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Gourvennec : «Ne pas claironner»

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Gourvennec : «Ne pas claironner»

L'esthète Gourvennec a eu son diplôme d'entraîneur début mai. Le 17 mai, l'En Avant Guingamp le nomme comme successeur de Zvunka, pour sa première expérience chez les pros. Premier gros test ce vendredi contre son compère relégué, Strasbourg.

Guingamp-Strasbourg, 3ème journée de National, avec vous comme entraîneur de l’EAG, c’est un peu étrange, non ?

Disons que j’aurais préféré que ce soit en Ligue 2. Plus qu’étrange, en tout cas, ce n’était pas attendu et ce n’est pas un hasard. Ces deux clubs sont quand même descendus sur le plan sportif. En National, il y a beaucoup d’équipes amateurs qui sont habituées à lutter, conditionnées psychologiquement. On sait très bien qu’on va jouer 8 matches sur 10 où on va nous laisser le jeu et nous attendre très bas. Voilà. Strasbourg a peut-être plus d’arguments sur le plan du jeu mais ça reste un match de National. Il y aura juste moins d’incertitudes parce qu’on connaît plus les joueurs.

La semaine dernière, par exemple, Bayonne : c’était une plongée vers l’inconnu…

C’était plus compliqué. Je me suis imprégné avec mon staff de cette équipe-là. Après, faut le faire passer aux joueurs, pour qu’ils sachent où ils vont mettre les pieds, dresser un profil individuel des joueurs, qu’on les cerne bien vu qu’ils ne les ont jamais rencontrés en pro et puis un profil d’équipe. Là-dessus, on ne s’était pas trompé. Par contre, les joueurs ont touché du doigt ce qu’est un vrai match de National.

Si Guingamp était resté en L2, vous seriez ici ou pas ?

Oui, un peu avant la fin du championnat, le président Le Graët m’a contacté. Il m’a annoncé très tôt qu’il me voulait. Maintenant, le challenge, il est de remonter de National en Ligue 2.

Ces deux dernières saisons, vous étiez le coach de La Roche VF, niveau DH. En quoi votre métier d’entraîneur a changé avec les pros de Guingamp ?

Sur le fond, pas vraiment. Les principes tactiques, soit défensivement soit offensivement, sont les mêmes. Ce que je mets en place là, je l’ai fait à La Roche. Ce qui change, c’est le public. C’est-à-dire, d’un côté des joueurs amateurs qui bossent toute la semaine et qui ne s’entraînent que trois fois par semaine. Il y a leur famille qu’ils ne voient pas beaucoup parce qu’ils passent leurs temps, leurs soirées et leurs week-ends sur les terrains de foot. Alors que chez les pros, c’est leur métier. Y a moins de paramètres à prendre en compte, on a plus de temps. Cette semaine, on est quasiment à de la tactique sur trois séances, trois séances sur cinq. En amateur, déjà quand on en fait, il ne faut pas en faire longtemps parce que ça gonfle les mecs.

Le challenge guingampais est-il moins casse-gueule que celui de La Roche, où vous avez débuté ?

A La Roche, je retrouvais aussi un club avec un traumatisme de descente. Six ans avant mon arrivée, ce club était en National. Il fallait faire repartir un groupe de joueurs sur du plaisir à l’entraînement, sur de la cohérence tactique et sur un esprit de compet’. Cela a plutôt bien fonctionné même si on n’a pas accédé au niveau supérieur. Ici, c’est un peu la même configuration. Maintenant, je pense qu’on a aussi une qualité de joueurs, de groupe qui est très intéressante, dans un très bon club, avec des infrastructures, une qualité de travail et de fonctionnement qui est très bonne… une qualité qui serait la même si on était en Ligue 1.

En arrivant ici, qu’avez-vous trouvé de plus difficile ?

Pas vraiment le plus difficile, mais ce que je pouvais craindre, c’était d’avoir beaucoup de joueurs avec la tête ailleurs, ce qui était un peu le cas mais tous se sont mis dans le travail très vite. Du coup, ça m’a quand même enlevé une bonne épine du pied. On a fait un très bon stage, même ceux qui avaient des velléités de départ et qui depuis sont partis. Et puis, ce qui nous a aussi aidés, c’est qu’on a fait monter des jeunes, six nouveaux jeunes dont nos deux gardiens. Cela nous donne un peu plus d’insouciance, de gaz. Je pense que ça a dynamisé le travail de groupe.

Si Guingamp ne s’était pas présenté, vous seriez encore en Vendée ?

Même si je n’ai pas de plan de carrière, s’il avait fallu continuer à travailler pour La Roche, je le faisais. D’ailleurs, c’est ce que j’avais dit à mon président. Il y a le niveau dans lequel on évolue et il y a ce qu’on fait sur le terrain au quotidien. Ce qu’on construisait sur La Roche, et ce qui continue à se construire là-bas, reste de toute façon intéressant. J’avais de bonnes conditions de travail là-bas, j’avais un président super, un club sérieux, une très bonne qualité de formation. A La Roche, je me réalisais. Et je ne mesurais pas du tout l’envie que je pouvais générer chez des présidents d’autres clubs. Quand ça a été le président Le Graët, ben, je ne pouvais pas ne pas venir à Guingamp. Je n’ai parlé que foot, ballon et conditions de travail avec lui. Je n’ai pas parlé du tout de contrat ou quoi.

Vous avez reçu des coups de fil des techniciens ?

Oui, pas pour me conseiller mais pour me féliciter : Michel Le Millinaire au téléphone, Alain Thiboult, le CTD des Côtes d’Armor qui m’avait lancé en pro à Lorient, j’ai eu un message de Raynald Denoueix, Christian Gourcuff aussi. Il y aussi Jean-Paul Allard car je pense qu’il a été pour beaucoup dans ma venue à La Roche. Ce sont des gens qui comptent pour moi. Je pense que les gens sont satisfaits aussi de voir qu’on peut rebondir du milieu amateur vers le milieu pro.

En 2008, quand vous débutiez à La Roche sur Yon, vous donniez Claude Puel en référence française. C’est toujours le cas aujourd’hui ?

Par rapport à ce qu’il a construit à Lille, quand même, certainement. Il y en a d’autres aussi. Blanc a été une référence pendant trois ans. Il a su inculquer à ses joueurs l’esprit de compét’. Gourcuff est aussi un exemple. En fait, j’avais cité Puel parce que, selon moi, un entraîneur qui a valeur d’exemple est un entraîneur qui dure. Puel a duré à Lille et est en train de durer à Lyon, il y a Fernandez à Auxerre ou Gourcuff à Lorient, voire Correa à Nancy. On sait que c’est difficile comme métier. Et je suis assez admiratif des entraîneurs qui durent parce que c’est un métier où on peut vite s’essouffler, où on peut vite lasser son entourage, les joueurs. Durer, c’est quand même quelque chose d’intéressant, encore plus pour un jeune entraîneur comme moi.

Quelle est votre manière de fonctionner ici ? Vous déléguez ou pas ?

Je m’appuie beaucoup sur Eric Blahic. Il a travaillé avec Guy Lacombe, il connaît bien le club, il a aussi vécu la remontée de National avec Francis Smerecki. C’est quelqu’un d’expérience qui m’aide beaucoup dans le quotidien à travers les entraînements parce qu’il maîtrise ça parfaitement, à travers les matches aussi parce qu’il a beaucoup de matches derrière lui. Et puis il y a Ronald Thomas aussi avec les gardiens. On se complète bien et cela nous permet d’être efficaces. Pour le style, c’est à travers le discours, les convictions sur lesquelles on ne lâche pas. Mais bon, je démarre, je ne vais rien claironner, je vais faire… tout simplement faire.

Sur quels points vous êtes intransigeant ?

Sur les horaires, sur des consignes de jeu. A l’entraînement, si c’est deux touches en zone défensive et libre en zone offensive, dès qu’il y a trois touches en zone défensive, on ne dit pas « bon, la prochaine fois.. » , non ! Il y a une consigne, on l’applique et puis c’est tout. Je suis assez à cheval là-dessus, sur le plan tactique. C’est peut-être mon côté maniaque.

Pour l’instant, vous le sentez bien ce nouveau job à Guingamp ?

Ouais, je suis très content du travail accompli, je prends beaucoup de plaisir dans ce que je fais. Ça se passe bien sur le plan relationnel, sur le plan football, je pense que ça prend. Après, il n’y a que les résultats qui doivent valider ça. C’est un club très pro, très sérieux, avec une ferveur populaire importante. Pour moi, c’est vraiment l’endroit idéal pour démarrer.

Propos recueillis par Ronan Boscher

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