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Grâce à Martial, l’odyssée des Ulis continue
Le transfert record d'Anthony Martial fait des heureux : Louis van Gaal, Vadim Vasilyev, Jean-Michel Aulas, mais aussi le club amateur des Ulis, où il a fait ses débuts. Entre fierté et gains financiers, l'avenir du club essonnien s'annonce rayonnant.
Le jour le plus long a rarement aussi bien porté son nom. Lundi 31 août : dernière journée du mercato estival, dernière occasion pour Jorge Mendes de se faire du biff, dernière opportunité pour la Premier League de racheter la Ligue 1. Hier, aux alentours de midi, les médias d’outre-Manche annoncent qu’Anthony Martial, 19 ans, serait sur les tablettes de Manchester United. La somme évoquée que MU serait prêt à mettre : 50 millions d’euros. Et bien sûr, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre jusqu’au board des Ulis, commune de l’Essonne (91), en banlieue parisienne. « À ce moment-là, on s’interroge, mais on se dit que ça peut très bien être juste une rumeur » , explique Aziz Benaaddane, le directeur technique et pré-formateur d’Anthony Martial. Quelques heures plus tard, on parle d’un transfert à 80 millions d’euros (60 + 20 de bonus). Les sources fiables se multiplient. « À partir de là, on était comme des fous. Tout le monde était sur Facebook, sur Twitter, avec les ordinateurs, les tablettes, les téléphones. Le président, le trésorier, les entraîneurs, tout le monde appelait tout le monde pour avoir des nouvelles, jusqu’à ce que ce soit officialisé » , s’amuse Aziz Benaaddane.
Au moins 300 000 euros d’indemnités
Avec le mécanisme de solidarité mis en place par la FIFA depuis 2001, les clubs formateurs peuvent récupérer un pourcentage sur les transferts internationaux de leurs anciens joueurs. Ainsi, si le club des Ulis n’a pas touché un kopeck sur le transfert de Martial de Lyon à Monaco, il va mettre la main sur un pactole non négligeable grâce au mouvement de l’attaquant vers l’Angleterre. « J’ai vu que L’Équipe parlait d’une somme de 600 000 euros. Selon nos calculs, c’est moins que ça. On ne sait pas encore combien on va toucher, mais on pense à 300 000 euros pour l’instant, soit l’équivalent de deux budgets annuels » , explique le directeur technique.
De l’argent qui tombe à pic, car le club avait quelques soucis financiers depuis deux ans. « On peut dire qu’on a gagné au Loto, oui. Parce que, quand on a eu Anthony au club, on a vu tout de suite qu’il avait un potentiel incroyable, on savait qu’il aurait une grande carrière. Il pouvait traverser tout le terrain tout seul ! Mais on ne se doutait pas qu’il allait partir à 19 ans à United pour cette somme-là. Déjà, on pensait qu’il allait rester plus longtemps à Lyon » , ajoute Aziz Benaaddane. La direction a déjà réfléchi à la manière dont elle allait l’utiliser. Le club essonnien va être un gagnant du Loto très ennuyeux. Pas question de flamber, tout dans l’investissement. « On va placer une part, et l’autre servira à investir dans l’humain et la logistique. On va engager plus d’éducateurs et mieux les former. On va aussi acheter du matériel pour nous faciliter la vie, les transports. Pourquoi pas un minibus. Bref, on veut investir dans la durée. Placer, puis investir » , rêve le pré-formateur de Martial, qui ambitionne de monter en CFA 2.
« On est très fier d’Anthony »
« Après, au-delà de l’aspect financier, on est surtout très, très content pour Anthony. » Depuis qu’il a quitté le club en 2009, Martial revient régulièrement dans sa ville d’origine, pour voir jouer son frère Dorian, qui joue encore aux Ulis, et son meilleur ami, éducateur des U15. Alors, avant de se réjouir des billets que va leur rapporter l’international français, les dirigeants des Ulis sont d’abord très fiers de la carrière que se trace le gamin de 19 ans. Surtout que selon Aziz Benaaddane, il ne fait aucun doute que Martial va réussir. « J’ai entendu dire que Rooney ne le connaissait même pas. Mais il va être bien content quand Anthony va exploser les défenses. Il adore surmonter les difficultés. Il a le bagage technique, et surtout mental pour réussir. Il a un mental de fou, comme tous les gamins qui sortent de chez nous » , assure-t-il.
Parce que oui, Anthony Martial n’est pas le premier gamin à sortir des Ulis. Thierry Henry, Patrice Évra ou encore Yaya Sanogo plus récemment sont passés par le club du 91. « Pour nous, l’important, c’est l’humain, c’est l’image des Ulis. Thierry Henry vient de chez nous, mais comme il est parti avant ses 12 ans, on n’a jamais gagné d’argent grâce à lui. Ça ne nous a pas empêché de faire la promotion de sa carrière. » Peu de clubs amateurs en France peuvent se targuer d’avoir trois internationaux français qui ont débuté chez eux. « On arrive à dégager des talents. C’est la conception de la ville qui veut ça, avec des terrains partout. On se dit qu’on est peut-être né sous la bonne étoile. » De quoi faire de beaux rêves après le jour le plus long.
Tous propos recueillis par Kevin Charnay