- Euro 2012
- Groupe A
- Grèce/Russie
Grèce, la vraie sortie de l’Euro ?
Ce week-end, la Grèce pourrait sortir deux fois de l’Euro. D’abord ce soir, si elle ne bat pas la Russie.
Pendant qu’un Samaras (Antonis), leader de la droite traditionnelle aux législatives de ce dimanche, promet aux Grecs de « sortir de la crise, pas de l’euro » , un autre (Georgios), attaquant du Celtic Glasgow, les prépare tout doucement à l’inverse sur les pelouses polonaises. Soyons clairs, le football grec n’a pas plus la côte que la bourse d’Athènes. Depuis 2004 et l’une des plus grosses surprises de l’histoire du football, c’est le néant. Pas de qualification pour la Coupe du monde 2006, trois défaites à l’Euro 2008, deux en Afrique du Sud et, à l’heure de disputer le dernier match de cette phase de poules face à la Russie, la Grèce pointe à la dernière place du groupe A, pourtant pas le plus effrayant. Il se pourrait bien qu’elle ait plus de chance de combler son déficit que de se qualifier pour les quarts. Car, pour prolonger l’aventure polono-ukrainienne, il lui faudra battre une des plus belles équipes de ce début de tournoi, la Russie d’Archavine et de la révélation Dzagoev, actuel meilleur buteur de l’Euro avec Mario Gómez (trois pions chacun).
Un jeu aussi austère que son économie
Il en faut plus, apparemment, pour impressionner Fernando Santos, le sélectionneur portugais des Hellènes, encore plus sûr de son équipe que l’entraîneur adverse, Dick Advocaat. « Nous serons ceux qui fêteront la qualification à la fin du match » , s’est-il autorisé. Ce soir, la Grèce doit gagner et la Russie ne pas perdre et, pourtant, ce sont bien les Russes qui feront le jeu. Parce que l’un comme l’autre ne savent pas faire autrement. « Nous devons oublier qu’un nul nous qualifierait. Il faut marquer. Un but, deux, tout ce que nous pouvons » , a prévenu Malafeev, le portier du Zénith. Les Grecs, eux, tenteront de contenir l’allant russe et d’en planter un ou deux en contre ou sur coup de pied arrêté, comme au bon vieux temps. Ils ont gagné un Euro en résistant successivement aux attaques espagnoles, françaises, tchèques et portugaises, donc, la stratégie, ils la connaissent. Niveau ambitions offensives, ils n’ont pas changé et, de toute façon, ils n’ont pas vraiment le choix. Karagounis, le dépositaire du jeu grec, c’est Valbuena avec dix ans de plus, et devant lui, c’est pas folichon.
L’esprit de révolte
Malgré tout, ce fol espoir maintient cette équipe grecque en vie et laisse le doute planer dans les esprits russes. Ils ont certes fait deux bons matchs, mais, en ratant celui-ci, ils pourraient y passer. Et ne pas passer. D’autant que dos au mur, les hommes de Santos ont déjà montré qu’ils y tenaient vraiment, à rester dans l’Euro. Match d’ouverture face à la Pologne, avec tout un stade et un arbitre contre elle, menée au score et réduite à dix, la Grèce se rebelle et sans un pénalty foiré par son capitaine, elle aurait remporté ce match. D’ailleurs, pour revenir à 2004, les futurs champions d’Europe s’étaient déjà qualifiés d’un rien pour les quarts de finale, avec 4 points et une meilleure attaque… que l’Espagne. Les temps changent. Charisteas n’est plus là pour aller mettre sa grande tête, mais, en ces temps difficiles, un autre miracle pourrait venir sauver la République hellénique. Et si tel n’était pas le cas, en prenant l’avion rapidement le lendemain, la sélection pourrait arriver en Grèce avant la fermeture des bureaux de vote. Et se donner une deuxième chance de rester dans l’Euro.
Par Léo Ruiz