comme le titre Le Dauphiné Libéré le lendemain. Même le président du GF38, Alain Fessler, se sent pousser des ailes dans les colonnes du quotidien : « Quel exploit ! Cela prouve que nous n’avons plus rien à faire en CFA, on a du talent. Je viens d’avoir un message de mon ami Jean-Marc Ferreri qui m’a dit que j’avais une très belle équipe. » La danse continue, puisque les médias – notamment Téléfoot – se rapprochent du staff et des joueurs. Sur le terrain toutefois, les performances n’en pâtissent pas. Pas pour le moment. Grenoble récupère même le fauteuil de leader et prend jusqu’à cinq points d’avance sur Martigues au soir de la 18e journée. Viennent ensuite les deux mois de février et mars, mois décisifs pour clore tout suspense, en bon patron qui se respecte. Au lieu de cela, Grenoble réalise le parcours d’un club en lutte pour le maintien : deux défaites, deux matchs nuls et une victoire. Plus d’avance. Pis, du retard. Grenoble passera dès lors dans la position du chasseur, pour ne plus jamais reprendre cette première place. À sept journées du terme du championnat, le scalp de Marcelo Bielsa est déjà bien loin.

Saragaglia, un homme blessé

Tandis que Béziers continue de garder le cap en direction du National, Grenoble repense à ses deux dernières saisons : celles où, suite à un match couperet contre le RC Strasbourg en 2012-2013, ou dans un scénario identique à l’actuel en 2013-2014, le GF38 s’est planté dans son objectif d’accéder au National. Deux saisons où, déjà, le régional Olivier Saragaglia était aux commandes de l’équipe, comme l’étaient Mécha Baždarević ou Alain Michel dans les années plus dorées du club isérois. Cette fois-ci, l’entraîneur comptait bien mener son groupe vers cette quête tant espérée. Et samedi soir, après avoir pris conscience d’une réalité glaçante, le technicien a décidé de dire stop devant les micros. « Je suis extrêmement déçu et très ému, car ces gens-là, notre Stade des Alpes et la ville de Grenoble ne méritent pas de rester à ce niveau-là. J’en suis en partie responsable, donc c’est beaucoup de tristesse. Pour la suite, le club ne repartira pas avec moi, c’est une certitude. Quand on n’arrive pas à atteindre un objectif, il ne faut pas s’acharner. Il y a d’autres personnes qui pourront peut-être parvenir à faire monter le club. Moi, j’ai tout donné. J’ai signé ma première licence ici, j’avais 7 ans, donc je tiens énormément au GF38. J’aurais aimé rendre au club tout ce qu’il m’a donné en montant en National. Pour le club, il va falloir continuer de bâtir. » Héros du 32e de finale de Coupe de France contre Marseille, le capitaine Selim Bengriba ne pouvait pas retenir ses larmes en sortant du stade. Grenoble est encore passé à côté. Grenoble s’est bien fait Béziers…

Lyon : à Textor et à travers

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