- Ligue 1
- Le joueur de la 38ème journée
Grenier, tireur d’élite
Auteur d'un nouveau coup-franc supersonique ce dimanche, lors de la victoire de l'Olympique Lyonnais face à Rennes (2-0), Clément Grenier a confirmé qu'il était bien l'un des hommes de cette fin de saison de Ligue 1. Convoqué pour la première fois chez les Bleus pour remplacer Samir Nasri, le joueur, qui prendra des vacances bien méritées après une bonne deuxième saison chez les pros (7 buts, 8 passes), risque de donner du boulot à Jean-Michel Aulas pendant les vacances.
Une tête de jeune premier à donner la réplique à Louis Garrel dans un film un peu trop mou de Christophe Honoré. Un pied droit qui file des frissons au public lyonnais et qui, ces derniers jours, lui donne même des envies nostalgiques d’entonner, sur un air de Live is Life d’Opus,: Ju-ni-nho, la-la-la-la-la, Pernambucano!. Homme de cette fin de saison du côté de l’Olympique Lyonnais, Clément Grenier, 22 ans, est la star de cette fin de saison. Elégant, décisif mais parfois impatient, le natif d’Annonay, en Ardèche, n’est pas du genre à se contenter d’une troisième place. Convoqué pour la première fois chez les Bleus par Didier Deschamps pour remplacer Samir Nasri, l’ambitieux lyonnais, qui a encore un an de contrat entre Rhône et Saône, vise toujours plus haut. Quitte à donner du boulot à Jean-Michel Aulas cet été.
Grimandi en tribunes
Ils étaient tous venus pour voir leur OL désosser Rennes et ainsi, fêter une qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Mais parmi eux, à Gerland, un type n’est pas le bienvenu. Il s’appelle Gilles Grimandi, et s’il est là, ce n’est pas pour dire au revoir à Lisandro ou pour superviser Jean II Makoun. Emissaire d’Arsenal, l’ancien gunner est là pour Clément Grenier. Il faut dire que le jeune lyonnais termine bien l’année. Six de ses sept buts plantés en 2013, auxquels on peut rajouter huit passes décisives. Un bilan honorable pour un gosse de 22 ans qui ne comptait que 31 apparitions en Ligue 1 avant le début de l’exercice 2012-2013. Entré sur la pelouse avec des envies de Ligue des Champions, Grenier veut apporter sa pierre à l’édifice, après l’ouverture du score de Lisandro. A l’aise sur coups de pied arrêtés, où la concurrence était rude à Lyon, avec Gourcuff et Malbranque, Grenier a profité de quelques opportunités pour montrer qu’il était bien l’artilleur numéro un de l’équipe de Rémi Garde. Le genre de type qui, comme le regretté Juninho, fait suer gardiens et supporters avant même de botter le coup-franc. Clément pose le ballon, Costil le sait, Gerland le sait, le ballon le sait. A Nice, c’était lucarne droite, contre Rennes, ce sera une barre rentrante, à gauche. Chez les Grenier, on varie les plaisirs parce qu’on aime la beauté du geste.
Le Kaka de Tola Vologe
Mais derrière ses airs de dandy, Clément Grenier n’est pas un romantique. Il est un raffiné, à la rigueur. Oui, il est élégant, mais sa culture à lui relève plus de celle de la gagne que de celle de l’apparence. Sa grande gueule en témoigne. Surnommé « Kaka » – l’ancien, hein – en jeunes à Lyon, l’Ardéchois est du genre à ne pas garder sa langue dans sa poche. Sans arrogance, mais plutôt avec le charisme de l’homme en mission. Car malgré son côté timide, Grenier est plutôt un capitaine en puissance, à parler sur et en dehors du terrain et à insuffler un courant victorieux dans les vestiaires. Cette quête de victoire et cette envie d’en découdre peuvent aussi lui jouer des tours. Selon Claude Puel, son ancien coach, qui s’est confié à Téléfoot, le gamin a pu se montrer impatient. Se demandant pourquoi tel ou tel jeune s’entraînait avec les pros, mais pas lui. Mais son heure est venue bien vite et le temps a passé. Un peu plus de deux ans après sa première titularisation chez les pros en Coupe de la Ligue face au PSG, Grenier ne compte déjà plus qu’un an de contrat. Suffisant pour que Gilles Grimandi soit à Gerland, donc. Suffisant aussi pour que Jean-Michel Aulas, punchliner émérite, ne réclame 37 millions pour son prodige, en évoquant l’affaire qui s’est tramée entre les deux finalistes de la Ligue des Champions pour Mario Götze. Une somme évidemment beaucoup trop importante, mais qui pourrait avoir le mérite de faire rester un joueur qui, malgré toutes ses qualités et l’emballement médiatique qu’elles créent, a encore beaucoup à prouver. Et beaucoup à offrir aux supporters de Gerland, qui ne demandent rien d’autre que de troquer cet air ringard d’Opus, groupe de Pop-rock autrichien des années 70, contre quelque chose de plus classe. A l’image du joueur.
Swann Borsellino