- C1
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- PSG-Real (1-2)
Gourcuff : « Une impression de fin cycle »
Sans club depuis son limogeage du Stade rennais en novembre dernier, Christian Gourcuff a suivi le huitième de finale PSG-Real chez lui, à Gâvres, dans le Morbihan. L'entraîneur breton analyse la contre-performance parisienne et déclare sa flamme à Marco Asensio.
Quel est votre premier sentiment après cette défaite 2-1 du PSG, synonyme d’élimination ?Étonnant, parce que Paris nous a habitués à autre chose. Il faut relativiser parce qu’entre des matchs de L1 et ce mercredi soir, ce n’est pas la même opposition, mais dans la maîtrise, la fluidité du jeu, c’était assez étonnant. Même par rapport au match aller. Dans la capacité collective des Parisiens, c’était frappant dès le départ.
Vous l’avez senti dès le premier quart d’heure que ça n’allait pas le faire ?Oui, car il y avait beaucoup de rushs individuels, mais pas cette fluidité qui fait la force de Paris tous les week-ends, ou auparavant en Ligue des champions.
Au match aller, Paris avait donné la leçon au Real dans la circulation du ballon. Là, le contraste était saisissant. Paris a eu du mal à récupérer. Le pressing que fait Paris, c’est lié à cette capacité de pouvoir faire circuler le ballon, de maintenir un bloc haut. Là, on a vu tout de suite des espaces.
Comment l’expliquer ?On ne peut pas s’empêcher de penser à l’absence de Neymar. Il donne confiance à l’équipe, modifie la donne dans le rapport de force avec l’adversaire. Même s’il procède beaucoup par des actions individuelles, il a cette capacité à créer le danger. Là, on a senti une équipe inoffensive.
Edinson Cavani n’a touché que neuf fois la balle en première période. On l’a rarement vu…
Non, il n’y avait pas de relations entre le milieu de terrain et les trois attaquants. C’était une équipe coupée en deux. Parce que la circulation du ballon ne permettait pas, justement, de le remonter. Di María – en dribbles –, Mbappé – plus en vitesse – ont procédé de manière individuelle sans relation avec les partenaires.
Quelle est la part de responsabilité de l’entraîneur, Unai Emery ?Le danger, c’est de miser une saison sur un match. Le jour où le match arrive, cela vous met une pression énorme. Et si vous êtes diminués… Même Verratti, je l’ai trouvé moins lucide dans la circulation du ballon.
Et on l’a aussi constaté quand il a pris son deuxième carton jaune, pour contestation, dès la 66e minute. C’est ce qui tue le match. C’est vrai qu’à ce moment-là, tout pouvait encore arriver, mais le déroulement de la rencontre ne le laissait pas présager…
Où est-ce que ça s’est joué ?Les deux buts du Real changent la donne. Paris était en position de force au match aller. Dans le dernier quart d’heure, il y a un changement psychologique. Mais lors de ce match retour, ils n’y étaient pas. Pastore, ses pertes de balle… À la fin, on voit une équipe complètement déstabilisée.
Qui est-ce qui vous a particulièrement plu du côté madrilène ?Asensio.
Et c’était déjà le cas au match aller – son entrée était déterminante. C’est un très bon joueur de foot : intelligent, collectif… Ce mercredi soir, il fait un grand match. Kovačić, également. En fait, ce qui a fait la différence entre le Real et le PSG, c’est le calme des Madrilènes dans la sortie du ballon.
Finalement, cela fait deux éliminations consécutives en huitièmes de finale de la C1. Un constat d’échec pour le PSG…Par rapport à l’année dernière, c’est très différent. Autant contre le Barça, l’élimination, c’était un concours de circonstances, des trucs incroyables. Autant cette année, ça donne l’impression d’une fin de cycle, même si ça ne reste qu’un match. Sur le plan du jeu ou de la révolte, car il n’y en a pas eu.
Propos recueillis par Florian Lefèvre