Le football aussi a ses gros mots. Voyons s’ils s’adaptent au hip-hop. Est-ce que tu prends les rimes les unes après les autres ?
Mieux, je prends les morceaux les uns après les autres. Pour l’album, j’ai fait une sélection parmi les trente mots que j’ai traités la saison dernière dans le Before, et je les ai réenregistrés en studio. Chaque morceau est une ambiance qui correspond à un moment de ta journée ou de ta vie. Que ce soient des mots spécifiques aux journalistes, aux footeux ou aux flics, ils m’intéressent tous. Ce n’était pas un album prévu, ce sont les gens qui m’ont demandé pourquoi je ne sortais pas ces morceaux sur disque. Donc à force qu’on me pose la question, je l’ai fait.
L’important, c’est les trois punchlines ?
Plus, même s’il m’arrive de faire des morceaux sans punchlines. Dans ce cas-là, je me rattrape avec du son ou d’autres artifices.
Tu as mouillé le hoodie pour finaliser l’album ?
Le hoodie, la chemise, la veste, tout. Obligé.
Concernant Triptik, le groupe vit bien ?
Ouais, bien sûr. Imagine-toi que l’année prochaine, on va fêter les vingt ans de la création de Triptik. N’importe quoi. Quand Drixxxé (le DJ de Triptik, ndlr) m’a dit ça l’autre jour, j’ai pris un coup de bambou… Une fois par mois, je m’écoute notre premier album, Microphonorama, pour me souvenir.
Quel morceau de cet album de 2001 pourrait sortir aujourd’hui et être toujours d’actualité ?
Modestement, je dirais qu’il y en a plusieurs, mais le premier qui me vient à l’esprit, c’est « Panam » . Paris n’a pas tant changé que ça. Les relations entre les gens sont toujours les mêmes, il n’y a pas plus de lien social. La technologie a évolué, mais pas l’âme de la ville, ni la manière dont les gens se comportent. On vit les uns à côté des autres, mais on ne vit pas ensemble.
Un truc qui a changé à Paris, c’est l’équipe de foot. T’es supporter du PSG ?
Étant du 78, ouais, même si je suis plus basket. Les résultats du PSG m’intéressent, mais je ne regarde pas tous les matchs comme un ouf.
Il te plaît, ce PSG sauce qatarie ?
Ouais, parce que c’est du sport-spectacle, et je pense que le sport français en avait bien besoin. Dans le pays, on sent un regain de gnaque, grâce aux performances de nos sportifs. Tu regardes les performances des athlètes, des nageurs, des basketteurs, il se passe quelque chose. Aux derniers championnats d’Europe d’athlétisme, c’est la première fois que j’ai vu des Français pleurer parce qu’ils n’étaient pas premiers. Ça fait trop de bien ! Pareil pour les nageurs, ça fait tellement de bien de les écouter parler, surtout quand ils réalisent des performances à la hauteur de ce qu’ils avaient annoncé. La politique, en ce moment, c’est pas trop ça, donc heureusement qu’il y a le sport pour unir les gens.
Par contre, le football de club ne va pas très bien…
Ouais, peut-être, mais moi, je kiffe les équipe nationales. Je peux regarder un gros match de clubs, mais il n’y a jamais autant de ferveur que lorsque c’est ton pays qui joue. Je suis marqué par 98 à vie. Pendant six mois, les gens ont eu la banane dans le métro. J’aurais beau écrire toutes les punchlines que je peux, jamais je n’arriverai à créer ça.
T’as kiffé la Coupe du monde au Brésil ?
Ouais. Après la campagne de 2010, c’était bien d’avoir une équipe derrière laquelle on était tous.
Pourtant, la France n’a pas eu de si bons résultats que ça…
Non, mais Didier Deschamps a formé un vrai groupe, sans forcément prendre les meilleurs. Donc tout le monde s’est identifié à cette équipe, c’était chan-mé. Il n’y a que le sport pour transcender les gens comme ça.
Quel joueur des Bleus pourrait faire l’objet d’un de tes morceaux ?
Blaise Matuidi, il est né le même jour que moi. Je pourrais même faire un featuring avec lui. On réfléchirait à un truc qui lui correspond, je l’écrirais et il le rapperait. Il a l’humilité, l’endurance, il donne toujours le maximum. Je kiffe ce qu’il dégage sur le terrain. Cette simplicité, cette envie… Il est sincère, c’est un mec cool.
Les Gros Mots de Greg Frite, sortie le 27 octobre.
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