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Greg & Lio : « Les imperfections rendent les choses belles »

Propos recueillis par Mathias Edwards
Greg & Lio : « Les imperfections rendent les choses belles »

Ce soir, les réalisateurs Greg & Lio défendront leur titre de meilleurs clipeurs français. Récompensés en 2017 pour un clip de Jain, c'est pour une vidéo d'Orelsan qu'ils sont cette fois-ci nommés. Et comme les choses sont bien faites, le Racing Club de Strasbourg ne joue pas ce soir. Sinon, ils auraient probablement suivi le match en streaming, depuis la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt.

D’où vient votre amour pour le football, et le Racing Club de Strasbourg en particulier ?Lio : Lorsque j’étais en primaire, j’ai découvert cette ferveur qu’il y avait pour le Racing. Donc j’ai demandé à mon père de m’emmener à la Meinau. Et à partir de ce moment-là, c’est devenu notre petit rituel. Le Racing, pour moi, c’est Mostovoï, Gravelaine, Zitelli, Sauzée, Lebœuf… À ce moment-là, j’étais à fond. Marc Keller était même venu dans mon école entre midi et deux, pour faire un foot avec nous.Greg : Pour moi, le foot est venu plus tard, avec les jeux vidéo. Avant la sortie d’ISS Pro, j’en avais rien à foutre. Mais grâce aux coups francs de Recoba et aux Nigérians qui couraient super vite, j’ai commencé à m’y intéresser. Et le mec de ma sœur, qui avait cinq ans de plus que moi, à commencer à m’emmener à la Meinau. C’était l’époque de Luyindula, Ljuboja, Niang, Pagis… On avait une attaque de feu tous les ans, jusqu’à ce qu’on descende. À partir de ce moment-là, j’ai laissé tomber les jeux vidéo pour être à fond dans le vrai foot.

En Alsace, ce n’est pas comme en Bretagne, où les gens ont le choix entre Guingamp, Rennes, Brest, Lorient, etc. En Alsace, il n’y a que Strasbourg.

Comment expliquez-vous que Strasbourg soit autant une ville de foot ?Greg : Cela vient des villages alentour, qui ont tous leur club de foot, où chacun inscrit ses enfants. Les parents viennent voir les matchs de leurs gamins le dimanche, puis les emmènent à la Meinau, et cela se transmet de génération en génération.Lio : Et puis le club a un passif. Il y a un titre de champion de France, des coupes… Même lorsque le club était en National ou en Ligue 2, il y avait du monde au stade. Le Racing est une véritable institution, à Strasbourg.Greg : Je me souviens être allé voir un Red Star-Strasbourg à Saint-Ouen, lorsque je suis arrivé à Paris. Il y a eu une galère à l’entrée du stade, on ne pouvait pas entrer. Et c’est Marc Keller lui-même qui est venu demander aux stadiers de nous laisser entrer. Là, je me suis dit : « OK, le mec aime vraiment le club et ses supporters. » C’était un acte fort, de sa part. Grâce à cet amour que les dirigeants ont pour le club, il y a toute une région qui est derrière l’équipe.

Vous avez joué au foot, lorsque vous étiez enfants ?Lio : J’ai fait les stages Leonard Specht, quand j’avais sept ou huit ans. Et j’en garde un super souvenir. Leonard Specht, c’est quelqu’un d’hyper important, dans la région. Il fait partie de l’équipe de Strasbourg qui a été championne de France en 1979.

Comment expliquez-vous toute cette ferveur autour de l’équipe, alors qu’elle n’a gagné qu’un seul titre ?Lio : Attention, on n’a gagné qu’un titre, mais on a quand même remporté plusieurs trophées.Greg : Carrément. Je me souviens très bien de cette finale de Coupe de la Ligue qu’on gagne contre Bordeaux, au Parc des Princes, en 1997. Et la finale de Coupe de France de 2005, contre Amiens, avec Chilavert qui met son tir au but.Lio : En Alsace, ce n’est pas comme en Bretagne, où les gens ont le choix entre Guingamp, Rennes, Brest, Lorient, etc. En Alsace, il n’y a que Strasbourg.

Dans l’histoire du Racing, quel joueur mériterait qu’on lui érige une statue ?Lio : On a eu de super joueurs de passage, comme Luyindula ou Ljuboja, mais pas vraiment de mecs emblématiques.Greg : Peut-être Marc Keller, qui a fait l’essentiel de sa carrière chez nous, et qui a ensuite redressé le club en tant que dirigeant. Ou Gilbert Gress. Mais on n’a pas eu de Francesco Totti.

Pour faire plus simple, quels sont les joueurs de Strasbourg qui vous ont le plus marqué ?Lio : Aleksandr Mostovoi, un numéro 10 qui pouvait autant marquer que faire des passes décisives.Greg : Peut-être Corentin Martins, un genre de Xavi version strasbourgeoise. Ce n’était pas le plus fort, mais il avait une putain de vision de jeu. Et physiquement, Habib Beye m’avait impressionné. Il était comme un ouf dans son couloir, il attaquait et défendait bien. Un mec qui faisait des ciseaux pour empêcher les ballons d’aller en touche, c’est pas rien.

On est comme le PSG : l’objectif, c’est la Ligue des champions. Mais si on peut gagner la Coupe de France, on le fait. On est toujours motivés. Si par bonheur on gagne ce soir, je serai tout aussi content que l’année dernière. Et même plus, parce que ce serait historique de la gagner deux années de suite avec deux artistes différents.

Vous rentrez tout juste de New York, où vous étiez nommés aux Grammy Awards pour le clip de Jain. C’était un peu votre Ligue des champions, et malheureusement, vous avez échoué en finale contre les gars qui ont réalisé HUMBLE., pour Kendrick Lamar. Pas trop déçus ? Greg : On était les challengers. Très sincèrement, on ne se faisait pas trop d’illusions, on savait que les Américains étaient assez chauvins. Être nommé était déjà une énorme surprise. Les Français qui l’ont été avant nous travaillaient avec des artistes américains. Donc pour des petits artistes français qui travaillent avec une artiste française, c’était incroyable, même si elle chante en anglais.


Kendrick Lamar a été fair-play, il est venu vous voir ?Greg : Ah non, c’était une finale sans échanges de maillots à la fin ! En fait, il y a deux cérémonies. La première avec toutes les récompenses techniques, avec des gens comme nous, retransmise uniquement sur internet, et la seconde avec toutes les stars, qui est le véritable show. Et les stars ne viennent qu’à la seconde cérémonie.Lio : Donc non, on n’a pas croisé Kendrick Lamar.

Ce soir, c’est le retour de la Coupe de France, avec les Victoires de la musique. Vous êtes confiants ?Greg : On est comme le PSG : l’objectif, c’est la Ligue des champions. Mais si on peut gagner la Coupe de France, on le fait. On est toujours motivés. Si par bonheur on gagne ce soir, je serai tout aussi content que l’année dernière. Et même plus, parce que ce serait historique de la gagner deux années de suite avec deux artistes différents.

En tant que réalisateurs, qu’est-ce que vous changeriez dans la manière dont les matchs sont filmés ?Greg : Je trouve que cela manque de gros plans, on rate des trucs, comparé à la NBA. On veut des gros plans sur les pieds, par exemple.

Les gens qui s’intéressent à la tactique se plaignent justement du manque de plans très larges, pour permettre de voir les différents déplacements…Greg : Il y en a quand même beaucoup, non ? Quand un mec court vers le but, on n’a jamais une caméra face à lui, dans la bonne position, qui va le suivre avec un dé-zoom arrière. En fait, avec tous les canaux disponibles, le téléspectateur devrait pouvoir choisir ses angles de vue. Des plans larges pour celui qui s’intéresse à la tactique, des gros plans pour celui qui regarde ça comme un pur spectacle. Après, le terrain est grand, ce n’est pas forcément facile de faire le point partout, ça va vite.

Le soir de la remontée de Strasbourg en Ligue 1, vous étiez en tournage en Afrique du Sud. Comment vous l’avez vécue ?Lio : On a regardé le match en streaming.Greg : Et après, on a expliqué la situation à notre directeur de production londonien. Il était supposé arrêter de fumer, il a clopé toute la soirée en fêtant ça avec nous.Lio : C’était une soirée assez folle, on ne s’est mis aucune barrière.Greg : Pour être clair, on s’est bourrés la gueule comme il fallait.

Un mec comme Mbappé est insupportable. « Ah, j’ai pris un rouge, je le mérite… » Mais ferme ta gueule ! Je préfère 1000 fois Barton, ou Zlatan qui regarde les maillots des mecs pour savoir comment ils s’appellent. C’est là que le foot devient un spectacle.

Vous avez une idole, dans le football ?Greg : Quand j’ai commencé à m’intéresser au foot, la star de mon jeu vidéo était Francesco Totti. Du coup, je m’étais toujours promis de le voir jouer une fois en vrai avant qu’il prenne sa retraite, et j’ai pu le faire l’année dernière. Il est entré un quart d’heure, j’étais content de le voir trottiner. C’était même un kif absolu. Et j’aime bien Aulas, aussi. J’ai toujours aimé les méchants. Et Aulas, c’est un méchant qui me fait bien délirer, comme Cristiano Ronaldo. Les personnages de sales cons ultra prétentieux sont super intéressants. On se ferait chier si tout était aseptisé. Comme tout bon film, le foot a besoin de méchants. Je ne pense pas que Cristiano soit le mec le plus talentueux de l’histoire du foot, mais il a travaillé comme un dingue pour arriver où il est, et le fait qu’il se la raconte, c’est génial. C’est la même chose pour Zlatan, qui manque à la L1. Ce mec qui clashait tout le monde, c’était génial. Le fair-play, c’est bien, mais il faut des trublions là-dedans. Un mec comme Mbappé est insupportable. Dans chaque interview, il félicite tout le monde. « Ah, j’ai pris un rouge, je le mérite… » Mais ferme ta gueule ! Je préfère 1000 fois Barton, ou Zlatan qui regarde les maillots des mecs pour savoir comment ils s’appellent. C’est là, que le foot devient un spectacle. Quand Fekir montre son maillot aux Stéphanois alors que Messi a fait la même chose, tout le monde gueule parce qu’on est en France et que tout le monde doit être mignon. Le seul truc intolérable dans le foot, ce sont les tacles assassins. Lio : Après, il y a l’arbitrage vidéo, qu’on a tous un peu réclamé à la suite des injustices. C’est en phase de rodage, il y a des couacs. On va mettre du temps à s’y habituer, mais je pense que finalement, ce sera une bonne chose.Greg : Ouais, mais les erreurs, c’est génial aussi. Se plaindre pendant des années parce qu’un but a été injustement accordé ou refusé, c’est beau. Les poteaux carrés de Saint-Étienne, qu’on considère comme une injustice, on en parlera toujours. C’est légendaire. Si tu rends tout parfait, tu vas tout perdre. Ce sont les imperfections qui rendent les choses belles.

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