- Arrêt mythique
Greg’ Coupet superhéros du Nou Camp
Le 10 octobre 2001, Grégory Coupet se révélait sur la scène internationale avec un double arrêt complètement fou : une tête en arrière sur la transversale pour empêcher le CSC de Caçapa, enchaînée avec une claquette réflexe sur la tête de Rivaldo à bout portant. Il y a certes eu défaite à la fin pour les Gones, mais le match est resté dans la légende surtout pour ce coup d'éclat du Lyonnais, réussi dans le contexte très particulier de l'après-11 septembre.
« Si je m’en souviens ? Ah ah, ben oui forcément, ça a tellement fait parler… Je me rappelle que Jacek Bąk m’avait dit après que, même en Pologne, ça tournait en boucle. » « Ça » , c’est le double exploit taré réussi par Grégory Coupet le 10 octobre 2001, et c’est l’intéressé lui-même qui raconte le mieux ces quelques instants insensés qui figurent sur des dizaines de vidéos YouTube qu’on retrouve facilement en associant les mots clés « Coupet » et « Rivaldo » . « C’est Caçapa qui hérite du ballon, et Rivaldo arrive pour lui mettre la pression. Alors il doit réagir et tente la passe en retrait, sauf que le ballon est trop fort et en l’air. Je suis surpris sur le coup, avancé, je ne m’y attends pas. La seule chose à laquelle je pense quand je vais pour l’arrêter, c’est que c’est une passe en retrait et qu’il faut donc que j’essaie de le faire sans les mains. Il se trouve que je ne suis pas mauvais de la tête, alors je choisis cette option et je plonge. Le ballon tape la barre, y a un peu de chance… » Greg Coupet est tout aussi modeste s’agissant de se remémorer ce face-à-face qui vient tout de suite après avec le Ballon d’or 1999 : « Suite à mon premier arrêt, Rivaldo avait bien suivi et n’avait plus qu’à cueillir l’offrande. Il a une tête a priori facile à faire, mais je pense que c’était pas forcément son geste préféré, heureusement. Bon, il l’appuie bien quand même hein, mais j’arrive à revenir très vite sur mes appuis pour enlever le ballon. Ah ouais, ma vitesse d’exécution était pas mal à l’époque, j’en suis nostalgique ! »
Un match reporté à cause des attentats du 11 septembre
Nous sommes donc à l’automne 2001 au Camp Nou alors que se joue le troisième match de la phase de poules de la Ligue des champions. Autre ex-membre de l’effectif des Gones cette saison-là, Philippe Violeau n’a pas non plus trop de difficultés à faire émerger ce moment de sa mémoire. Il aurait dû le jouer, ce match au Camp Nou. Et pourtant, ce 10 octobre, il est absent de la feuille de match et est resté le regarder à la télé chez lui à Lyon. Explications : « Je m’étais blessé le week-end d’avant. Il manquait du monde : Juninho aussi, et Carrière. Mais à la base, ce match à Barcelone était programmé d’entrée en phase de poules, le 12 septembre, sauf que l’ensemble des rencontres ce soir-là ont été annulées par les instances. » La veille, c’est jour de catastrophe à New York. Dans la précipitation, décision est prise par l’UEFA de maintenir les matchs de C1 du mardi, même si personne n’a plus vraiment le football en tête à ce moment. C’est ainsi que Nantes bat à La Beaujoire le PSV ce 11 septembre funeste. Mais le lendemain, on reporte. « On avait appris la nouvelle (des attentats, ndlr) en arrivant à l’hôtel à Barcelone le 11, situe Violeau. On a quand même tout fait comme si le match allait avoir lieu, la reconnaissance du Camp Nou, tout ça… Et il me semble que la décision du report est arrivée tard. » « Une bonne décision, on n’avait vraiment pas la tête à jouer » , estime Coupet. C’est donc à domicile le 18 septembre que Lyon entame sa campagne par une défaite 0-1 face au Bayer Leverkusen, avant de se reprendre en allant gagner sur le même score sur la pelouse de Fenerbahçe. « Un début mitigé » , résume Violeau.
Arrive alors ce match à Barcelone, avec des absents au milieu de terrain, mais le retour de Sonny Anderson en attaque. « C’était notre star à nous » , estime Greg Coupet. Mais une star diminuée, qui joue à peine plus d’une période avant de céder sa place au jeune Luyindula. Dans cette équipe figurent aussi Govou, le regretté Foé, Edmilson, Deflandre ou encore Linarès. Ce dernier reste impressionné par l’adversaire : « T’avais Rivaldo bien sûr, et puis Kluivert, les Hollandais, De Boer, Cocu, Luis Henrique… Ça vaut bien le Barça d’aujourd’hui. » Il va d’ailleurs finir par l’emporter 2-0 avec deux buts inscrits en fin de match par Kluivert à la 78e, puis Rivaldo sur penalty à la 87e. « Rien à dire, on s’était fait dominer, poursuit Linarès. Et encore, Greg a bien tenu la baraque. Ce double arrêt ? Pfff, nous qui le côtoyions tous les jours, on savait qu’il était capable de ce genre d’exploits, alors on n’a presque pas été surpris de le voir réussir ce genre de choses. Mais je pense qu’il y a eu un avant et un après pour lui à ce moment-là. Ça l’a fait basculer au niveau international. » « Faut se rappeler du talent de Greg, enchaîne Violeau. Son dynamisme, sa réactivité, c’étaient ses forces, en plus de savoir répondre présent dans les grands rendez-vous. Il adorait ce genre de défi. » Ce que l’intéressé reconnaît : « Barcelone, c’était une autre dimension, mais on avait à cœur de faire du mieux possible. Bon, au final, on a perdu, mais ça reste quand même un souvenir marquant. »
Par Régis Delanoë