- France
- Coupe de France
- Finale
- AJ Auxerre/PSG
Grégory Berthier, la « pépite vraie »
Né dans l'Yonne et présent au club depuis ses 10 ans, Grégory Berthier est la révélation de la saison du côté de l'AJA, qui tentera de réaliser l'exploit ce samedi face au PSG, en finale de la Coupe de France. Un gamin doué, du cru, qui perpétue la tradition des jeunes talents formés à Auxerre.
Il y a Sébastien Puygrenier et Frédéric Sammaritano, les deux cadres du groupe (33 et 29 ans). Et puis il y a Grégory Berthier, 19 piges. Voilà, dans le onze auxerrois qui débutera ce samedi face au PSG en finale de la Coupe, les trois seuls éléments à avoir déjà foulé la pelouse du Stade de France. Si pour les deux premiers, l’expérience commence à dater un peu, elle est encore toute fraîche dans la mémoire de Berthier, capitaine des U19 vainqueurs de la Gambardella la saison dernière, et qui va donc entrer dans le cercle très, très restreint des joueurs qui ont disputé deux finales consécutives dans l’enceinte du « 9-3 » . « Si on m’avait dit ça, je n’y aurais pas cru du tout, avoue le jeune milieu offensif. C’est rare et beau en même temps d’y retourner deux ans d’affilée. »
Cette opportunité, Berthier la doit à une éclosion assez fulgurante. Embêté par des problèmes de dos en début de saison, il a d’abord vu Samed Kılıç et François-Xavier Fumu Tamuzo, ses potes de promo, débuter en L2 pendant que lui oscillait entre groupe pro et CFA2. Mais après la trêve, alors que ses anciens coéquipiers en U19 rentraient un peu dans le rang, il a saisi sa chance et il est devenu un titulaire quasi indiscutable dans l’équipe de Jean-Luc Vannuchi. Grâce à de jolies stats (3 buts et 4 passes décisives en 16 matchs de championnat), Berthier a même été élu meilleur joueur de L2 pour le mois de mars. « Je m’y attendais, déclare Fumu Tamuzo. C’était la suite logique vu ce qu’il a fait au centre de formation. Je savais que ça allait arriver, mais peut-être pas aussi tôt. Greg est quelqu’un qui travaille beaucoup et avec le talent qu’il a, c’était sûr que ça allait arriver. »
Les pas de Sagna et les cheveux de Messi
Né à Sens et élevé à Gron, village peuplé d’un gros millier d’habitants à 70 bornes au nord d’Auxerre, Berthier est un enfant du cru. Un vrai. Un gamin qui a vécu ses premiers émois footballistiques dans les travées de l’Abbé-Deschamps : « Mes parents sont supporters de l’AJA, donc ils m’emmenaient au stade. Ce sont les premiers matchs que j’ai vus de ma vie. Jouer dans ce stade maintenant, c’est un plaisir. Par rapport à ma famille, c’est une fierté comme je suis quelqu’un du coin. » L’histoire est à peu près la même que celle de Bacary Sagna, dernier natif de l’Yonne à avoir percé sous le maillot blanc et bleu. Un modèle dont Berthier aimerait d’ailleurs suivre la trajectoire, car son « vrai club, c’est Arsenal » .
Si la proximité du cocon familial a facilité les choses, l’apprentissage au centre de formation n’a pas pour autant été si simple, notamment en raison d’un corps pas franchement pressé de s’étoffer, comme se le rappelle Fumu-Tamuzo, son ancien compagnon de chambrée en famille d’accueil et toujours adversaire au tennis « quand c’est les grandes vacances » : « C’est en U17 qu’il s’est révélé. En préformation, il y avait des petits éclairs où l’on sentait qu’il avait quelque chose, mais c’est en U17 qu’il a vraiment montré qu’il faisait partie des meilleurs. Avant il était très petit, on le comparait souvent à Messi. En plus, il avait la même coupe de cheveux. » Si comme l’Argentin, le style capillaire a donc visiblement été long à trouver pour Berthier, l’Auxerrois a pu compter sur d’autres qualités pour parvenir à ses fins.
« Il sait quand parfois il est « petit con » »
Gaucher à la technique épurée, il est doté d’une qualité de passe qui n’est pas sans rappeler celle d’un Yann Lachuer, autre grand fournisseur auxerrois de caviars. Mais contrairement à son prédécesseur, le gamin de Gron est aussi capable d’éliminer balle au pied et de déborder. « Il a un fort potentiel technique et dans la vision du jeu, souligne Johan Radet, son coach en U19. Il sait accélérer le jeu juste par ses passes. En finale de la Gambardella (2-0 contre Reims, ndlr), sur notre 2e but, il fait une passe en une touche en profondeur, il n’y a que lui qui la voit. Il voit avant les autres. Il lui manque encore une grosse dizaine de matchs de Ligue 2 pour devenir un joueur cadre de l’équipe, qui va amener vraiment. »
Pour atteindre le niveau qui semble lui être promis à moyen terme, à savoir la L1, Berthier devra toutefois franchir deux étapes. D’abord réussir une saison pleine en L2, alors que l’effet de surprise sera passé. Et puis aussi effacer ce qu’il qualifie lui-même « d’attitude parfois nonchalante » qui pourrait lui jouer des mauvais tours. « Il a besoin d’un petit coup de pied au cul de temps en temps, lâche Johan Radet. Mais on peut aussi discuter avec lui et lui dire qu’il n’est pas dans le truc. Il s’en rend compte aussi. Il sait quand parfois il est« petit con »et quand il est là. C’est un garçon qui a besoin de responsabilités. À partir du moment où Greg sait que vous avez confiance en lui, ça avance plus que bien. » Il faudra alors lui faire savoir une dernière fois ce samedi, si l’AJA veut avoir une chance de battre le PSG.
Par Axel Bougis