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Grant, attention à la gueule de bois

Par Maxime Brigand
4 minutes
Grant, attention à la gueule de bois

Alors que le Ghana ouvre sa CAN ce mardi face à l'Ouganda, son sélectionneur Avram Grant est déjà sur la sellette après plusieurs mois de polémiques et mauvais résultats. Tout ça alors que les Black Stars se dégagent malgré tout comme favoris de cette compétition. Mais pourquoi tant de haine ?

La vie d’Avram Grant s’est toujours écrite ainsi : apprendre, sans être un grand meneur d’hommes, et découvrir, pour enrichir ses connaissances d’un métier qu’il a découvert probablement plus tôt que les autres. Gagner, celui qui a dirigé son premier groupe à dix-huit piges l’a aussi fait dans son pays, en Israël. Pour résumer, l’homme explique avoir voulu consacrer sa vie « à l’apprentissage de tout ce qu’il est possible d’emmagasiner en une existence » . Alors, sa carrière l’a mené sur les bancs des musclés de sa nation – le Maccabi Tel Aviv et le Maccabi Haïfa – avant de prendre les rênes de la sélection nationale pendant quatre ans. C’étaient les années 2000, celles où il a fallu ensuite filer en Angleterre pour gratter des sous et de l’expérience – via notamment une finale de Ligue des champions perdue à Moscou avec Chelsea en 2008 – avant de se mettre en difficulté. La difficulté, pour Grant, a surtout été l’école des cultures, celle où la politique vient foutre le bordel dans le foot comme à Belgrade où son premier match – un amical contre le Sepahan Ispahan – avait été annulé à cause de ses convictions religieuses. Puis, il y a donc le Ghana, depuis la fin du mois de novembre 2014 où il a été installé pour construire le futur du football d’un pays et « grimper la marche suivante » . À comprendre, celle du succès, celui qui fuit les Black Stars depuis 1982 et une CAN remportée en Libye. Le sacre, Grant l’a frôlé il y a maintenant deux ans en Guinée équatoriale où il a chuté en finale face à la Côte d’Ivoire quelques semaines après son arrivée. Depuis, l’histoire a tourné et on connaît la suite. Avram Grant est arrivé il y a quelques jours au Gabon avec une nouvelle ambition : sauver sa tête. Corsé.

L’homme à part

Mais que s’est-il passé pour que Grant débarque à cette CAN sur un siège éjectable ? Il y a eu les incompréhensions, d’abord. La principale critique qui touche le sélectionneur israélien est son absentéisme. Il n’y a qu’à revenir en mars dernier pour prendre la mesure de la colère de la Fédération et de ses bras armés. Par la voix de son porte-parole, Ibrahim Sannie Daara, la Fédération ghanéenne allume alors Avram Grant à quelques semaines d’un match décisif contre le Mozambique finalement remporté facilement (3-1). La raison ? Comme à son habitude, le bonhomme est retourné en Angleterre mener sa petite vie de consultant, laissant derrière lui l’observation du championnat local, ce qui n’est pas du goût de la GFA. Ibrahim Sannie Daara ordonne alors à Grant de ramener son cul au pays en le rappelant à sa mission de développement initiale. Longtemps, l’Angleterre s’est pourtant demandée comment il avait pu gratter à chaque fois des postes avec de telles responsabilités. Tout simplement parce qu’au-delà du manager reconnu, il y a un homme difficile à cerner, mi-voyou, mi-savant, que le Ghana a donc découvert. Jusqu’au début de l’année 2016, la romance était en route. Depuis, elle a commencé à se briser, replongeant le foot du pays dans ses doutes. Au moment où une génération dorée doit maintenant s’imposer pour passer à la postérité.

Le fil du rasoir

Les résultats, maintenant, car c’est finalement avant tout là-dessus qu’un sélectionneur est jugé. C’est aussi l’autre problème de Grant car après une campagne de qualifications pour la CAN tranquille, le Ghana s’est roulé dans les incertitudes de celle qui doit le mener à la Coupe du monde 2018. Après deux rencontres, les Black Stars comptent déjà cinq points de retard sur l’Égypte, victorieuse de leur confrontation début novembre (0-2). L’autre match a été le théâtre d’un nul sans saveur face à l’Ouganda (0-0) qui a également déclenché une guerre des mots entre Grant et le sélectionneur des Cranes, Milutin Sredojević. Le Serbe avait alors expliqué après la rencontre « tout connaître » du Ghana et de la stratégie de Grant. Parfait, les deux cerveaux auront l’occasion de s’expliquer lors de cette CAN dès mardi. La première marche du sauvetage d’Avram Grant ou le premier pas de côté vers une chute que la presse locale attend malgré le statut de favori du pays. Si le Ghana doit s’imposer, c’est maintenant, même sans Boateng et Muntari – toujours écartés – et sans Waris. Pour ça, la fille de Grant lui a conseillé de garder sa barbe, histoire de porter chance. Reste à savoir quand sera porté le premier coup de rasoir.

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Par Maxime Brigand

Propos d'Avram Grant tirés du Guardian.

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